L’immobilier poursuivra sa lancée en 2020

Par La rédaction | 24 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : bakerjarvis / 123RF

Promoteurs, investisseurs, prêteurs et autres experts du secteur immobilier canadien affichent « un optimisme modéré » pour 2020, selon une nouvelle étude de PwC et de l’Urban Land Institute (ULI), basé à Toronto.

Publié jeudi dernier, le rapport sur les tendances récentes de l’immobilier pour 2020 montre notamment que, l’an prochain, les valeurs sûres se trouveront principalement dans l’immobilier résidentiel ainsi que dans l’immobilier industriel. Pour ce dernier segment, les unités à prix moyen, les développements axés sur les navetteurs ainsi que sur l’entreposage et la gestion des commandes (installations d’entrepôts situés près des centres résidentiels) offriront le potentiel le plus intéressant.

Rappelant qu’en 2018, les premiers effets du test de résistance des prêts hypothécaires s’étaient fait sentir dans des villes comme Vancouver et Toronto, les analystes de PwC et de l’ULI notent que certains acheteurs ont aujourd’hui été écartés du marché « parce que les marchés du crédit traditionnel leur avaient fermé la porte ». Résultat, « un marché du crédit clandestin a vu le jour, ce qui augmente les risques pour le consommateur et le marché », déplorent-ils.

L’ESSOR DU COMMERCE EN LIGNE CRÉE DE NOUVEAUX BESOINS

Si l’on en croit les répondants au sondage (voir l’encadré), les coûts de construction, de matériaux et de terrains, ainsi que les processus d’approbation, constitueront les principaux problèmes de développement l’an prochain. La majorité d’entre eux estiment par ailleurs qu’« il serait possible d’en faire plus si les gouvernements et le secteur immobilier adoptaient des stratégies mutuellement bénéfiques pour régler les problèmes de l’offre de logements ». Par exemple, des politiques de développements axés sur les navetteurs et des incitatifs pour la densification résidentielle autour des carrefours de transport en commun.

« Les gouvernements doivent comprendre qu’une augmentation de l’offre peut aider à résoudre le problème de l’abordabilité. Ils doivent aussi être disposés à adopter des méthodes novatrices pour débloquer un marché sur lequel l’offre est limitée », explique Frank Magliocco, leader national de l’immobilier chez PwC Canada. « Il est clair que nous devons innover davantage dans l’utilisation des terrains et des outils fiscaux et technologiques pour élargir l’offre de logements, en particulier dans les marchés les plus restreints au pays », ajoute Richard Joy, directeur exécutif de l’ULI.

Le rapport montre également que les installations axées sur le client contribuent à façonner le secteur immobilier. Concrètement, écrivent ses auteurs, « la course aux installations et l’impératif de rendre les bureaux aussi attrayants que possible afin d’attirer et de fidéliser les meilleurs talents ont un impact significatif sur l’évolution de l’immobilier ». Ainsi, les pratiques changeantes en milieu de travail, comme le travail « flexible » et à distance, ont créé un nouveau segment, soit celui de l’immobilier considéré en tant que service.

Insistant sur le fait que les consommateurs comptent de plus en plus sur la livraison d’un produit le jour même de leur achat en ligne, PwC et l’ULI jugent que « l’expansion continue des achats en ligne au Canada laisse émerger un nouveau besoin » et qu’« il faut dorénavant prévoir des espaces pour les livraisons, y compris des espaces réfrigérés pour les colis alimentaires, dans les habitations multifamiliales ».

LE MARCHÉ MONTRÉALAIS RESTE TRÈS DYNAMIQUE

Selon l’étude, les cinq principaux marchés à surveiller l’an prochain seront, par ordre d’importance, ceux de Vancouver, Toronto, Montréal, Ottawa et Halifax. Les auteurs de l’enquête indiquent que, sur le plan de la croissance économique, la métropole québécoise poursuivra sur sa lancée cette année, quoiqu’à un taux légèrement inférieur à celui de 3,4 % observé en 2018. Concrètement, les maisons multifamiliales et les immeubles industriels constitueront les grandes forces de son marché immobilier, tandis que le vieillissement de la population fera partie des facteurs à l’origine de la forte demande de copropriétés.

Les analystes de PwC et de l’ULI relèvent que le segment des immeubles de bureaux s’est lui aussi montré solide en 2019 et que ce marché en plein essor attire toujours d’importants investissements. En effet, soulignent-ils, il s’y conclut beaucoup d’opérations, notamment entre de grands investisseurs institutionnels américains et de petites sociétés de capital-investissement qui estiment que la stabilité de la région est prometteuse. De même, les habitations pour personnes âgées sont un autre segment en croissance, tout comme les immeubles résidentiels qui offrent des équipements et des services destinés aux membres de la génération Y et aux jeunes retraités actifs.

« Force est de constater que le secteur immobilier québécois reste effervescent. Alors que du côté de Québec, les différents segments immobiliers profitent d’une croissance modeste mais constante, Montréal poursuit sur sa lancée fulgurante. Le marché montréalais est propulsé par les segments des immeubles résidentiels et industriels. Les marchés de Montréal et de Québec bénéficient également d’investissements majeurs dans les infrastructures de transport qui ont des répercussions positives », conclut Éric St-Amour, leader, secteur de l’immobilier, pour la province de Québec chez PwC Canada.

Qui a participé au sondage?

Les personnes interrogées et les participants à l’enquête représentent « un large éventail d’experts de l’industrie, notamment des investisseurs, des gestionnaires de fonds, des promoteurs, des sociétés immobilières, des prêteurs, des courtiers, des conseillers et des consultants », selon l’ULI et PwC. Leurs enquêteurs ont ainsi interrogé 750 personnes, tandis que plus 1 500 personnes, au total, ont répondu aux questions du sondage.

Les copropriétaires privés et les promoteurs immobiliers du secteur commercial représentaient 27,6 % de l’ensemble des sondés, tandis que les sociétés de conseil ou de service en immobilier en représentaient 23,6 %. L’échantillon sélectionné comportait aussi 11,9 % de constructeurs ou de promoteurs immobiliers résidentiels, 11,3% d’investisseurs en capital-investissement immobilier, 6,5 % de prêteurs bancaires et une proportion identique de gestionnaires ou de conseillers en placement.

Sources : PwC et ULI.

La rédaction