Le 1 % des plus riches reste un club masculin

Par La rédaction | 11 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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une femme et un homme d'affaire courant chacun vers un tas de pièces. Celui de la femme est bien plus petit que celui de l'homme.
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Les revenus des femmes n’ont pas encore rattrapé ceux des hommes. Le sommet de la pyramide des revenus ressemble encore à un boy’s club, révèle une étude de Statistique Canada.

Les analystes de l’agence nationale de statistique ont décortiqué la rémunération annuelle des Canadiens sur une période de 40 ans, allant de 1978 à 2015. Ils ont constaté qu’en 2015, le groupe formant le 0,1 % des plus hauts salariés au pays (plus de 761 000 $ par année) ne comptait que 12 % de femmes. C’est trois fois plus qu’en 1978, mais le déséquilibre entre les sexes reste frappant.

« Au Canada, les hommes du palier supérieur de 0,1 % se comptent par dizaines de milliers, tandis que les femmes se comptent à quelques milliers », peut-on lire dans le document de Statistique Canada.

De fait, la majorité des femmes continuent de se situer dans le bassin des revenus les plus bas, où l’on retrouve également 90 % des Canadiens. Ce palier regroupe les personnes qui touchent en moyenne 44 000 dollars par année. Les femmes représentent ainsi un peu plus de la moitié des personnes de ce groupe. 

LENTE PROGRESSION

En quarante ans, la part des femmes au sein des groupes de revenus supérieurs a tout de même augmenté. Elles composent aujourd’hui un quart du groupe des revenus annuels de 137 000 dollars, alors qu’elles n’en représentaient que 7 % en 1978.

Le nombre de salariéss qui touchent en moyenne 350 000 dollars annuellement est, quant à lui, passé de 3 % à 17 %. 

L’écart de revenu entre les hommes et les femmes faisant partie de 90 % des salariés s’est fortement rétréci en quarante ans, passant de 40 % à 14 %. En 2015, le revenu annuel moyen des femmes de ce groupe s’établissait à 40 600 dollars, contre 48 600 pour les hommes, un écart bien moindre si on compare aux années 90 où le salaire des femmes de ce groupe s’établissait à 29 900 dollars, contre 47 000 pour les hommes.

C’EST AU SOMMET QUE ÇA SE PASSE

La sous-représentation des femmes dans les paliers supérieurs de revenu a empêché l’écart salarial global entre les genres de se réduire encore davantage, puisque les plus hauts salaires ont augmenté beaucoup plus fortement en quatre décennies que les bas salaires. Globalement, la moyenne de revenus des hommes a donc augmenté. « Cette croissance-là dans les échelons supérieurs a pu avoir contribué à expliquer l’écart salarial qu’on observe aujourd’hui », soutient René Morissette, économiste à Statistique Canada, dans un article de La Presse. 

Ce dernier ajoute que si les femmes étaient représentées au même degré que les hommes dans tous les échelons et dans l’ensemble de l’économie, l’écart des salaires entre les hommes et les femmes se rétrécirait considérablement.

« Si à l’intérieur de chaque industrie, on permettait aux femmes d’avoir la même représentation que les hommes dans les échelons élevés de revenus, l’écart serait aussi réduit, précise-t-il. Que l’on regarde pour l’ensemble de l’économie ou à l’intérieur de chaque industrie, ça donne pratiquement la même réponse. »

Les chercheurs de Statistique Canada ne se sont pas prononcés sur les causes de la sous-représentation des femmes dans les paliers de revenus supérieurs. Toutefois, leur analyse montre bien que pour refermer l’écart salarial entre les hommes et les femmes, il faudra qu’une plus grande part d’entre elles accède au sommet de la pyramide des salaires. 

La rédaction