Le cours du bitcoin manipulé via Google?

Par La rédaction | 10 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Bitcoin et autres cryptomonnaies
Photo : tuahlensa / 123RF

Le nombre de requêtes effectuées sur Google avec l’abréviation du bitcoin (BTC) a littéralement explosé depuis la fin du mois août, ce qui laisse supposer une tentative de manipulation des cours, rapporte l’Agence France-Presse.

Entre les 29 et 31 août, l’intérêt suscité par la cryptomonnaie a ainsi été multiplié par 50, selon Google Trends, cité par l’AFP. Et durant la première semaine de septembre, le nombre de recherches a également été près de 10 fois supérieur au précédent record enregistré en décembre 2017, lorsque la monnaie virtuelle avait battu tous les records en atteignant la barre des 20 000 dollars américains.

L’agence de presse souligne que ce chiffre est « très étonnant dans la mesure où le nombre de recherches effectuées sur le moteur de recherche de Google a tendance à suivre l’évolution des prix, plutôt stables depuis plusieurs semaines ».

LE TERME « BTC » A SUPPLANTÉ CELUI DE « BITCOIN »

Analyste pour la firme Arcane Crypto et auteur d’un article récemment publié dans la revue en ligne norvégienne Kryptografen, Bendik Norheim Schei estime que ce phénomène relève fort probablement d’une tentative de manipulation du marché. Selon lui, une série de faits montre que cette hypothèse est la plus vraisemblable. Ainsi, le très fort accroissement des requêtes dans le moteur de recherche concerne le seul terme de « BTC », alors que le mot « bitcoin », habituellement beaucoup plus demandé, n’enregistre pas le même regain d’intérêt puisqu’il a été 10 fois moins tapé qu’en 2017.

Sur la base des données publiées par Google Trends, Bendik Norheim Schei note par ailleurs qu’un pic de recherche peut être observé dans plusieurs pays et se produit systématiquement en pleine nuit, et ce, tous les jours à la même heure.

« Dans le milieu de la finance, certains algorithmes surveillent les tendances Google pour se positionner automatiquement, et des hackers pourraient donc chercher à faire grimper les cours à l’aide de recherches bidons », rappelle pour sa part l’AFP.

Après une année 2018 plutôt morose, le bitcoin a retrouvé des couleurs depuis ces derniers mois. Malgré les récents déboires de la Libra de Facebook, les cryptomonnaies semblent d’ailleurs susciter un engouement de plus en plus fort au sein même de la planète finance. L’actuel gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a même récemment proposé leur adoption pour remplacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale.

VERS L’INSTAURATION D’UNE MONNAIE MONDIALE?

« Les développements aux États-Unis ont des répercussions importantes sur les performances commerciales et les conditions financières des pays, même avec une exposition directe relativement limitée à l’économie américaine », a déclaré Mark Carney lors d’une intervention à une conférence de banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming). Et le dirigeant en a profité pour appeler ses homologues à « modifier les règles du jeu ». Pour mettre un terme à la suprématie du dollar, le gouverneur de la Banque d’Angleterre a évoqué une monnaie virtuelle qui pourrait ressembler à la Libra.

Interrogé par l’AFP, Philippe Waechter, directeur de la recherche à Ostrum Asset Management, croit cependant que si Mark Carney a cité en exemple le seul projet de cryptomonnaie de Facebook, c’était avant tout « pour ne pas mentionner le bitcoin », assimilé dans le grand public à une forte volatilité.

Contrairement à ce dernier, la Libra est en effet adossée à un panier de devises réelles. Toutefois, ajoute l’agence de presse, le gouverneur de la Banque d’Angleterre ne considère pas pour autant que la future monnaie de Facebook puisse servir de base au système monétaire international. L’alternative au dollar qu’il suggère repose plutôt sur une « monnaie hégémonique synthétique », qui serait « fournie par le secteur public ».

Plusieurs obstacles s’opposent néanmoins à la réalisation d’un tel projet, notamment le manque de précisions techniques concernant son mode de fonctionnement, insiste l’AFP. « Mark Carney ne dit rien là-dessus, on ne sait pas qui le gérerait », note Agnès Benassy-Queré, chercheuse à l’École d’économie de Paris. Celle-ci considère d’ailleurs sa proposition comme étant « la résurrection d’un vieux rêve », à savoir celui d’instaurer une monnaie mondiale.

La rédaction