Les marchés boursiers déconnectés de la réalité?

Par La rédaction | 7 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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photo : pictore / istockphoto

Dans un récent article d’Advisor Perspectives, Barry Ritholtz revient sur le fossé qui sépare l’économie réelle des marchés boursiers. Alors que la première peine sous le poids des effets de la pandémie, les seconds se montrent étonnamment vigoureux. 

Pour bien des observateurs, comme l’auteur du balado Masters in Business, auteur et chroniqueur, cela semble rimer avec incongruité et signe que les marchés sont à des lieux de la réalité. Ils ne reflètent en effet pas la détresse des milliers de personnes qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie, qui ont dû fermer leur commerce, ou déclarer faillite.

Alors pourquoi cet écart? Car les industries à la fois les plus visibles et les plus vulnérables, des magasins à rayons aux compagnies aériennes en passant par les chaînes hôtelières et, oui, les pétrolières, s’avèrent aussi les plus petites, en termes de capitalisation boursière, dans des indices comme le S&P 500. Mais les marchés ne dépendent pas vraiment de ces industries. Selon M. Ritholtz, les 30 secteurs les plus touchés par la pandémie pourraient entièrement sortir de la Bourse avant la prochaine session que cela ne retrancherait que quelques points de pourcentage au S&P 500.

PAS TOUTES LE MÊME POIDS

Il est donc clair pour lui que l’on aurait tort de confondre l’économie américaine « réelle » et les marchés boursiers. Les géants technologiques tirent au moins la moitié de leurs revenus de marchés situés hors des États-Unis. De plus, leurs ventes et leurs profits ont bénéficié du confinement aux États-Unis. L’Indice Nasdaq Composite 100, dominé par ces firmes, a affiché une progression de 26 % cette année.

Certes, sur les 500 entreprises qui forment le S&P 500, environ 450 vont mal. Les secteurs de la vente au détail, du voyage, de l’énergie, des loisirs et de la restauration ont vu leurs ventes s’évaporer. Les faillites s’additionnent. Pourquoi donc l’indice a-t-il progressé de 2 % cette année?

À cause de la capitalisation boursière, réitère Barry Ritholtz. Les magasins à rayons, dont la valeur des actions a baissé de 62,6 % en juillet 2020 par rapport à juillet 2019, représentent à peine 0,01 % de la capitalisation boursière du S&P 500. Les compagnies aériennes? Seulement 0,18 %. 

LA BOURSE CARBURE AUX TECHNOS

Ce que la bonne santé des marchés financiers révèle, en somme, c’est que leur performance ne repose pas sur ces industries que l’on croyait vitales. Les secteurs qui comptent sont ceux des technologies. Les entreprises qui les composent détiennent la plus grande partie de la capitalisation boursière.

Pour donner une idée de l’écart entre ce secteur et les autres, rappelons simplement que le géant du commerce de détail Wal-Mart a une capitalisation boursière de 366 milliards de dollars américains. C’est à des années lumières d’Apple à 1 882 G$ US, de Microsoft à 1 611 G$ US et d’Amazon à 1 605 G$ US. On peut voir une liste complète des capitalisations boursières du S&P 500 ici.

Ensemble, les 10 plus importantes compagnies technologiques du S&P 500 sont en hausse de 37 % cette année. Les 490 autres entreprises sont en baisse de 7,7 %. Et l’indice, rappelons-le, a avancé de 2 %. Cela montre bien que ce sont ces géants technologiques qui pèsent dans la balance. 

Le marché n’est donc pas si irrationnel ou déconnecté de la réalité, conclut M. Ritholtz. Sa réalité à lui, c’est la capitalisation boursière et son impact sur les indices boursiers. Tant que la locomotive des technos continuera de tirer les marchés boursiers, cela se reflétera dans les performances des indices… et dans les résultats des investisseurs.

La rédaction