Les fintechs canadiennes bien positionnées

Par Sylvie Lemieux | 12 avril 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’écosystème canadien des fintechs démontre un fort potentiel de croissance, mais il faudra faire encore des efforts pour combler l’écart avec les principaux centres mondiaux des fintechs.

« Somme toute, le Canada fait bonne figure si on le compare à d’autres pôles technologiques comme Silicon Valley, New York ou Londres, affirme Patrick Raimondi, directeur général, Services financiers chez Accenture. Cela dit, pour devenir un véritable leader mondial, il faudra accentuer le volet innovation et la collaboration entre les différents acteurs pour favoriser l’adoption des technologies financières. »

Ce sont là les conclusions de l’étude menée par Accenture qui a procédé à une analyse comparative de quatre pôles technologiques canadiens avec 16 autres hubs importants dans le monde. Dans l’ensemble, Toronto s’est classé au 8e rang alors que Vancouver prenait la 12e position, Montréal la 14e position et Calgary, la 16e.

MONTRÉAL A FAIT SA PLACE

« Montréal fait particulièrement bonne figure avec le plus haut taux de croissance en termes d’investissement, révèle Patrick Raimondi. Dans les dernières années, des investissements significatifs ont été faits, autant publics que privés, qui font en sorte que la métropole a bien établi sa place. »

Le Québec accapare environ 15 % des fintechs canadiennes dont la plupart se concentrent à Montréal. La présence de sociétés de capital-risque et d’accélérateurs spécialisés dans la fintech est l’un des moteurs de la croissance dans la métropole. Luge Capital, Diagram Ventures, Real Ventures, Ferst Capital Partners et Holt Accelerator sont parmi les plus actifs du secteur. De grandes institutions financières ont également investi massivement dans les fintechs. On peut penser à la Banque Nationale qui a créé sa division NAventures et Desjardins Capital qui a lancé un fonds propre de 45 M$.

« Les institutions financières ont changé leur fusil d’épaule, explique Patrick Raimondi. Elles se rendent compte qu’elles ont avantage à collaborer plutôt qu’à compétitionner avec les fintechs. Étant des petites entreprises agiles, elles arrivent plus rapidement au marché avec un produit final. »

PANORAMA CANADIEN

Au total, le Canada compterait désormais près de 700 fintechs dont la majorité (60 %) sont situées en Ontario où on en dénombre 415. Il y a aussi une forte concentration en Colombie-Britannique, avec 122 fintechs. Le Québec n’est pas loin derrière avec 103. Il y en une quarantaine dans les provinces de l’Ouest et 14 dans les provinces atlantiques.

Accenture note toutefois un ralentissement du rythme de création des fintechs au pays. En 2020, il y a eu 18 nouvelles entreprises, un chiffre en baisse pour la deuxième année consécutive et loin des 43 créées en 2019.

Les problèmes de financement, mais aussi le ralentissement économique provoqué par la COVID-19, pourraient avoir incité des entrepreneurs à repousser leurs projets. La situation indiquerait aussi un marché qui commence à être contingenté, selon Patrick Raimondi.

INNOVER ENCORE PLUS

Malgré un écosystème déjà robuste, il y a lieu de faire mieux pour gagner des positions au tableau.

« Il faut mettre en place des structures pour faciliter l’innovation, affirme Patrick Raimondi. Même si l’on score déjà bien en matière d’investissements, il faut accaparer davantage de capitaux étrangers. Même chose du côté des incubateurs pour donner les conditions gagnantes permettant aux fintechs de se développer. »

« Si on peut compter sur un bon bassin de talents, il faudrait aussi attirer davantage de talents étrangers », ajoute-t-il.

Les fintechs gagneraient également à miser sur la différenciation. « Il y a une concentration de joueurs dans certains secteurs comme celui des solutions de paiement, explique M. Raimondi. Elles doivent également avoir l’ambition de regarder plus loin que le marché local ou national. »

Enfin, la croissance des fintechs est tributaire de l’adoption des technologies financières par la population. « La COVID-19 a accéléré le virage numérique, ce qui a eu un impact positif, ajoute-t-il. Il reste que l’accès à Internet haute vitesse constitue un facteur structurant non négligeable. Heureusement, il y a une volonté gouvernementale d’en étendre l’accès sur tout le territoire. »

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.