Les marchés sont-ils arrivés au bord du précipice ?

Par La rédaction | 15 Décembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Conseiller se tenant devant un précipice.
Photo : leeavison / 123RF

La situation sur les marchés financiers ressemble fortement à celle qui prévalait juste avant l’éclatement de la bulle technologique il y a une vingtaine d’années.

Si on se fie à l’analyse historique des marchés, tout est prêt pour assister à un retournement brutal.

Imaginez que vous revenez en 1999… Les valorisations des actions atteignaient des sommets sans précédent, dépassant même celles de 1929, observe Advisorpedia.

Les investisseurs étaient euphoriques, comme si la hausse devait durer toujours. Certaines actions voyaient leur valeur gagner 10 à 30 % en une journée. Il suffisait de parler de technologie ou d’Internet pour voir arriver les investisseurs prêts à acheter… sans trop regarder ce que contenait chaque produit.

Cette description vous paraît familière ? C’est logique : cette description pourrait bien être celle des marchés financiers durant l’année 2021. La grande différence est que de nos jours, tous les titres semblent concernés, et pas seulement les valeurs des entreprises technologiques.

Observons quelques indicateurs… Le ratio cours/bénéfices approche, voire dépasse, son niveau de 1999. Et les valorisations sont bien supérieures à celles observées en 1929.

Le ratio prix/ventes est quant à lui supérieur de 50 % à ce qu’il était en 1999. Le ratio médian des actions du S&P 500 est deux fois plus élevé que celui constaté à l’époque. Et 15 % des actions du S&P 500 ont un ratio supérieur à 10, quand il était de 8 en 1999. Ce ratio de 10 est intenable à long terme, précise Advisorpedia.

Un troisième indicateur pertinent est la comparaison entre la capitalisation boursière du S&P 500, corrigée de l’inflation, et l’économie. C’est la technique d’évaluation préférée de Warren Buffett. Actuellement, le ratio est de 2,50, ce qui est bien au-dessus du ratio de 1,95 de 1999, et du 1,40 qui a précédé la crise financière.

Le ratio Q divise la capitalisation boursière du S&P 500 par les coûts de remplacement agrégés des actifs détenus par les entreprises de l’indice. En termes clairs, ce ratio indique combien un investisseur paie pour les actifs sous-jacents des sociétés. Or, ce ratio se situe désormais à plus de 3,5 écarts-types au-dessus de sa norme. Il est également supérieur à ce qu’il était en 1999 et à tous les autres sommets antérieurs.

L’observation de ces ratios indique que les valorisations actuelles sont égales ou supérieures à celles de 1999 et de toute autre période boursière. Mais cela ne suffit pas à prédire un retournement brutal des marchés.

Il faut aussi analyser le contexte économique. Or, les taux de croissance de l’économie et des bénéfices sont aujourd’hui plus faibles qu’il y a vingt ans. Et les niveaux d’endettement sont beaucoup plus élevés aujourd’hui. La croissance de la productivité et la démographie, qui étaient des moteurs dans les années 1990, sont devenus des freins à la croissance économique.

Toutefois, ce serait ignorer la politique accommodante des banques centrales, et de la Réserve fédérale américaine (Fed) en premier lieu. Les taux d’intérêt bas favorisent l’utilisation de l’effet de levier. Ils encouragent les rachats qui alimentent les prix des actions. Les investisseurs se détournent des obligations à faible rendement pour se tourner vers les actions afin d’obtenir des rendements.

Les investisseurs en ont moins pour leur argent : ils paient plus cher aujourd’hui, tout en obtenant moins qu’en 1999. Et ils parient sur le fait que les banques centrales perpétueront toujours leur politique accommodante. Mais le jour où la Fed réduira ses achats et augmentera ses taux d’intérêt, la course aux actions s’arrêtera.

Les investisseurs sont également convaincus que l’inflation ne durera pas. En effet, si l’inflation s’installait à un niveau élevé, la Fed ne pourrait pas maintenir de faibles taux d’intérêt. Elle devrait les relever pour stabiliser l’inflation.

Un retournement des marchés est peut-être devant nous. Mais nous ne le saurons que lorsqu’un événement déclencheur surviendra. D’ici là, il est bon de garder à l’esprit que cela pourrait arriver dans un mois, dans un an, qui sait ?

La rédaction