COVID-19 : les institutions financières interpellées

Par La rédaction | 3 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Grattes-ciels du quartier financier de Toronto.
Photo : Roxana Gonzalez Leyva / 123RF

La Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs (Fair Canada) a publié un communiqué demandant aux institutions financière de suspendre les frais d’acquisition reportés (FAR).

Elle invoque pour cela les licenciements récents et les difficultés économiques ressenties à travers le pays, et qui laissent plusieurs foyers sans source de revenu et donc sans moyens de subsistance. « Au cours de la dernière semaine seulement, un million de personnes ont perdu leurs moyens de subsistance et ont demandé des prestations d’assurance-emploi. L’industrie des services financiers doit intensifier et soutenir les investisseurs de détail canadiens en cette période critique. »

« Nous nous joignons à d’autres défenseurs des investisseurs, dont Ken Kivenko, pour appeler le secteur financier à suspendre les obligations des investisseurs de payer des frais de rachat lorsqu’ils retirent de l’argent des fonds communs de placement et des fonds distincts à frais de souscription différés », a déclaré Ellen Roseman.

Dans le même effort, d’autres mesures sont jugées nécessaires, comme le rapporte le quotidien La Presse. Selon l’éditorialiste Paul Journet, les mesures suivantes aideraient à soulager les clients des institutions financières dans ces temps de crise :

  • Réduire les taux d’intérêt sur leurs cartes de crédit, qui avoisinent les 20 %. D’autant que ce taux est resté stable malgré les trois baisses du taux directeur de la Banque centrale cette année.
  • Abolir les frais pour chèques ou paiements préautorisés sans provisions, ou pour les demandes d’arrêt de paiement.
  • Cesser de hausser le taux d’intérêt quand un client ne paye pas le solde minimal.
  • Cesser de facturer les clients qui dépassent leur nombre limite de transactions par carte bancaire. En effet, puisque certains commerces refusent l’argent comptant, la carte devient nécessaire. Cela pénalise les gens aux revenus modestes, qui n’ont pas un forfait avec transactions nombreuses ou illimitées.
  • Faciliter l’accès aux petits prêts. Il est difficile d’obtenir un prêt personnel pour une petite somme, par exemple de 10 000 $ ou moins. Les clients sont dirigés vers les cartes de crédit. Pourtant, avec un taux actuel d’environ 12 à 14 %, les petits prêts demeurent payants pour les institutions financières.

QUÉBEC SOLIDAIRE EN VEUT AUSSI AUX BANQUES

Québec solidaire a accusé les institutions financières de « profiter de la misère des gens pendant la crise de la COVID-19 en imposant des frais d’intérêt sur les cartes de crédit qui servent de plus en plus à payer l’épicerie et les factures. »

Le porte-parole de Québec solidaire, le député Vincent Marissal, réclame que les institutions soient contraintes d’annuler les intérêts facturés sur les cartes de crédit, les découverts et les autres produits de prêts pour la période en cours, un congé renouvelable tant que la crise sanitaire perdurera.

Le député de Rosemont reproche aussi aux grandes banques de continuer à accumuler des intérêts allant parfois jusqu’à 30 % sur les soldes impayés, par exemple sur les reports des paiements hypothécaires, annoncés comme une mesure d’allègement.

Desjardins a d’ailleurs annoncé une baisse des taux d’intérêt sur les cartes de crédit, mais cette mesure est jugée insuffisante par le parti politique.

« À compter du 8 avril, Desjardins consentira automatiquement un taux d’intérêt annuel préférentiel temporaire de 10,9 % à tous les membres et clients particuliers qui obtiendront un report de paiement », a-t-on fait savoir dans un communiqué.

Pour pouvoir transférer le solde de sa carte de crédit à un intérêt de 10,9 %, il faut que le membre ait été touché par la crise, par exemple, s’il a perdu son emploi en lien avec la COVID-19. Les autres membres peuvent demander une carte à 10,9 % sans transférer le solde.

LE MÉDAC APPELLE LES BANQUES À COLLABORER

Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) juge que les banques devraient faire plus d’efforts afin d’alléger le fardeau des personnes ou entreprises touchés par la COVID-19, rapporte le Journal de Montréal.

« On voit bien que les programmes de l’État vont leur profiter », a lancé Willie Gagnon, directeur au MÉDAC, en entretien avec Benoit Dutrizac à QUB radio mercredi matin.

Celui-ci fait référence aux divers programmes d’assouplissement introduits par les gouvernements fédéral et provinciaux, et aussi par les autorités de réglementation, qui viennent en aide aux institutions financières plus spécifiquement.

« On comprend que ce que l’État va pouvoir donner aux entreprises va dans certains cas passer par l’intermédiaire des banques, qui vont faire des profits là-dessus un jour. Il va y avoir des intérêts sur des prêts qui vont être garantis », a précisé le directeur.

Il demande plus de flexibilité sur les prêts hypothécaires, dont la révision des montants même et non seulement des échéances et intérêt. Il demande aussi un changement de pratique concernant les cartes de crédit.

La rédaction