Le « shadow banking », poids lourd planétaire

Par La rédaction | 10 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : ugurhan / istockphoto

Le secteur bancaire parallèle a poursuivi sa croissance en 2018, mais à un rythme cependant moins soutenu que durant les années précédentes, indique La Tribune de l’économie.

En termes de valeur monétaire, le shadow banking a désormais franchi la barre des 51­ 000 milliards de dollars américains, selon les données d’un rapport (en anglais seulement) publié le mois dernier par le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, ou FSB), cité par le quotidien économique français.

Ce marché de la « finance de l’ombre », qui échappe en grande partie au contrôle des superviseurs, a ainsi augmenté de 1,7 % en l’espace d’un an, ce qui représente un rythme « considérablement moins rapide » que lors de la période 2012-2017. Durant ces cinq années, son rythme moyen de croissance annuelle avait en effet atteint 8,5 %, relève le document du FSB.

14 % DU TOTAL DES ACTIFS MONDIAUX

Malgré tout, souligne le rapport, le shadow banking représente aujourd’hui environ 14 % du total des actifs gérés par le secteur financier de la planète. Le Comité de stabilité financière mentionne que les chiffres qu’il a divulgués concernent uniquement les activités « des institutions financières non bancaires répertoriées par les autorités comme étant impliquées dans l’intermédiation de crédit » et « pouvant poser des risques de stabilité financière ».

La Tribune rappelle au passage que cet organisme international, créé lors de la réunion du G20 à Londres en 2009, regroupe quelque 26 autorités financières nationales (banques centrales, ministères des Finances, etc.). Et que sa mission initiale consistait à « mener à bien une réforme du système financier après l’onde de choc déclenchée par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers ».

Après avoir perfectionné ses outils de recherche et d’analyse, le FSB est aujourd’hui en mesure de suivre les circuits de financement non bancaire dans 29 pays ou entités juridiques, représentant 80 % du produit intérieur brut mondial.

Dans sa définition la plus large, le shadow banking pèse quelque 184 000 milliards de dollars, soit, dans ce cas, près de la moitié (48 %) du total des actifs financiers de la planète. À ce sujet, le quotidien économique Les Echos rappelait l’an dernier que le gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas responsable du comité des vulnérabilités au sein du FSB, Klaas Knot, estimait que ce secteur jouait « un rôle de plus en plus important dans le système financier », ce qui obligeait les autorités à « rester vigilantes quant aux risques [qu’il faisait peser] sur la stabilité financière » mondiale.

LA CHINE, POIDS SUPER LOURD DU SECTEUR

Malgré tout, souligne La Tribune de l’économie, le terme de shadow banking ne désigne pas nécessairement un univers occulte ou illégal. « Ses composantes peuvent être régulées ou non, mais quand elles le sont, la réglementation appliquée diffère de celle des banques, alors que leurs activités sont proches », résume le quotidien économique. La Banque de France note toutefois sur son site que ce secteur est « difficile à cerner, car il recouvre des structures complexes et échappe parfois au contrôle du superviseur ».

Selon les derniers rapports du FSB, la Chine est devenue, en l’espace de quelques années, l’un des principaux poids lourds du shadow banking, un terme que le Conseil a d’ailleurs choisi de ne plus employer en raison de son aspect négatif dans l’opinion publique. Désormais, l’organisme utilise donc plutôt l’expression « intermédiation financière par des non-banques » (non-bank financial intermediation). Toutefois, malgré ce changement de vocabulaire, les observateurs s’accordent pour estimer que le contenu et les tendances de fond de cet univers demeurent les mêmes.

Concrètement, l’empire du Milieu concentre ainsi à lui seul 8 254 milliards de dollars américains dans ce secteur, tandis que les îles Caïmans (5 388 G$ US), l’Irlande (2 800 G$ US) et le Luxembourg (3 564 G$ US) en sont les autres principaux acteurs. À eux quatre, ces pays représentent les deux tiers de la finance de l’ombre.

La rédaction