Mise à jour économique : le milieu des affaires assez satisfait

Par La rédaction | 8 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : samuraitop / 123RF

La mise à jour économique du gouvernement caquiste a suscité une tonne de réactions de la part de différents acteurs de la société québécoise. Si les organismes patronaux semblent assez satisfaits, les syndicats sont dubitatifs et les partis d’opposition, sans surprise, affichent leur mécontentement.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a salué le versement de sommes supplémentaires au Fonds des générations, qu’il voit comme un moyen stratégique pour recueillir les versements découlant du plan de désendettement. Il demande toutefois au gouvernement de mettre en place un mécanisme basé sur les rendements accumulés du Fonds, afin d’établir une prévisibilité à long terme et une gestion efficace en faveur d’un remboursement de la dette directe, tout en cristallisant les gains en valeur marchande. 

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) s’est pour sa part réjouie de « l’excellente santé des finances publiques du Québec et des choix budgétaires » du gouvernement. « Nous appuyons la décision du ministre des Finances d’utiliser une partie des surplus pour alléger le fardeau fiscal des familles, tout en conservant un coussin pour faire face à un éventuel ralentissement économique », a déclaré Michel Leblanc, président et et chef de la direction de la CCMM. 

Pour la même raison, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a qualifié de « généreuse sur les dépenses sociales » la mise à jour économique, tout en reconnaissant la prudence dont la CAQ a fait preuve devant les incertitudes de l’environnement économique mondial. Le CPQ a par ailleurs applaudi l’exercice de sensibilisation à l’importance de l’épargne pour la retraite et du prolongement de la vie active et la mise en place éventuelle de régimes de retraite à prestations cibles dans les entreprises.

La bonne santé financière du Québec attise aussi les appétits. Le CPQ et les chambres de commerce demandent des baisses de taxes sur la masse salariale. Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) demande aussi des hausses des crédits d’impôt à la recherche et au développement et de l’appui dans les investissements des entreprises.

LES SYNDICAT DÉÇUS

Le ton était beaucoup moins joyeux chez les syndicats, globalement déçus que le gouvernement ait négligé les investissements dans les services publics. « Aucun réinvestissement n’est prévu notamment dans la santé et l’éducation, a constaté le président de la FTQ, Daniel Boyer. On espérait mieux de ce gouvernement qui, dans l’opposition, ne cessait de s’attaquer aux libéraux et à leur obsession de l’austérité. » La FTQ a tout de même souligné les bons coups que représentent la bonification des allocations familiales, la réduction annoncée pour les services de garde subventionnés et la baisse des tarifs de stationnement pour les établissements de santé.

Il faut dire que les relations sont tendues entre les syndicats et le gouvernement au moment où s’amorcent les négociations dans le secteur public. Le surplus de quatre milliards de dollars avant le versement au Fonds des générations laisse penser à la FTQ que le gouvernement dispose de la « marge de manœuvre suffisante pour répondre positivement aux demandes des travailleuses et travailleurs du secteur public ». 

Même son de cloche du côté de la CSN et de la CSQ, qui affirment que le gouvernement devra utiliser sa marge de manœuvre pour en faire bénéficier les personnes qui portent le réseau à bout de bras et donnent les services à la population. « Il est urgent d’investir pour améliorer la vie de l’ensemble des Québécoises et des Québécois, dont font partie les 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics, croit Jacques Létourneau, président de la CSN. La surcharge de travail rend la situation insoutenable pour ces personnes. Ça ne peut plus durer. » 

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) était déçue qu’aucune somme ne soit allouée à diminuer le ratio de patients par professionnels en soins de santé, un critère important de la qualité des soins. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dénonce le fait que la réduction des contribution fiscales ne soit pas remplacée par d’autres revenus, ce qui privera le gouvernement de moyens pour financer les services publics. 

L’OPPOSITION S’OPPOSE

Sans surprise, les partis d’opposition ont tiré à boulets rouges sur la mise à jour économique. Québec solidaire a déploré l’absence d’investissements dans les services publics et l’environnement. Mais le parti a surtout dénoncé l’énorme écart entre l’état des finances publiques et les prévisions de la mise à jour économique de l’an dernier. Le surplus est trois fois plus élevé que prévu. 

« Entre les prévisions que le ministre des Finances faisait l’an dernier à pareille date et les chiffres finaux présentés aujourd’hui pour l’exercice 2018-2019, le surplus est trois fois plus élevé, fait remarquer le député Vincent Marissal. On parle d’une marge d’erreur de plusieurs milliards de dollars. Le gouvernement de la CAQ est-il encore aujourd’hui en train de reproduire les mêmes pratiques que ses prédécesseurs en maquillant les chiffres des surplus pour servir ses propres intérêts? Il y a lieu de se poser la question ».

Dans la même veine, le Parti Québécois a accusé la CAQ de « cacher de l’argent ». « Ainsi, la CAQ poursuit le stratagème libéral : faire baisser les attentes en disant ne pas avoir d’argent disponible, puis faire pleuvoir les milliards au moment opportun, s’est désolé le député Martin Ouellet. Pour l’année en cours, le gouvernement prévoit 1,4 milliard de surplus, mais tout porte à croire qu’au prochain budget, ce surplus aura augmenté et le gouvernement va annoncer davantage de dépenses ».

Le parti libéral s’est dit déçu de constater que la croissance économique promise par la CAQ risquait de se transformer en ralentissement. Oubliant ses propres années d’austérité, le parti a dénoncé le manque d’investissement dans les services publics et dans le transport en commun.

Manifestement, les surplus budgétaires actuels aiguisent les appétits. Les acteurs sociaux fourbissent déjà leurs armes en vue du prochain budget en bonne et due forme. 

La rédaction