Les investisseurs courent à leur perte

Par La rédaction | 10 avril 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Photo : Martti Tapio Salmela /123RF

Ce n’est plus un débat, les changements climatiques constituent un risque majeur pour les investisseurs. Une nouvelle étude de Mercer révèle qu’un réchauffement planétaire de plus de 2 degrés Celsius mettrait les rendements futurs en péril.

Pour en venir à cette conclusion, la firme de consultation a modélisé trois scénarios de changements climatiques, soit un réchauffement moyen de 2 °C, de 3 °C et de 4 °C au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle et s’échelonnant sur trois périodes distinctes : 2030, 2050 et 2100.

Alors qu’un réchauffement limité à 2 °C aurait pour effet d’améliorer les rendements, les scénarios de 3 °C et de 4 °C prédisent au contraire un effet négatif sur le portefeuille des investisseurs.

L’ÉCONOMIE À FAIBLES ÉMISSIONS DE CARBONE, UNE OCCASION

Même si les secteurs d’activité traditionnels sont susceptibles de subir des pertes selon un scénario d’augmentation des températures de 2 °C, la transition vers une économie à faibles émissions de carbone pourrait présenter de nombreuses occasions de générer des rendements positifs, souligne le rapport.

« La modélisation montre qu’une plus grande pondération en actifs durables dans les portefeuilles peut améliorer les rendements. Les preuves sont irréfutables et renforcent les conclusions du rapport de 2015 de Mercer sur les changements climatiques qui soutiennent l’urgence d’agir pour limiter le réchauffement à moins de 2 °C », soutient Helga Birgden, responsable mondiale, Investissement responsable chez Mercer.

Dans l’éventualité où le réchauffement climatique atteindrait 3 °C ou 4 °C, les modélisations de Mercer montrent que les conséquences pourraient être graves : montée du niveau des eaux, vagues de chaleur intenses, feux de forêt, sécheresse et famine. Pour les investisseurs, cela se traduirait en rendements négatifs.

« Investir en prévision d’un scénario d’augmentation des températures de 2 °C est un impératif, puisque pour presque toutes les catégories d’actif, les régions et les périodes, un scénario d’augmentation des températures de 2 °C donne lieu à des rendements projetés améliorés par rapport aux scénarios de 3 °C ou de 4 °C », résume Mme Birgden.

Un réchauffement climatique trop important apporterait aussi des changements soudains dans les rendements, plutôt que des rendements annuels stables.

LES INVESTISSEURS CANADIENS TRÈS EXPOSÉS

Les investisseurs institutionnels canadiens devraient être les premiers interpelés par la menace climatique qui pèse sur leurs portefeuilles. Des études récentes ont révélé que le réchauffement au Canada est deux fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde.

« Une caisse de retraite se doit d’avoir une vision à long terme, et dans un monde moderne, cela signifie de veiller à ce que la répartition de l’actif soit protégée contre les risques et les incertitudes découlant des changements climatiques », soutient Karen Lockridge, conseillère principale, Investissement responsable à Mercer Canada.

La firme recommande aux gouvernements de prendre des mesures d’urgence pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, y compris des engagements encore plus grands pour lutter contre les changements climatiques.

« Les investisseurs devraient tenir compte des changements climatiques à chaque étape du processus d’investissement : de l’établissement des convictions de placement, de la politique et des processus jusqu’aux décisions de constitution des portefeuilles, » conclut Deb Clarke, responsable mondiale de la recherche sur les placements de Mercer.

La rédaction