Les étrangers boudent les actions canadiennes

Par La rédaction | 25 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Mur de briques avec l'image du drapeau canadien.
Photo : Jugoslav Drobnjak / 123RF

Le marché des actions au Canada a battu plusieurs records cette année, pourtant les investisseurs étrangers continuent de s’en tenir loin, indique Bloomberg.

De fait, les investissements étrangers dans les actions canadiennes sont en voie d’atteindre leur plus bas niveau depuis 2012, selon le groupe financier. Au mois d’août, ils ne représentaient que 970 millions de dollars américains (1,27 G$ CA). Les investisseurs d’outremer ont épuisé leurs actions canadiennes lors de cinq des huit premiers mois de l’année. Malgré cela, l’indice composé S&P/TSX a gagné plus de 14 % dans cette période, ce qui en fait l’un des plus vigoureux marchés boursiers au monde.

VICTIME COLLATÉRALE

Le Canada pourrait en fait être une victime collatérale de l’instabilité politique et économique ambiante. « Dans des moments de risque – macro, géopolitiques ou commerciaux – les investisseurs vendent les actifs des autres régions et se concentrent sur la sécurité des actions américaines », analyse Greg Taylor, directeur des investissements de Purpose Invesments. Un petit marché comme celui du Canada devient alors facile à ignorer. 

LES RESSOURCES INQUIÈTENT

De plus, le fait qu’il soit très exposé aux ressources naturelles le rend comparable, aux yeux des investisseurs, à un marché de pays émergent. Traditionnellement, le marché canadien est prisé par les investisseurs à la recherche d’un haut ratio risque/rendement. L’énergie et les mines constituent près d’un tiers du marché.

La difficulté pour l’industrie pétrolière de l’Ouest du pays à acheminer son pétrole sur des marchés étrangers en raison du manque de pipeline rendrait toutefois le marché canadien moins intéressant en ce moment. 

LE HUARD VOLE HAUT

La bonne performance du dollar canadien n’a pas non plus suffit à rameuter les investisseurs étrangers. Le huard a connu une meilleure tenue que les autres devises face au dollar américain cette année, avec une hausse de près de 4 %. L’économie du Canada reste par ailleurs relativement solide et le marché de l’emploi y est très vigoureux. Mais cela ne suffit pas à séduire les investisseurs hors de nos frontières.

Les entrées de liquidités étrangères dans les obligations ne sont pas très fortes non plus. En date du mois d’août, le capital étranger net dans le marché des obligations au Canada était de 26 milliards de dollars américains, comparativement à 61 G$ US à la même période en 2017. 

GOUVERNEMENT MINORITAIRE

Les résultats de la plus récente élection ne risquent pas de faire du Canada une destination plus intéressantes pour les investisseurs étrangers. Un gouvernement minoritaire est notoirement instable et pourrait devoir augmenter les dépenses pour satisfaire les demandes des partis d’opposition.

De plus, les néo-démocrates, les bloquistes et les verts sont notoirement opposés à la construction de nouveaux pipelines, un important vecteur d’augmentation d’émission de gaz à effet de serre dans un pays qui peine à atteindre ses cibles de réduction. Le gouvernement libéral continue de son côté d’affirmer que l’élargissement du pipeline Trans Moutain irait de l’avant, comme le réitérait encore récemment le ministre des Finances Bill Morneau. Reste à voir de quelle marge de manœuvre les libéraux disposeront pour mettre leur promesse (ou, du point de vue des écologistes, leur menace) à exécution.

La rédaction