Le dilemme de la Banque du Canada 

Par La rédaction | 26 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : 123RF

L’importance des décisions de la Banque du Canada sur l’économie du pays n’est plus à démontrer, mais la vénérable institution pourrait bientôt faire face à un dilemme entre la stabilité économique et l’appui aux ménages très endettés, rapporte Gérard Bérubé, dans Le Devoir.

Celui-ci nous ramène à la présentation faite le 22 novembre dernier par Carolyn Wilkins, première sous-gouverneure à la Banque du Canada (BoC), lors de la Conférence sur le logement de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL). Au Canada, le marché immobilier est sous surveillance depuis longtemps en raison de la flambée des prix qui ont marqué plusieurs marchés comme Vancouver et Toronto, et de l’endettement hypothécaire très prononcé de plusieurs ménages canadiens.

Malgré le ralentissement de la flambée des prix au cours de la dernière année, ceux-ci ont tout de même augmenté de près de 40 % en trois ans dans la région de Toronto et de plus de 55 % dans la région de Vancouver.

La banquière a réitéré sa confiance dans la synchronisation des politiques de la BoC et du gouvernement fédéral visant à refroidir le marché immobilier canadien. Les nouvelles mesures, telle la modification des règles de l’assurance hypothécaire pour les emprunts à ratios prêts/valeurs élevés, généreraient des prêts de meilleure qualité et ralentiraient le marché du logement. 

MOINS DE CRÉANCES À RISQUE

Ces propos sont appuyés par une analyse des modifications récentes des politiques sur le marché hypothécaire canadien, disponible sur le portail de la BoC depuis le 14 novembre. On y découvre les bons résultats de la combinaison d’un resserrement des règles hypothécaires et de la hausse du loyer de l’argent. 

La proportion de nouveaux prêts à des emprunteurs pour lesquels cette dette représente plus de 4,5 fois le revenu annuel a chuté de 20 % au quatrième trimestre de 2016, à 6 % au deuxième trimestre de 2018. Du deuxième trimestre de 2017 au deuxième trimestre de 2018, le nombre de nouveaux prêts de ce type a diminué de 39 %. Une bonne chose, selon la BoC, car ces emprunteurs sont particulièrement vulnérables lorsque l’économie prend un tournant défavorable ou que les taux grimpent considérablement.

Les ratios de la plus grande part des prêts hypothécaires se situent maintenant entre 250 et 450 %. La BoC rappelle bien sûr que de s’approcher du 450 % présente des risques. Ainsi, « le taux moyen contractuel des prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans étant passé de 2,7 à 3,3 % au cours de la dernière année, la proportion de nouveaux emprunteurs fortement endettés […] a diminué, passant de 18 à 13 % », rappelle la BoC.

L’ENDETTEMENT RESTE DANS LE COLLIMATEUR

Ce qui ne veut pas dire que l’endettement des ménages disparaît du radar de la BoC. Trop de ménages dépendent encore de finances vulnérables à une conjoncture économique défavorable. Or, la bonne santé actuelle de l’économie ne sera pas éternelle. En cas de ralentissement, il ne faudra pas compter sur la BoC pour revenir en arrière et diminuer ses taux. Cela aurait pour effet de déstabiliser l’économie en faisant flamber les prix de l’immobilier et en favorisant une augmentation des emprunts. Entre la stabilité de l’économie et l’endettement des ménages, la banque centrale semble bien avoir fait son choix : priorité à l’économie. 

Les ménages ont donc intérêt à réduire leur endettement de manière à pouvoir composer avec un taux directeur qui pourrait bientôt se situer à entre 2,5 % et 3,5 %. Actuellement, il est à 1,75 %. 

Vos clients sont-ils vulnérables à la remontée des taux?

La rédaction