Partir à la retraite quand les marchés sont baissiers

Par Sylvie Lemieux | 23 août 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La montée de l’inflation, les menaces de récession, les marchés en baisse depuis plusieurs mois… Certains investisseurs peuvent être inquiets pour leurs finances alors qu’ils entament leur retraite ou sont à l’aube de la prendre. Quelles stratégies leur proposer pour les mettre à l’abri des soubresauts de la Bourse et leur permettre de bien profiter de leurs temps libres après une vie de travail ?

Dans la tourmente des marchés, le meilleur conseil restera toujours de garder la tête froide. Cela vaut pour tous les investisseurs même ceux qui sont à la retraite, rappelle Martin Bray, vice-président, Développement stratégique chez Desjardins Gestion de patrimoine.

« En principe, le portefeuille d’un retraité devrait être moins affecté par les soubresauts des marchés, soutient-il. Si la personne a une stratégie d’investissement qui respecte son profil d’investisseur, une diversification adéquate et un plan de décaissement bien établi, elle ne doit rien changer. »

« Ceux qui prévoient de prendre leur retraite d’ici deux ans ou plus ne devraient pas trop s’en faire non plus, ajoute-t-il. Ils sont en bonne position pour attendre la reprise. »

Ceux dont le portefeuille n’est pas aussi équilibré qu’il le devrait et compte des positions plus à risque, comme les titres de croissance et ceux d’entreprises technologiques, populaires ces dernières années, ont encore le temps de réagir pour adopter une meilleure répartition de leurs actifs.

« La situation actuelle est un puissant rappel de l’importance de la répartition de l’actif », rappelait-il récemment dans un article de blogue.

« Lors des périodes plus agitées, il est crucial d’avoir en sa possession des obligations qui nous soutiennent, des actions qui génèrent en moyenne un rendement plus important et des placements alternatifs qui se comportent différemment des actions », écrivait-il.

GÉRER LE DÉCAISSEMENT… ET LES ÉMOTIONS

Même si on sait qu’une baisse des marchés n’est jamais permanente, elle exige une bonne gestion des émotions.

« À la retraite, le fait de ne plus avoir de revenu qui rentre de façon récurrente peut entraîner une part d’insécurité normale en période de décaissement », reconnaît Martin Bray.

Tout dépend toutefois du nombre d’années sur lequel le décaissement s’étire. Une personne qui retire annuellement de 4 % à 5 % de son portefeuille sur une période de 20 ans environ a toutes les raisons de garder son calme face à l’actuel recul des marchés. Elle aura le temps de se reprendre — et même de vivre d’autres turbulences (parce qu’il y en aura).

« Pour une personne moins fortunée qui décaisse sur une plus courte période le temps de recevoir les prestations gouvernementales, la situation actuelle peut être davantage une préoccupation, explique M. Bray. Si elle décaisse par exemple 20 % de son portefeuille chaque année, le marché baissier peut faire plus mal à ses revenus de retraite. »

Pour limiter les dégâts, le client devra revoir son budget, à plus forte raison en période d’inflation.

Selon Martin Bray, l’immobilier représente la meilleure protection actuellement contre la montée de l’inflation. Depuis deux ans, la valeur des maisons a connu une hausse de 30 % environ.

Même si une correction des marchés est toujours désagréable, il reste confiant. « Nous sommes dans une période de transition. Peut-être sommes-nous en train de créer une situation plus favorable. Actuellement, le taux des dépôts à terme avoisine 3,80 % alors qu’il était de 1,5 % il y a un an. Cela veut dire que la portion sécuritaire du portefeuille redeviendra une option plus intéressante. »