Le marché de l’habitation va « se modérer »

Par La rédaction | 6 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Igor Zakharevich / 123RF

Les mises en chantier d’habitations et les ventes de logements existants seront soutenues au Québec, mais le ralentissement de la croissance économique et la hausse des coûts d’emprunt modéreront l’activité jusqu’en 2020, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Dans son rapport 2018 sur les perspectives du marché de l’habitation au pays diffusé mardi, la SCHL indique que sur les marchés canadiens, les mises en chantier et les ventes « devraient se modérer », tandis que les prix « devraient s’établir à des niveaux plus en phase avec les facteurs économiques fondamentaux, comme la croissance du revenu, de l’emploi et de la population ».

Selon les perspectives établies par la société d’État, les mises en chantier d’un océan à l’autre se chiffreront entre 193 700 et 204 500 l’an prochain, « suivant ainsi une tendance à la baisse qui touchera à la fois les maisons individuelles et les logements collectifs ». De leur côté, les ventes devraient s’établir entre 478 400 et 497 400 unités, tandis que les prix moyens seront compris entre 501 400 et 521 600 dollars.

RELÂCHEMENT SUR LE MARCHÉ DE LA REVENTE

Plus précisément, le rapport anticipe que les mises en chantier devraient ralentir graduellement de 2018 à 2020 par rapport à leur sommet de 2017, le plus haut en 10 ans. « Leur nombre s’établira à des niveaux qui seront plus en phase avec la modération des perspectives économiques et la conjoncture démographique », écrit la SCHL. Celle-ci précise que si le revenu, l’emploi et la création de ménages continueront de soutenir la construction résidentielle, ces facteurs fondamentaux verront néanmoins leur croissance ralentir. Ainsi, d’ici à 2020, les mises en chantier d’habitations se rapprocheront davantage des moyennes à long terme.

Concrètement, « la croissance du produit intérieur brut et du revenu des ménages devrait se replier et se stabiliser à des niveaux plus soutenables », tandis que « la croissance démographique continuera de stimuler la construction résidentielle », tout en étant plus lente que durant les années passées. De plus, la remontée graduelle des taux hypothécaires attendue « entraînera une modération de la demande de logements et un relâchement des conditions sur le marché de la revente ».

Parmi les facteurs susceptibles de remettre en causes ses prévisions, la SCHL dit « continuer de percevoir un risque lié aux tensions commerciales », même si le récent accord commercial avec les États-Unis et le Mexique « devrait accroître la confiance des entreprises, les investissements, l’emploi et les revenus » et pourrait donc « favoriser la demande de logements et faire croître les mises en chantier ». Malgré cette touche d’optimisme, la société d’État relève que « les tensions commerciales se sont accrues récemment à l’échelle mondiale, ce qui augmente le risque que les économies du Canada et d’autres pays performent moins bien que prévu ».

GARE AU SURENDETTEMENT DES MÉNAGES

La SCHL estime également que, outre les incertitudes liées à la conjoncture internationale, le surendettement de nombreux ménages au pays, qui accroît leur vulnérabilité aux fluctuations économiques, présente aussi un risque pour l’activité sur le marché de l’habitation. « Si les taux d’intérêt ou les taux de chômage devaient augmenter plus que prévu, les ménages très endettés pourraient être obligés de limiter encore davantage leur consommation, ce qui exercerait des pressions à la baisse sur l’économie », met en garde l’agence fédérale.

« Ce que nous retenons surtout de nos perspectives cette année, c’est la modération de l’activité qui s’annonce sur les marchés de l’habitation du Canada en 2019 et 2020. Les mises en chantier d’habitations devraient diminuer par rapport aux niveaux plus élevés que nous avons observés récemment. Selon nos prévisions pour les deux années à venir, les ventes de logements existants resteront inférieures au sommet récent, tandis que les prix s’établiront à des niveaux plus en phase avec les facteurs économiques fondamentaux comme la croissance du revenu, de l’emploi et de la population », résume Bob Dugan, économiste en chef à la SCHL.

La rédaction