Les politiques de la Banque du Canada scrutées

Par La rédaction | 24 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : bob_bosewell / istockphoto

La Banque du Canada (BoC) intervient massivement depuis le début de la pandémie de COVID-19 avec des programmes d’achats d’actifs. Son bilan financier représente désormais près de 10 % du PIB canadien, ce qui dépasse de loin la situation de 2008.

Le Groupe de travail sur les mesures monétaires et fiscales s’est penché sur les dilemmes que génère cette situation. Ce groupe est né d’une initiative de l’Institut C.D. Howe pilotée par David Dodge, ancien directeur de la BoC, et Mark Zelmer, ancien surintendant adjoint du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF). 

DES ACTIFS PLUS RISQUÉS

La BoC ne se contente plus d’acheter des obligations fédérales, elle acquiert aussi des bons du Trésor des provinces à court, moyen et long termes ainsi que des obligations du secteur privé. Cela signifie qu’une grande partie du passif inscrit à son bilan ne vient pas de dépôts supplémentaires du gouvernement fédéral, mais de dépôts détenus par les institutions financières (soldes de règlements). En 2008, ces soldes de règlements s’élevaient à 3 milliards de dollars. Aujourd’hui, ils dépassent 130 milliards de dollars.

Lors de son quatrième rendez-vous tenu le 20 avril dernier, le Groupe s’est penché sur la gestion financière et politique des risques des actifs détenus par la BoC et sur la gestion des risques d’inflation. Il en a profité pour émettre ses recommandations. 

AVANCER PRUDEMMENT

Le Groupe suggère d’abord d’acheter de la dette à court terme le plus possible. Ainsi, la BoC n’aura pas à la revendre sur les marchés secondaires pour s’en débarrasser, elle pourra simplement attendre qu’elle vienne à échéance et ajuster son bilan en conséquence. Elle souhaite aussi que le gouvernement fédéral garantisse une certaine portion de la dette non souveraine et d’entreprise pour minimiser les risques de crédit. Aux États-Unis, par exemple, le Trésor s’est porté garant de la première ronde de pertes de la Réserve fédérale. 

La BoC devrait aussi se donner une cible pour ses interventions dans chaque catégorie d’actif, en fonction des difficultés vécues du côté de chacun de ces actifs sur le marché. Elle devrait commencer modestement afin de voir quelle répercussion vient de sa seule présence sur le marché. Elle devrait aussi opérer avec transparence, afin que l’on comprenne quels critères président à l’achat des actifs et comment ces transactions sont réalisées.

TRANSPARENCE CRUCIALE

Une entente avec le gouvernement pourrait aider à diminuer les risques de politisation de ses activités et à préserver son indépendance. Par ailleurs, la BoC devrait faire preuve de transparence quant à sa stratégie lorsque viendra le temps de se délester d’une partie de son bilan. 

Dans une situation aussi anormale, la communication de la BoC sera cruciale pour éviter que les acteurs du marché ne prennent des décisions dommageables basées sur des spéculations ou des craintes quant aux actions de cet acteur financier majeur. 

On peut consulter un résumé de la rencontre ici. Le Groupe de travail doit se réunir de nouveau le 4 mai prochain.

La rédaction