Les tweets de Donald Trump ont leur indice boursier

Par La rédaction | 10 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Image vectorielle de Donald Trump, la bouche ouverte d'où s'échappe une envolée d'oiseaux bleus, icône de Twitter.
Photo : Brot Mandel / 123RF

Les marchés financiers sont tellement fascinés par les tweets du président américain que J. P. Morgan a créé un indice pour évaluer les répercussions qu’ils engendrent, rapporte l’Associated Press.

Pour ce faire, les analystes de l’institution financière ont élaboré un nouvel outil destiné à mesurer les fluctuations qu’entraînent les messages de l’actuel locataire de la Maison-Blanche sur les marchés, à commencer par celui des rendements du Trésor, l’un des plus scrutés partout dans le monde puisqu’il influe sur les prix des actions et de la quasi-totalité des autres investissements.

Baptisé « Volfefe Index », l’indice est une allusion au mot inexistant covfefe employé en 2017 par le président américain dans un tweet devenu célèbre, combiné au terme « volatilité ». Selon J. P. Morgan, il démontre que les messages du président, suivi par plus de 64 millions d’abonnés sur Twitter, expliquent une « fraction mesurable » de la volatilité, notamment sur le marché des taux à court terme.

PLUS DE 20 TWEETS OU RETWEETS PAR JOUR

« Le président a produit plus de 10 000 tweets depuis son arrivée au pouvoir, à un rythme qui s’est accéléré ces derniers mois », expliquent notamment les analystes dans un rapport publié en début de semaine. On y apprend par exemple que Donald Trump est de plus en plus actif sur Twitter, avec une moyenne supérieure à 20 tweets ou retweets par jour, comparativement à cinq au début de 2017. « Cela signifie que la possibilité de voir un tweet faire réagir les marchés est plus grande, bien que seuls certains des messages le fassent vraiment », note l’Associated Press.

Soulignant que les messages qui exercent le plus d’influence sur les marchés concernent le commerce et la Réserve fédérale, J. P. Morgan ajoute qu’ils incluent souvent des mots tels que « Chine », « milliards » « produits », « dollars » ou encore « excellents ».

L’agence de presse américaine relève par ailleurs que les tweets présidentiels sont généralement publiés vers midi sur la côte Est et qu’« ils peuvent causer beaucoup d’indigestion ». Le 1er août dernier, le magnat de l’immobilier avait ainsi publié un message en tout début d’après-midi pour annoncer son intention d’imposer une taxation supplémentaire à la quasi-totalité des importations chinoises, ce qui avait provoqué un vent de panique sur les marchés et accru la crainte de voir la guerre commerciale entre les deux pays s’envenimer et mener à une nouvelle récession.

« CES MESSAGES FONT BOUGER LES TAUX DE LA DETTE »

Les messages publiés par le président américain concernent de plus en plus des sujets sensibles en matière de commerce et de politique monétaire, indique pour sa part l’Agence France-Presse. Celle-ci relève qu’« il n’est pas rare que Donald Trump choisisse de révéler sur le réseau social des revirements majeurs dans les négociations entre Washington et Pékin, ou s’attaque vertement au président de la banque centrale américaine ».

« Nous avons trouvé de solides preuves démontrant que ces tweets faisaient de plus en plus bouger les taux de la dette américaine sur le marché, juste après leur publication », confirment les analystes J. P. Morgan. Sur les 4 000 tweets publiés l’an dernier et cette année par le président durant l’heure d’ouverture des marchés aux États-Unis, ils en ont identifié 146 ayant eu une réelle incidence sur les cours.

Admettant que la création d’un indice sur la seule base des annonces de Donald Trump est un exercice « par nature assez approximatif », les créateurs de l’indice Volfefe estiment qu’il fournit cependant des informations intéressantes quant à la façon dont les remarques brutes du président américain contribuent à la volatilité des marchés. Ils ajoutent que si cet indice reste pour l’instant centré sur le marché de la dette, il pourrait aisément s’appliquer aux marchés des actions ou des devises.

La rédaction