Les Y accèdent difficilement à la classe moyenne

Par La rédaction | 15 avril 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jeune homme les poches de jeans vides.
Photo : eranicle / 123RF

Dans un récent rapport, l’OCDE invite les gouvernements à augmenter leur soutien aux ménages de la classe moyenne. Celle-ci rétrécit dans la plupart des pays occidentaux, notamment parce que les jeunes ont de la difficulté à y accéder.

L’OCDE définit la classe moyenne comme étant les ménages compris entre 75 et 200 % du revenu national médian. Au Québec, il s’agit donc des ménages dont le revenu annuel se situe entre 38 000 et 102 000 dollars, indique Le Devoir en se basant sur les données de Statistique Canada pour 2016.

Au Canada, 67 % des baby boomers et 64 % des membres de la génération X faisaient partie de ce groupe lorsqu’ils étaient âgés d’une vingtaine d’années, contre 59 % des jeunes de la génération Y.

LES REVENUS NE SUIVENT PAS LES DÉPENSES

Par ailleurs, les revenus des classes moyennes stagnent alors que les dépenses, notamment en logement et en éducation, continuent de croître. Le logement dans la plupart des pays de l’OCDE correspond à environ un tiers du revenu disponible des ménages, contre un quart dans les années 1990. Les prix du logement, la plus importante dépense des ménages à revenu intermédiaire, ont progressé trois fois plus vite que le revenu médian des ménages.  

Dans la vaste majorité des pays de la zone OCDE, les revenus intermédiaires n’ont progressé que de 0,3 % annuellement en dix ans, soit un tiers de moins que le revenu moyen des 10 % les plus aisés. C’est toutefois plus vite que les 30 % les plus pauvres.

BATEAU EN TEMPÊTE

Comparant la classe moyenne à un bateau qui naviguerait en eaux troubles, Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE, a invité lors du lancement du rapport les gouvernements à soutenir davantage la classe moyenne. « Les pouvoirs publics doivent entendre les préoccupations des citoyens, mais aussi protéger et promouvoir le niveau de vie de la classe moyenne, a-t-il soutenu. Cette démarche permettra de stimuler la croissance économique et de créer un tissu social plus solidaire et plus stable ».

Les craintes de l’OCDE dépassent les inquiétudes purement économiques. La bonne santé démocratique serait aussi en jeu. « La classe moyenne est au cœur d’une société cohésive et prospère », a rappelé Gabriela Ramos, directrice de cabinet du Secrétaire général de l’OCDE et Sherpa chargée de superviser les travaux de l’Organisation sur la croissance inclusive. 

« Nous devons répondre à ses préoccupations concernant le coût de la vie, l’équité et l’incertitude », a-t-elle ajouté. Le sous-texte est assez clair. La frustration qu’engendre le sentiment de déclassement de cette frange de la population alimente la montée des populismes et des régimes illibéraux, qui fragilisent la démocratie. 

SURENDETTEMENT ET TRAVAIL PRÉCAIRE

Plus d’un ménage à revenu intermédiaire sur cinq dépense plus qu’il ne gagne, et le surendettement concerne davantage les ménages de la classe moyenne que les ménages à revenu faible et à revenu élevé.

En outre, les perspectives d’emploi deviennent de plus en plus incertaines : un travailleur à revenu intermédiaire sur six occupe un emploi qui est fortement exposé au risque d’automatisation, contre un travailleur à revenu faible sur cinq et un travailleur à revenu élevé sur dix.

DES PISTES DE SOLUTION

Intervenir auprès de ce segment de la population exige une action concertée des gouvernements, croit l’OCDE. L’organisme international propose certaines avenues :

  • améliorer l’accès à des services publics de qualité; 
  • optimiser la couverture de la protection sociale;
  • encourager l’offre de logements abordables; 
  • offrir des subventions ciblées, des aides financières pour emprunter et un allègement fiscal aux acquéreurs d’un logement afin d’aider les ménages à revenu intermédiaire de la tranche inférieure; 
  • alléger les prêts hypothécaires dans les pays où le niveau d’endettement lié au logement est très élevé; 
  • investir davantage dans les systèmes d’enseignement et de formation professionnels; 
  • étendre la couverture de l’assurance sociale et des conventions collectives pour les travailleurs qui occupent des emplois atypiques, par exemple les travailleurs intérimaires ou à temps partiel et les travailleurs indépendants; 
  • rendre l’impôt sur le revenu plus progressif et équitable.

Sans de telles interventions, il deviendra compliqué d’endiguer le sentiment de frustration et de déclassement de nombreux citoyens.

La rédaction