5 idées reçues sur l’investissement responsable

Par La rédaction | 17 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Andriy Popov / 123RF

Notre collaborateur Jean-François Venne revient sur certaines idées reçues au sujet de l’investissement responsable (ISR) dans un récent article publié par Le Devoir.

Voici cinq d’entre elles, parmi les plus répandues au sein du grand public… et même encore chez quelques professionnels.

1. LES PRODUITS ISR SONT MOINS PERFORMANTS QUE LES AUTRES Faux, répond le spécialiste. En 2015, une méta-analyse menée conjointement par Deutsche Asset Management et l’Université de Hambourg a passé au crible les conclusions de quelque 2 200 études menées sur plusieurs marchés depuis les années 1970.

Le résultat? Neuf fois sur 10, la performance des entreprises ayant misé sur des critères ESG (environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance) est identique, voire meilleure, que celle des sociétés qui n’en ont pas tenu compte. Autre exemple : depuis sa création en 2000, l’indice boursier Jantzi Social Index (JSI), qui piste 50 compagnies canadiennes « responsables », a généré un rendement annualisé de 6,53 %. Soit un rendement légèrement supérieur à ceux du S&P/TSX Composite (6,32 %) et du S&P/TSX 60 (6,36 %).

2. ILS COÛTENT PLUS CHER AUX INVESTISSEURS À CAUSE DES FRAIS Faux, soutient de nouveau Jean-François Venne. « Les frais de gestion pour les produits d’investissement responsable ressemblent à ceux des produits classiques », affirme-t-il. La preuve? Chez Desjardins, par exemple, le ratio de frais de gestion pour les fonds d’actions canadiennes classiques évolue « entre 2,14 % et 2,39 % », tandis qu’il est de 2,26 % pour le Fonds SociéTerre Actions canadiennes. De même, la gestion du Fonds équilibré Vision RBC coûte 2,06 %, comparativement à 2,11 % pour le Fonds équilibré classique.

En revanche, poursuit notre chroniqueur, il est vrai que, dans le cas des fonds négociés en Bourse (FNB) offerts par les conseillers-robots, les produits ISR peuvent coûter « légèrement plus cher ». Ainsi, Wealthsimple facture aux investisseurs détenant un portefeuille « responsable » les mêmes frais de gestion que sur ses autres produits, mais les gestionnaires de ces fonds sont cependant légèrement plus chers que leurs homologues traditionnels (entre 0,15 % et 0,2 % de plus). « Toutefois, souligne Jean-François Venne, cela reste loin des frais des fonds communs, qui dépassent généralement 2 %. »

3. LES PRODUITS ISR EXCLUENT LE SECTEUR DES ÉNERGIES FOSSILES Faux, encore une fois, explique notre chroniqueur. Si certains produits, comme le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) sans compagnies pétrolières de la Caisse d’économie solidaire et le REER du Fonds de travailleurs Fondaction CSN, excluent d’office l’industrie de l’or noir, « ce genre de filtre négatif ne constitue pas la norme » du secteur.

4. L’ISR CONCERNE LES SEULS DÉFENSEURS DE L’ENVIRONNEMENT L’investissement responsable repose sur des critères environnementaux, sociaux et de (bonne) gouvernance. Les gestionnaires étant libres de les appliquer à leur guise lorsqu’ils composent un fonds, ils ont donc la possibilité d’exclure ou non tout ce qui se rapporte, de près ou de loin, aux énergies fossiles ou à d’autres secteurs. Ils peuvent également porter une attention particulière à certains facteurs, comme la gouvernance de l’entreprise qui les intéresse, le traitement de ses employés, ou encore ses retombées pour la communauté. « Certains fonds visent des thèmes très précis. Le fonds commun de placement BMO leadership féminin, par exemple, investit principalement dans les entreprises nord-américaines qui favorisent la mixité au sein de leur équipe de direction », relève l’auteur.

5. L’INVESTISSEMENT RESPONSABLE EXISTE UNIQUEMENT POUR LES ACTIONS Faux, indique le spécialiste, puisqu’on trouve aussi sur le marché un nombre croissant d’obligations « vertes » publiques et privées. C’est par exemple le cas d’Épargne Placements Québec, qui en offre d’une durée de cinq ans à 2,6 % par année, avec en plus la garantie du gouvernement. Seul bémol, l’investisseur ne peut ensuite récupérer son argent avant l’échéance. De son côté, Desjardins offre un Fonds SociéTerre Obligations gouvernementales spécialisé dans les obligations « vertes » émises par des États, des banques de développement et des entreprises « responsables ».

La rédaction