Les taux bas font le bonheur des plus riches

Par La rédaction | 11 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Symbole de pourcentage et un symbole de dollar.
Photo : Tsung-Lin Wu / 123RF

Alors que la valeur des 400 plus grandes fortunes aux États-Unis a été multipliée par 2,3 en l’espace d’une décennie, la faible imposition des plus riches et la politique de l’argent gratuit sont sur la sellette dans une partie de la population américaine, rapporte Le Monde.

Si le remède le plus évident semble être d’imposer davantage cette tranche ultra-minoritaire de contribuables ultra-riches, le quotidien français rappelle cependant que le plus grand « ami » de cette caste n’est pas « le ploutocrate Donald Trump », mais bien l’ex-président Barack Obama. En effet, c’est durant son double mandat que la fortune des 400 a le plus progressé, soit de 53 % entre 2009 et 2016.

Quant au « faiseur de riches », il s’agit de la Réserve fédérale, avec sa politique de taux bas menée depuis la dernière récession. « L’argent gratuit, c’est la fête de ceux qui ont des biens, comme on le voit à Wall Street, qui bat record sur record. En 10 ans, l’indice Standard & Poors a été multiplié par 2,8 et la richesse des milliardaires a suivi », explique Le Monde.

« LES PERSONNES PÉNALISÉES SONT LES PRÊTEURS »

Or, cette analyse est trompeuse, assure le journal. La raison? Les taux historiquement bas « ont aussi réduit le fardeau financier des entreprises, qui ont pu s’endetter à un coût quasi nul pour racheter leurs propres actions et faire monter leur cours en Bourse » : 1 000 milliards de dollars américains en 2018, un montant record encore stimulé par la réforme fiscale de Donald Trump (autour de 750 milliards cette année).

Dans ce contexte, même si l’imposition accrue des mieux nantis sera « sans doute indispensable », Le Monde estime qu’il existe « un remède plus rapide et efficace » pour calmer les ardeurs des milliardaires et réduire les inégalités : une hausse des taux, d’ailleurs entreprise graduellement par la Fed jusqu’en décembre 2018. Le problème, note le quotidien, c’est que « nul n’en veut aux États-Unis, car tous profitent du système dopé à l’argent facile, à commencer par les 55 millions d’Américains dont la retraite est investie en actions dans les fonds de pension ».

Le problème, poursuit le journal, c’est que la politique monétaire actuelle menée par les grands pays industrialisés n’a eu aucun effet bénéfique pour les ménages les plus modestes. Dans une étude portant sur la période 2008-2014, la Banque centrale d’Angleterre relève que l’instauration des taux bas n’a pas eu de répercussions mesurables sur les inégalités. En fait, cette politique a d’abord profité aux retraités propriétaires de leur logement et bénéficiaires d’un régime de retraite. Ensuite, elle a représenté une bonne affaire pour les jeunes ménages, en stimulant le marché du travail et en limitant la baisse des salaires. Moralité : « dans ce monde d’argent gratuit, les personnes pénalisées sont les prêteurs, qui investissent dans des emprunts d’État et de l’assurance-vie pour financer leur retraite », conclut Le Monde.

La rédaction