Les enfants s’intéressent à l’argent plus tôt

Par La rédaction | 23 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Dean Drobot / 123RF

Même si les enfants découvrent l’usage de l’argent plus tôt que leurs parents, ils n’atteignent pas pour autant leur autonomie financière plus rapidement, selon un sondage publié mardi par la Banque CIBC.

Cette enquête d’opinion montre notamment que les tout jeunes et les adolescents ouvrent un compte bancaire, reçoivent de l’argent de poche, le gèrent, obtiennent une carte de crédit et prennent conscience de la situation financière de leurs parents en moyenne deux ans plus tôt qu’eux-mêmes ne l’ont fait. Et cet écart grimpe à six ans lorsqu’il est question d’investissement, puisque les enfants commencent en général dès l’âge de 15 ans, tandis que leurs aînés indiquent avoir commencé bien plus tard, soit à 21 ans.

Toutefois, bien que les jeunes soient exposés à l’argent plus tôt qu’autrefois, les parents affirment qu’ils n’atteignent pas leur indépendance financière plus vite qu’eux. En réalité, soutiennent-ils, c’est même l’inverse qui se produit et, à les en croire, ils n’y parviennent qu’à l’âge de 20 ans, comparativement à 19 ans dans leur cas.

LES ENFANTS SONGENT À INVESTIR DÈS l’ÂGE DE 15 ANS

Concrètement, les parents disent constater que leurs enfants atteignent les plus importantes étapes financières plus tôt que de leur temps. Ainsi, neuf ans est l’âge moyen où ils reçoivent de l’argent de poche pour la première fois, comparativement à 11 ans pour leurs parents, tandis qu’ils ouvrent le plus souvent un compte bancaire dès 10 ans (par rapport à 12 ans). De même, ils commencent à gérer leur propre argent à 14 ans, contre 16 ans pour leurs parents, et s’intéressent aux perspectives d’investissement que celui-ci leur permettra un an plus tard, alors que leurs aînés avaient attendu l’âge de 21 ans pour le faire.

Bien que la quasi-totalité des répondants (93 %) soient d’accord avec le fait que les parents devraient mieux gérer leur propre argent afin de donner le bon exemple à leurs enfants, le sondage révèle que les premiers éprouvent de la difficulté à y parvenir. Plus des deux tiers (67 %) admettent qu’au mieux, ils suivent « quelque peu » un budget, tandis que 14 % reconnaissent ne pas en avoir du tout. Enfin, presque la moitié des sondés reportent actuellement un solde de carte de crédit (48 %).

Paradoxalement, même si beaucoup de parents (71 %) s’inquiètent du fait que leurs enfants « ne puissent pas se permettre de commettre des erreurs » en raison du coût élevé de la vie, près des trois quarts d’entre eux (73 %) évitent de parler d’argent régulièrement à la maison et craignent de manquer de savoir-faire, laissant ainsi les jeunes susceptibles d’être mal préparés à gérer leurs finances de manière efficace une fois parvenus à l’âge adulte.

LE RÔLE DES MÈRES DANS L’ÉDUCATION FINANCIÈRE

En outre, seule une minorité de parents pensent être « très compétents » en matière de budget familial (46 %), d’économies (44 %) et de gestion des dettes (39 %). Et leur degré de confiance dégringole lorsqu’il est question de planification d’études (26 %) et tombe même à 17 % quand on parle d’investissements. À noter que moins de femmes que d’hommes se sentent à l’aise par rapport à leur savoir-faire financier.

L’enquête d’opinion montre par ailleurs que les mères jouent un rôle de premier plan en matière d’éducation financière. Résultat : davantage de ménages menés par des femmes plutôt que par des hommes affirment discuter « régulièrement » de questions d’argent (34 %, par rapport à 25 %). De plus, celles-ci sont également plus susceptibles que leurs partenaires masculins d’aborder presque tous les sujets financiers avec leurs enfants, incluant leur propre salaire. De même, les mères aident plus souvent les enfants plus âgés à gérer l’argent qu’ils gagnent que ne le font les pères (82 % contre 76 %).

Enfin, le sondage relève que le cash est roi quand il est question d’argent de poche, même si les facteurs « quand, comment et quoi donner » varient selon les parents. D’une manière générale, la majorité d’entre eux pensent que cet argent est important (80 %) et déboursent environ 90 dollars par mois en moyenne dans ce domaine. À noter que seuls 13 % des parents donnent de l’argent à leurs enfants sans condition, tandis que plus de la moitié (55 %) affirment que ces derniers doivent « le mériter » ou qu’ils ne l’obtiennent qu’occasionnellement en échange de tâches ménagères, par exemple. Enfin, la plupart des adultes donnent des espèces (75 %), tandis que près d’un cinquième (18 %) préfèrent déposer les fonds directement dans le compte bancaire de l’enfant.

« NOUS N’ADOPTONS PAS TOUJOURS LE MEILLEUR COMPORTEMENT »

« Il est encourageant de savoir que les parents guident très tôt leurs enfants sur la bonne voie, mais il faut faire bien plus qu’ouvrir un compte bancaire et leur donner de l’argent à gérer eux-mêmes afin de leur permettre de réussir financièrement. Il faut également discuter régulièrement des questions d’argent, ce qui peut être difficile à faire si vous n’êtes pas à l’aise avec vos propres finances. Nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour nos enfants, mais nous ne démontrons pas toujours les meilleurs comportements et les meilleures habitudes en ce qui a trait aux finances », commente David Nicholson, vice-président, Service Impérial CIBC.

« Permettre aux enfants de prendre des décisions éclairées au sujet de l’argent est important. Pour cela, restez impliqué dans les conversations et cherchez des stratégies et des outils qui peuvent les aider à réduire les risques lors de leur apprentissage. Par exemple, si votre adolescent est prêt à avoir une carte de crédit, considérez l’ajouter en tant qu’utilisateur autorisé de votre propre carte en lui donnant une limite plus basse. Cela peut l’aider à développer de saines habitudes financières et à éviter de faire des erreurs coûteuses pendant qu’il est encore sous votre protection financière », conclut le dirigeant.

Le sondage a été réalisé en ligne par Maru/Blue entre le 7 et le 11 septembre auprès de 1 047 parents d’enfants ayant moins de 25 ans choisis au hasard d’un océan à l’autre. Les écarts entre les totaux sont attribuables à l’arrondissement des données.

La rédaction