Payons-nous plus d’impôts que nous ne percevons de services?

Par La rédaction | 9 mars 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Photo : urbazon / istockphoto

Un nouvel outil informatique permet désormais aux contribuables de mieux comprendre à quoi servent les impôts qu’ils versent au cours de (presque toute) leur vie au gouvernement, rapporte Le Devoir

Partant de l’idée reçue que les Québécois verseraient plus d’argent aux deux paliers de gouvernement qu’ils ne reçoivent de transferts et de services publics en retour, le quotidien montréalais note que ce constat est souvent vrai, du moins durant leur vie active. En revanche, ajoute-t-il, ce déséquilibre a tendance à s’inverser après la retraite, surtout si le contribuable vit assez vieux pour profiter des prestations auxquelles il pourrait avoir droit.

Récemment créé par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, cet outil informatique permet désormais de visualiser, exemples concrets à l’appui, le parcours de plusieurs types de structures familiales baptisées pour l’occasion « Ella ». La première est constituée par une personne qui restera toute sa vie célibataire et sans enfant; la deuxième par un ménage ayant deux enfants et la troisième par une femme seule avec un enfant à charge.

RÉCITS PARALLÈLES DE TROIS VIES

Une démarche très intéressante, souligne Le Devoir, car « elle permet de suivre en parallèle le récit de ces trois vies en ce qui a trait aux impôts, aux taxes et aux autres charges sociales » qui devront être versés aux gouvernements. Sans oublier, bien sûr, les prestations et autres transferts que ces personnes recevront en retour, ainsi que les services d’éducation, de garderie ou de santé dont elles pourront éventuellement profiter.

Concrètement, montre Le Devoir, un étudiant au cégep gagnant 7 500 $ par an versera l’essentiel de sa contribution à l’État (1 500 $) sous la forme de taxe à la consommation, ce qui est bien peu comparativement aux quelque 12 000 $ investis par le gouvernement dans ses études. Toutefois, le rapport s’inverse par la suite dans l’autre sens, puisqu’un couple ayant deux enfants en bas âge devra reverser aux gouvernements fédéral et provincial près du tiers des 111 000 $ de revenus du ménage en impôts, taxes et autres prélèvements obligatoires (Régie des rentes du Québec, par exemple), alors qu’il ne recevra en contrepartie que 20 000 $ environ (services de garde, subventions pour l’école primaire, allocations pour enfants, etc.).

Après 60 ans, note Le Devoir, la courbe s’inverse de nouveau au profit du contribuable. Résultat : une mère célibataire, ancienne fonctionnaire, recevra par exemple deux fois plus de prestations de la Régie des rentes ou en aide pour ses soins de santé qu’elle ne paye encore d’impôts, de taxes ou de cotisations à l’assurance médicaments.

DES SCÉNARIOS PROCHES DE LA « VRAIE VIE »

Interrogé par le quotidien, l’un des concepteurs de l’outil élaboré par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques indique avoir voulu fournir aux contribuables de la province de l’information concrète. « Notre objectif était de faire quelque chose qu’on ne voit pas souvent, c’est-à-dire élargir la perspective et montrer l’évolution des prélèvements perçus et des prestations reçues sur l’ensemble du cycle de vie », explique Michaël Robert-Angers.

Avec l’aide d’experts de Polytechnique Montréal, les concepteurs du nouvel outil envisageraient déjà la possibilité de permettre un jour à ses utilisateurs de personnaliser leurs parcours de vie, indique par ailleurs Le Devoir. En effet, relève le journal, si les trois scénarios présentés aujourd’hui se veulent un fidèle reflet de la « vraie vie », il était néanmoins impossible à leurs concepteurs d’y intégrer certaines particularités fiscales, comme l’impôt foncier ou les prestations d’assurance-chômage. Autrement, le nombre d’hypothèses et de scénarios aurait été trop important pour que Monsieur et Madame Tout-le-Monde s’y retrouvent facilement.

« Ces scénarios se veulent les plus représentatifs possible. Et ce qu’on voulait que les gens en retiennent, c’est fondamentalement qu’ils reçoivent des services publics en contrepartie des impôts qu’ils payent », résume Luc Godbout, professeur et chercheur principal à la Chaire en fiscalité.

La rédaction