Les femmes sont profitables à l’économie

Par La rédaction | 4 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Super-héroïne
Photo : kho / 123RF

Un récent dossier du Fonds monétaire international (FMI) montre que laisser les femmes prendre leur place dans l’économie pourrait faire augmenter les PIB nationaux de 10 à 35 %. 

Combler l’écart entre les hommes et les femmes sur le marché de l’emploi permettrait des gains de 10 % du PIB en moyenne dans les pays développés, selon le FMI. Cette croissance pourrait grimper à 35 % dans les pays où l’inégalité entre les hommes et les femmes sur le marché de l’emploi est la plus marquée présentement.

En ce moment, seulement la moitié des femmes en âge de travailler dans le monde occupent un emploi, contre 80 % des hommes, rappelle Le Devoir, dans un article portant sur les conclusions du FMI. En plus de ce gaspillage de main-d’œuvre, il y a les inégalités salariales. En moyenne, les femmes touchent des revenus d’emploi inférieurs de 25 % à ceux des hommes.

Par ailleurs, le FMI note aussi la surreprésentation des femmes dans l’économie informelle, où elles vivent des conditions de travail plus précaires. Elles se retrouvent aussi au premier plan dans les tâches non rémunérées, comme s’occuper des enfants et des parents qui prennent de l’âge. 

LES TROIS QUARTS DES DROITS

Dans plusieurs pays, des lois désavantagent les femmes en matière d’emploi, que ce soit du côté des conditions de travail, des services financiers, de l’entrepreneuriat, de la maternité ou de la retraite. Récemment, la Banque mondiale révélait que les femmes n’ont en moyenne que les trois quarts des droits économiques des hommes. Il y a dix ans, c’était 70 %.

À 100 %, six pays obtiennent la note parfaite, dont la France, la Suède et la Belgique. Le Canada pointe à 97,5 %, les États-Unis à 83,8 % et l’Arabie saoudite à 25,6 %.

ON SE PRIVE DE COMPÉTENCES

Mais le FMI va plus loin. Selon ses experts, en se privant des femmes, l’économie perd le bénéfice qu’elle pourrait tirer de compétences et d’approches différentes de celles des hommes. Les femmes seraient plus prudentes face aux risques, et plus collaboratives que leurs collègues masculins. Des qualités fort utiles à la tête d’une entreprise.

Selon la firme d’analyse State Street, les entreprises présentant une plus forte proportion de femmes à leur tête affichent des rendements à long terme de 36 % supérieurs en Bourse. Ces entreprises affichent des réserves de liquidités plus importantes, une plus faible proportion de prêts non rentables et une plus grande capacité de résistance au choc.

LOIN DU BUT

Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont justement dévoilé la semaine dernière les données ayant servi à établir son plus récent rapport sur la représentation féminine aux postes d’administrateurs et de membres de la haute direction, publié en septembre 2018. Ce document montrait que chez les 648 émetteurs participant, un grand total de… 15 % des postes d’administrateurs étaient occupés par des femmes. Pas vraiment ce qu’on entend par parité… Plus de six émetteurs sur dix (66 %) comptaient au moins une femme à leur conseil, mais 218 n’en comptaient aucune. 

Par ailleurs, si 66 % des émetteurs comptaient au moins une femme à la haute direction, seulement 4 % d’entre eux avaient confié le poste de chef de la direction à une femme et 14 % avaient une femme comme chef des finances. Un peu plus de quatre émetteurs sur dix (42 %) s’étaient doté d’une politique sur la représentation féminine à leur conseil. Cependant, à peine 16 % d’entre eux avaient établi des cibles de représentation féminine à leur conseil et seulement 4 % avaient fait de même quant à la haute direction.

Il ne s’agit pas de dire que des entreprises menées uniquement par des femmes s’en tireraient mieux que les autres. Ce serait plutôt la complémentarité des approches masculines et féminines qui permettrait de faire des gains de productivité, concluait une autre étude du FMI publiée l’an dernier. 

Le FMI recommande notamment aux gouvernements de miser sur des garderies de qualité à prix abordable et des horaires de travail plus flexibles. La maternité serait encore aujourd’hui l’une des principales responsables du retard salarial des femmes. 

Elles ne sont d’ailleurs pas au bout de leur peine. Les femmes sont plus présentes que les hommes dans les postes fortement menacés par l’automatisation, notamment dans les emplois de bureau routiniers et les postes de vente. Les petits gains effectués ces dernières années pourraient donc être perdus. 

La rédaction