Pour une économie post-COVID plus verte

Par La rédaction | 8 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Photo : greyjj / 123RF

Les plans de relance adoptés par les principaux pays industrialisés pour se relever de la pandémie de COVID-19 constituent une « chance unique » d’accélérer la transition vers une économie mondiale plus respectueuse de l’environnement, selon plusieurs banquiers centraux.

« À moins que nous n’agissions dès aujourd’hui, la crise climatique sera le scénario qui surviendra demain et, contrairement à ce qu’il se passe avec la COVID-19, personne ne pourra s’isoler pour l’éviter », écrivent-ils dans une tribune publiée vendredi par The Guardian.

Le texte est signé par :

  • Andrew Bailey, gouverneur de la Banque d’Angleterre
  • François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France
  • Frank Elderson, directeur exécutif de la supervision de la banque centrale néerlandaise
  • Mark Carney, envoyé spécial de l’Organisation des Nations Unies pour le climat, également ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre

AGIR TOUT DE SUITE ET À MOINDRES FRAIS

Ces hauts responsables jugent en effet que la crise générée par la pandémie de coronavirus « offre la chance d’une vie » pour rebâtir l’économie afin de mieux combattre les changements climatiques. S’ils disent approuver les mesures de soutien financier instaurées par les États pour amortir le choc dû à la crise sanitaire et pour limiter les effets de la récession, les signataires de cette tribune réclament cependant davantage de vision à long terme.

Rappelant que la plupart des pays dans le monde ne respectent pas l’Accord de Paris sur le climat, dont l’objectif est de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C d’ici la fin du siècle, les quatre hommes estiment que le fait d’agir immédiatement permettrait d’éviter « des ajustements brutaux ultérieurs », explique l’AFP.

Cette dernière rappelle que plusieurs banques centrales ont déjà lancé le Réseau pour le verdissement du système financier. Parmi ses membres figurent notamment la Banque centrale européenne, la Banque de France, la Bundesbank, les banques centrales d’Angleterre, du Canada, du Luxembourg, de Malaisie ainsi que l’Autorité des services financiers de Dubaï. En revanche, la Réserve fédérale américaine n’en fait toujours pas partie.

LES ÉNERGIES FOSSILES PROGRESSENT

L’une des raisons qui ont poussé les signataires de la tribune à lancer un appel au monde économique et financier est que, l’an dernier, le soutien à la production d’énergies fossiles a fortement progressé dans le monde, ce qu’ont d’ailleurs déploré vendredi l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE), rapporte l’AFP.

Les données publiées la semaine dernière par les deux organisations montrent en effet « une hausse de 38 % du soutien direct et indirect en faveur de la production d’énergies fossiles dans 44 économies avancées et émergentes ».

Ce constat alarmant a conduit le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, à faire part de sa « tristesse » face au « relâchement des efforts visant à éliminer progressivement le soutien aux énergies fossiles ». D’autant plus que « cette hausse des subventions à la production semble vouloir se poursuive en 2020, certains pays prévoyant d’aider ce secteur et ses activités connexes », selon lui.

À l’instar des signataires de la tribune du Guardian, les dirigeants de l’OCDE et de l’AIE soulignent que les plans de relance économique post-COVID représentent l’occasion idéale de modifier le cours des choses.

« Le faible niveau de prix des énergies fossiles aujourd’hui offre aux pays une occasion en or d’éliminer graduellement les subventions à la consommation », estime par exemple Fatih Birol, directeur général de l’AIE.

« À l’heure où les pouvoirs publics cherchent à doper l’emploi et à préparer un avenir meilleur et plus résilient, il est essentiel d’éviter les distorsions du marché qui favorisent les technologies polluantes et inefficaces », conclut-il.

La rédaction vous recommande :

La rédaction