Le variant Omicron aura un impact économique 

Par La Presse Canadienne | 30 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le variant Omicron pourrait forcer le ministère des Finances à réviser ses projections pour 2022, mais le ministre Eric Girard n’a pas voulu s’avancer sur les changements possibles à ses hypothèses, lundi.

« Il n’y a pas de croissance économique s’il n’y a pas de sécurité sanitaire, a admis le ministre lors d’une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). C’est une condition nécessaire à la croissance économique. »

Eric Girard a dévoilé sa mise à jour économique jeudi dernier. Les inquiétudes concernant le variant Omicron se sont intensifiées depuis. Les marchés boursiers mondiaux ont reculé, vendredi dernier, tandis que le S&P/TSX effaçait 500 points et que le prix du baril de pétrole chutait de 13 %. La situation s’est tempérée à la Bourse de Toronto, lundi, tandis que l’indice vedette a repris 23 points, ou 0,11 %, à 21 149 points.

Le variant est déjà présent au Québec, a confirmé le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse plus tard dans la journée. Un cas a été détecté et la santé publique a aussi identifié 115 voyageurs provenant des pays africains considérés comme à risque.

DES PRÉVISIONS « PRUDENTES »

Pour 2022, le ministère des Finances a utilisé des hypothèses plus prudentes que celles du secteur privé, a souligné Eric Girard en point de presse. « On est conservateur avec notre prévision. S’il fallait la modifier, on le ferait au budget. »

Une réduction du rythme de la croissance économique de 1 point de pourcentage aurait un impact d’environ 1 milliard de dollars (G$) sur les revenus, selon une estimation « simplifiée » du ministre en point de presse.

Il faudra attendre environ deux semaines avant que les conclusions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les caractéristiques du nouveau variant soient connues, a-t-il dit lors de son allocution. « C’est très sérieux, on prend ça au sérieux. On y va avec la science et on va garder tout le monde informé de la situation. »

Entre-temps, le ministre a toutefois relativisé l’importance des inquiétudes à court terme sur les marchés boursiers. La baisse des marchés mondiaux de plus de 2 % vendredi ne veut pas dire qu’on s’en va en récession, tandis que le S&P/TSX est toujours en hausse de plus de 20 % depuis le début de l’année. « Alan Greenspan a déjà dit que le marché boursier avait prévu neuf des deux dernières récessions. On ne peut pas arrêter à chaque fois que le marché boursier est en baisse de 2 %. »

INFLATION ET RARETÉ DE LA MAIN-D’OEUVRE

Eric Girard a profité de son allocution pour présenter de nouveau les grandes lignes de sa mise à jour économique de jeudi dernier. Le gouvernement Legault a ajouté pour 10,7 G$ en nouvelles dépenses tandis que le déficit est moins élevé qu’anticipé.

Il a discuté, notamment, des nouvelles mesures visant à aider les familles moins nanties à composer avec l’augmentation du coût de la vie et de l’objectif de rattraper le PIB par habitant de l’Ontario.

Devant un auditoire d’affaires, le président de la CCMM, Michel Leblanc, a questionné le ministre sur la pénurie de main-d’œuvre. Dans sa mise à jour, le gouvernement a choisi de cibler cinq secteurs: la santé et les services sociaux, l’éducation, les services de garde éducatifs à l’enfance, le génie et les technologies de l’information et la construction.

La décision de se concentrer sur les services essentiels et les secteurs « stratégiques » a fait des mécontents parmi les entreprises qui se sentent oubliées par cette intervention.

Michel Leblanc a demandé à Eric Girard s’il n’y avait pas un risque de créer une distorsion dans le marché en n’aidant qu’un nombre limité de secteurs.

« Je ne pense pas qu’on questionne les secteurs qu’on a identifiés. Peut-être que d’autres auraient voulu être identifiés, a répondu le ministre. Ça coûte quand même 2,9 milliards $. Alors, on va s’assurer que toutes ces bourses et tous ces programmes soient efficaces avant d’en faire plus. »

La Presse Canadienne