Philanthropie : les dons caritatifs en baisse

Par La rédaction | 25 avril 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En même temps que la crise sanitaire et les perturbations économiques entraînent une hausse des besoins, moins de Canadiens font des dons aux organismes philanthropiques.

C’est ce qui ressort du Rapport sur les dons 2023 publié par CanaDon.

Il n’y a pas que les dons des particuliers qui sont en déclin (-44,5 %). Les sociétés (-28,3 %) et les gouvernements (-12,7 %) sont aussi moins généreux. Des organismes de bienfaisance font aussi des dons à d’autres organismes, et les montants qu’ils recueillent sont également en baisse (-18,4 %).

Ce sont les organismes de petite taille qui sont plus nombreux à rapporter une diminution des dons. Près d’un sur deux n’a pu compter que sur la générosité des particuliers et des entreprises.

Par la force des choses, de nombreux organismes ont investi davantage dans la collecte de fonds pour recueillir le financement nécessaire. Plus d’un sur dix (12 %) a augmenté les dépenses liées aux programmes de grands donateurs, 24 % l’ont fait dans le cadre d’événements et 30 % ont davantage misé sur les récits en ligne d’exemples vécus pour rejoindre les donateurs.

Accroître les investissements n’est toutefois pas à la portée de tous les petits organismes qui représentent la majorité (78 %) des organisations caritatives.

Celles-ci ne sont pas qu’à la recherche de fonds, elles sont aussi en manque de bénévoles qui se font moins nombreux depuis la pandémie. Plusieurs rencontrent des difficultés à reconstruire leurs programmes de bénévolat, et n’anticipent pas de rebond dans un avenir proche.

FAIBLE CROISSANCE DES DONS EN LIGNE

En 2022, les dons en ligne faits par l’entremise de CanaDon ont augmenté de 4 % comparativement à l’année précédente. Il y a eu 963 000 Canadiens — soit 3,1 % de la population adulte — qui ont donné 439 millions de dollars (M$) à plus de 30 455 organismes.

Malgré ce résultat positif, le tableau s’assombrit. Entre 2010 et 2020, le taux de croissance annuel était de plus de 22 % par an. L’augmentation du coût de la vie et les perturbations économiques auraient un effet direct sur les dons en ligne, d’où la plus faible croissance.

Les Canadiens se sont toutefois montrés généreux face à la crise en Ukraine provoquée par la guerre menée par la Russie. Globalement, les dons en soutien aux Ukrainiens ont représenté 9 % du total des dons en ligne.

Si on peut se réjouir de cet élan de générosité, il faut toutefois réaliser que cette concentration des sommes recueillies auprès d’un petit nombre d’organismes de bienfaisance a un impact négatif sur le financement d’autres œuvres caritatives alors qu’elles doivent composer avec une demande accrue de services.

L’initiative Mardi je donne, la journée mondiale consacrée à la générosité, qui a lieu après le Vendredi fou et le Cyberlundi, est devenue un événement majeur pour les œuvres philanthropiques. En 2022, 5 % de l’ensemble des donateurs ont donné à l’occasion de Mardi je donne, qui existe depuis 2013 au Canada. Près du tiers (32 %) des donateurs ont fait des dons additionnels avant la période des Fêtes.

Selon CanaDon, les organismes qui participent à Mardi je donne lèvent 256 fois plus de fonds cette journée-là et 5,7 fois plus de fonds jusqu’au 31 décembre.

Rappelons que chaque année, décembre est le mois le plus important en matière de dons, représentant 30 % du total des montants recueillis faits dans l’année. En 2022, l’incertitude économique a incité de nombreux donateurs à repousser leurs dons jusqu’aux derniers jours du mois, à temps pour recevoir leurs reçus fiscaux.

QUI FAIT DES DONS ?

Les familles fortunées (21 %) et les résidents des centres-villes (11 %) représentent les deux principaux groupes de donateurs. Les premières contribuent à 27 % du total des dons et les deuxièmes à 15 %.

Le rapport de CanaDon démontre toutefois que la participation aux dons caritatifs diminue dans toutes les tranches de revenus. Et les baisses sont plus marquées chez les ménages au revenu élevé. La baisse est de 23 % chez ceux qui gagnent entre100 000 $ et 149 000 $, de 24 % chez ceux qui déclarent entre 150 000 $ et 249 000 $ et de 19 % chez les ménages dont le revenu est de 250 000 $ et plus.

Globalement, le taux de participation aux dons des ménages canadiens a baissé de huit points de pourcentage, passant de 36 % à 28 %, entre 2010 et 2020. Une chute « alarmante » pour la santé financière des organismes de bienfaisance au pays, selon CanaDon.

Autre source d’inquiétude, les dons sont en déclin dans toutes les tranches d’âge sauf chez les moins de 25 ans. Chez ces derniers, le taux de participation est passé de 5,9 % à 6,7 % entre 2010 et 2020. La baisse la plus marquée est chez les 35 à 54 ans (25,3 % à 19 %). Tous âges confondus, le taux de participation aux dons atteint 18,4 % en 2020, comparativement à 23,4 % en 2010.

La rédaction