Non, ce n’est pas la fin de la mondialisation

Par La rédaction | 17 août 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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RBC iShares a tenu récemment son deuxième sommet annuel sur les fonds négociés en Bourse (FNB) à l’intention des conseillers. Une table ronde a réuni Larry Fink, président et chef de la direction de BlackRock, et Dave McKay, président et chef de la direction de RBC. Ils ont traité de mondialisation, d’inflation et de la nouvelle complexité du monde.

Contrairement à d’autres, Larry Fink ne croit pas qu’on soit en train d’assister à la fin de la mondialisation. Il est certain que la croissance des échanges entre les pays a été mise à mal ces dernières années avec la montée du protectionnisme aux États-Unis et ailleurs. Puis, il y a eu la pandémie de COVID-19 qui a entraîné la rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales, l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui force les dirigeants de pays ou d’entreprises à réévaluer leurs dépendances envers différents produits.

« Cette réévaluation occasionnera le déplacement des chaînes logistiques, et aussi leur transformation, que ce soit en Amérique du Nord, au Mexique ou en Indonésie, explique-t-il. Nous allons donc revoir notre modèle de mondialisation et la façon dont il faut s’y prendre à cet égard. »

Un autre facteur influence cette transformation. « La hausse de l’inflation que nous connaissons maintenant en raison de multiples chocs d’offres changera également le rôle de la mondialisation, car celle-ci fonctionne dans un environnement déflationniste », ajoute-t-il.

Le recours aux technologies qui s’intensifie pour pallier les pénuries de main-d’œuvre aura aussi un impact puisque les entreprises pourront rapatrier en tout ou partie leur production.

À plus ou moins long terme, du positif peut ressortir des changements en cours, selon Dave McKay. « Quand on parle avec les gens, quand on observe les activités liées à la location, aux prêts à terme et aux investissements des entreprises, on constate un grand appétit pour la technologie et une volonté d’y investir pour améliorer la productivité, dit-il. Nous avons la chance de réinventer en quelque sorte nos processus, et de les rendre plus écologiques en utilisant des sources d’énergie et des procédés de fabrication plus verts. Nous allons complètement repenser nos chaînes de valeur. »

LA FIN DES PRESSIONS INFLATIONNISTES ?

Il est clair que l’inflation continuera d’avoir une incidence sur les marchés mondiaux.

« On consomme différemment depuis la COVID-19, affirme Larry Fink. On a utilisé moins de services et acheté plus d’équipements, ce qui a engendré une forte augmentation de la demande pour certains produits. Et maintenant que nous revenons à une économie plus équilibrée, que nous avons recommencé à voyager et nous divertir, la demande pour ces biens d’équipement va probablement diminuer. Ce sera le début de la fin de certaines tensions inflationnistes. »

Il y en aura toutefois d’autres qui vont persister en raison notamment de la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui apporte des changements structuraux dans le domaine de l’alimentation et de la sécurité alimentaire ainsi que dans le domaine de l’énergie. « Tous ces facteurs réunis font gonfler l’inflation systémique encore davantage, explique-t-il. Et pour corriger ce type d’inflation, les banques centrales ne disposent d’aucun outil. »

LE DÉFI DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Il concerne tout le monde, les gouvernements, les entreprises, les citoyens. Selon Dave McKay, la transition vers la carboneutralité doit être ordonnée et inclusive, autrement elle est vouée à l’échec.

Or, actuellement, l’insécurité énergétique oblige certains pays à faire un retour vers le charbon, un recul peut-être nécessaire.

« Il faut que les entreprises et les gouvernements travaillent ensemble à la planification de certaines transitions plus complexes qui mettent en jeu beaucoup de dépendances et de technologies expérimentales. En fin de compte, il nous faudra prendre le virage, mais nous devrons le faire ensemble, en coordonnant les politiques macroéconomiques, la répartition du capital et les technologies où les différents secteurs seront mobilisés pour la cause », soutient-il.