Le coût de l’amour illustré

Par Julie Perreault | 13 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Adyna / istockphoto

À l’approche de la Saint-Valentin et de la date butoir pour cotiser à son REER, le moment ne saurait être mieux choisi pour découvrir le récit du troisième opus de la série Lire et Tirelire, qui aborde le coût de l’amour et la manière dont on peut atténuer les répercussions fiscales d’une augmentation de revenus une fois en ménage.

Dans le cadre de sa pratique de planificateur financier et fiscaliste, Charles Hunter-Villeneuve a été marqué par le récit de vie de plusieurs épargnants, dont celui d’un de ses clients s’est vu amputer par le fisc d’un montant frôlant les 100 000 $ provenant d’un héritage légué par son père. Sans compter les (trop) nombreuses personnes rencontrées dans le cadre de son travail qui ignoraient totalement l’existence des régimes enregistrés d’épargne-études (REEE) et des généreuses subventions qui les accompagnent.

Ou encore, cet article paru il y a quelques années, qui relatait qu’une femme avait renoncé à déménager avec son nouveau conjoint à cause de l’immense perte en prestations gouvernementales qu’elle allait subir. Pour ce planificateur financier, ces histoires méritaient d’être racontées. C’est donc ainsi que l’auteur a choisi d’aborder la question du coût de l’amour et des « remèdes fiscaux » pour en diminuer les effets négatifs pour son troisième titre. Il nous explique ce qui a motivé son écriture.

Philippe Letang, planificateur financier et héros de la série Lire et Tirelire, se présente à un rendez-vous galant avec l’amour de sa vie, Constance. Inspiré par la pièce de théâtre à laquelle ils viennent d’assister, Philippe explique à Constance l’impact fiscal parfois négatif des parents monoparentaux qui décident de se remettre en ménage. Or, ce dernier ne se doute pas que sa flamme a eu un enfant durant les années qui ont séparé leurs retrouvailles. Décideront-ils malgré tout de se donner une chance?

Conseiller : Pourquoi avez-vous choisi la bande dessinée comme médium?

Charles Hunter-Villeneuve (CHV) : Les images viennent davantage chercher les émotions. La bande dessinée permet aussi d’utiliser l’humour, ce qui aide à mieux véhiculer le message. Par exemple, il y a plusieurs références cachées dans le livre.

Entre autres, sur la couverture, on peut voir un électrocardiogramme. Toutefois, ce n’est pas l’activité électrique du cœur que l’on voit, mais plutôt les courbes de Claude Laferrière. Pour rendre hommage à certains de mes enseignants qui m’ont inspiré, j’ai aussi nommé des personnages en modifiant un peu leur nom, à l’instar du Dr Godboukin, en l’honneur de Luc Godbout. Il y a d’ailleurs beaucoup de jeux de mots et de doubles sens dans le livre.

Conseiller : Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir la fiscalité pour ce 3e tome?

CHV : Les Québécois laissent beaucoup d’argent sur la table. Je voulais illustrer un problème particulier, soit les répercussions fiscales d’une augmentation de revenu. Malheureusement, encore aujourd’hui, ce sont souvent les mères monoparentales qui sont durement affectées, d’où le choix de mon récit. Au Québec, 30 % des familles avec enfants sont monoparentales et il y a trois fois plus de mères seules que de pères monoparentaux.

La majorité de celles-ci se retrouvent coincées dans une « trappe de pauvreté » lorsque leurs revenus augmentent puisqu’en gagnant plus, elles ne sont plus admissibles à certains crédits et subventions gouvernementaux. Certaines personnes hésitent d’ailleurs à se remettre en couple, car le résultat est le même étant donné que leur revenu familial augmente sans nécessairement que le nouveau conjoint ou la nouvelle conjointe contribue aux dépenses des enfants. C’est ce qu’on appelle le coût de l’amour et c’est la raison principale pour laquelle j’ai choisi le thème de la fiscalité pour ce tome.

Une autre de mes motivations est le fait que certaines règles fiscales datent d’au moins 100 ans. Il m’apparait évident qu’il serait temps de songer à les mettre à jour.

Conseiller : Est-ce difficile de traduire des concepts complexes en dessins?

CHV : Oui, c’est certain. Il y a eu beaucoup d’essais et d’erreurs afin de trouver une histoire qui allait être en mesure d’expliquer des propos financiers arides. De plus, il n’y a pas beaucoup d’espace dans une bulle de bande dessinée. Il a fallu réduire le texte et cela a été assez complexe d’en arriver à un message suffisamment universel. Pour savoir si j’ai atteint mon objectif avec mon texte, je le fais lire à mes parents, qui n’ont que des connaissances sommaires en finance. Si le message ne passe pas, je retourne alors à l’écriture.

Conseiller : De quelle manière les conseillers peuvent-ils se servir de votre bande dessinée pour leur pratique ou auprès de leurs clients?

CHV : Puisque la bande dessinée est divisée en deux parties – l’une sous forme de texte et l’autre illustrée – la compréhension du contenu s’en trouve facilitée. Personnellement, lorsque j’ai débuté ma pratique, j’aurais aimé avoir une telle publication pour m’aider.

Je me rappelle que suivant la publication du premier livre en 2016, plusieurs collègues en ont conservé un exemplaire dans leur bureau pour le consulter ou le montrer à leurs clients afin de les aider à mieux comprendre. La bande dessinée a aussi cet avantage d’avoir un langage moins guindé qui rejoint plus facilement les gens.

Conseiller : Prévoyez-vous publier un 4e tome?

CHV : La création d’une bande dessinée exige beaucoup de temps et d’énergie. Il était certain que je voulais faire une trilogie. Mais ce n’est pas dit que je ne ferai pas une autre bande dessinée qui pourrait peut-être aborder les assurances ou les placements… ou les deux! Rien n’est coulé dans le béton, je laisse cette porte ouverte.

Charles Hunter-Villeneuve, Lire et Tirelire – Rendez-vous fiscal, BouquinBec, 2019, 70 pages.

Julie Perreault