Les investisseurs peuvent lutter contre les changements climatiques

Par La rédaction | 15 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La firme suisse UBS soutient que les investisseurs peuvent contribuer à la lutte contre les changements climatiques, rapporte Barron’s.

« Nous encourageons les investisseurs à considérer le rapport de l’ONU comme un appel à placer leur actif de manière à ce qu’il rapporte à la fois à leurs finances et à l’environnement », soutiennent les auteurs Jon Gordon, Vincent Heaney, Sagar Khandelwal et Christopher Swann.

Les investisseurs ont l’occasion « d’aligner leurs portefeuilles avec leurs valeurs, sans compromettre les rendements de leurs placements », ajoutent-ils.

MISER SUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Ils estiment que si les gouvernements, les entreprises et les individus mettent l’accent sur la réduction des émissions de carbone, alors les entreprises en énergies renouvelables en bénéficieront. L’ONU affirme que pour éviter les désastres liés aux changements climatiques, la part des énergies renouvelables dans l’offre mondiale d’énergie doit passer à au moins 63 % d’ici 2015. Elle en représente actuellement environ 20 %.

Les énergies éolienne, hydroélectrique et solaire représentent le plus grand potentiel en termes d’investissement. UBS cite notamment le potentiel d’investissement dans les entreprises qui développent et fabriquent des turbines éoliennes.

LA PERCÉE DES VOITURES ÉLECTRIQUES

Les fabricants de voitures électriques constituent une autre option intéressante. Ils détiennent présentement environ 5 % des parts de marchés, mais leur cible s’élève à 65 %. Le rapport d’UBS estime que les voitures électriques compteront pour un quart de tous les véhicules vendus dans le monde d’ici 2025. Toujours selon UBS, le marché des voitures électriques et autonomes et celui de l’autopartage devraient être décuplés d’ici 2025, passant à 400 milliards de dollars américains (601 G$ CA).

INVESTISSEMENTS VERTS

Il serait donc possible de jumeler rendement et écologie. Selon BlackRock, investir un million de dollars dans des obligations vertes de l’indice Bloomberg Barclays MSCI Green Bond permettrait notamment de réduire de 2 000 tonnes métriques les émissions de CO2 et d’économiser plus de 88 millions de litres d’eau.

La firme UBS a d’ailleurs sa propre initiative, laquelle permet à des clients d’investir dans un portefeuille entièrement axé sur le développement durable, dont les titres sont aussi diversifiés que dans n’importe quel autre portefeuille et qui visent des rendements similaires.

LES INVESTISSEURS ONT DES DOUTES

Pour juger adéquatement l’incidence des fonds verts, il faut disposer de données fiables à leurs sujets. Or, rapporte Financial Advisor IQ, les conseillers financiers et les actionnaires doutent de la transparence et de la validité des données publiées sur les placements tenant compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Shiva Rajgopal, vice-doyen à la recherche de l’École de commerce Columbia a récemment partagé sa déception quant à la transparence et à la rigueur de l’évaluation des critères ESG, craignant qu’ils n’ouvrent la porte au « greenwashing », soit la promotion biaisée des politiques environnementales d’une entreprise.

En février, BlackRock rapportait que les compagnies qui affirment suivre des pratiques ESG sont plus souvent la cible de poursuites et de recours des autorités réglementaires que les autres.

LA CHAÎNE DE BLOCS À LA RESCOUSSE?

Plusieurs regardent l’arrivée de la chaîne de blocs et les contrats intelligents comme une occasion de solutionner ces problèmes. La chaîne de blocs permettrait de mettre en place des outils démontrant la crédibilité des données ESG, ce qui rassureraient les investisseurs et les attireraient vers cette catégorie d’actif.

La chaîne de blocs, rappelons-le, est un registre partagé, détenu sur plusieurs ordinateurs et sur lequel il est impossible de modifier le passé. Tous les ajouts au registre sont traçables.

Les contrats intelligents entrent quant à eux automatiquement en vigueur lorsque les conditions stipulées au contrat se produisent. L’imputabilité est donc automatique pour les participants d’une chaîne de blocs, ce qui augmente le niveau de confiance.

LA CHAÎNE DE BLOCS PEUT-ELLE ÊTRE VERTE?

Toutefois, Alexander Lipton, directeur des technologies de la fintech SilaMoney, croit que la technologie est loin d’être rendue au point de pouvoir gérer l’ensemble des données ESG.

De plus, l’utilisation de la chaîne de blocs comporte une importante empreinte de carbone en raison de l’énergie nécessaire pour alimenter les nombreux ordinateurs qui calculent chaque transaction réalisée sur la chaîne de blocs.

L’Environmental Law Institute a d’ailleurs annoncé récemment le financement de recherches pour évaluer la consommation d’énergie de la chaîne de blocs et le potentiel de cette technologie de s’intégrer à la gestion de chaîne d’approvisionnement durable, rappelle Financial Advisor IQ. Des plateformes moins énergivores sont aussi en développement.

D’AUTRES SOLUTIONS

En attendant, d’autres innovations comme les mégadonnées et l’intelligence artificielle aident l’investissement ESG.

« L’utilisation des mégadonnées et de l’IA transforme radicalement la cueillette de données, soutient Justina Deveikyte, directrice associée de la recherche institutionnelle pour Cerulli, qui a produit un rapport sur le sujet. Ces changements ont ouvert les investissements ESG aux fonds quantitatifs, qui travaillent à développer de nouveaux algorithmes pour évaluer systématique les entreprises. »

La technologie viendra-t-elle au secours de l’investissement responsable?

La rédaction