Les Québécois dans le rouge

Par La rédaction | 22 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Poches de pantalon vides
Photo : nito500 / 123RF

Près de la moitié des Québécois se trouvent aujourd’hui à 200 dollars près de l’insolvabilité à la fin du mois, tandis qu’un nombre croissant d’entre eux ne gagnent pas assez d’argent pour payer leurs factures et leurs dettes, selon un sondage de MNP.

Publié lundi par la compagnie spécialisée en insolvabilité, celui-ci montre que 46 % des résidents de la Belle Province sont dans le rouge avant la fin du mois lorsqu’il s’agit d’acquitter toutes leurs factures et leurs dettes, comparativement à 40 % lors du sondage précédent, réalisé en septembre.

Dans le même temps, 33 % des sondés québécois affirment ne pas avoir suffisamment de revenus pour couvrir ces dépenses obligées, ce qui représente une progression de 5 % par rapport à l’automne dernier.

TRÈS PEU DE MARGE DE MANŒUVRE

Par conséquent, au lieu de rembourser leurs dettes, environ la moitié (46 %) des ménages de la province s’attendent à devoir en assumer davantage au cours des 12 prochains mois pour leur subsistance de base et leurs dépenses familiales. Plus inquiétant encore, moins de deux personnes sur cinq croient qu’il leur serait possible de composer financièrement avec une dépense ou un événement personnel imprévu.

« Les résidents du Québec ont de la difficulté à gérer l’augmentation du coût de leurs dettes engendrée par la hausse des taux d’intérêt. Dans un contexte où leur budget leur permet difficilement de joindre les deux bouts, ils n’ont que très peu de marge de manœuvre pour s’attaquer à la question de la dette sous-jacente », estime MNP.

Les résultats publiés lundi montrent aussi que même si la proportion des personnes affirmant ressentir les effets des hausses des taux d’intérêt (40 %) et s’inquiéter de leur niveau d’endettement actuel (34 %) et du montant de leurs dettes (35 %) a globalement diminué depuis le mois de septembre, plus de deux répondants sur cinq (42 %) demeurent « préoccupés » par les répercussions négatives que pourraient avoir les hausses futures des taux d’intérêt sur leur situation financière.

AUGMENTATION DU NOMBRE DE FAILLITES?

Le sondage révèle par ailleurs que plus de la moitié (52 %) des Québécois croient que la hausse des taux d’intérêt pourrait nuire à leur capacité à rembourser leurs dettes. Près de la moitié (45 %) des répondants pensent ainsi que de nouvelles augmentations risquent de compromettre leur équilibre budgétaire. Et un tiers (33 %) d’entre eux craignent même qu’une hausse des taux ne les accule à la faillite.

À l’échelle régionale, l’enquête d’opinion de MNP constate partout au pays, à l’exception de la région de l’Atlantique, une augmentation de la proportion de résidents qui se trouvent à moins de 200 dollars du seuil d’insolvabilité financière. À noter que les résidents de la Saskatchewan et du Manitoba (56 %) sont ceux qui sont les plus susceptibles d’être dans cette situation, suivis par ceux de l’Alberta (48 %), de la Colombie-Britannique (41 %), de l’Ontario et du Québec (46 %) et des provinces de l’Atlantique (45 %, soit une baisse de 1 % par rapport à septembre). Enfin, un tiers (34 %) des Canadiens disent craindre qu’un membre de leur ménage ou eux-mêmes perdent leur emploi.

Le sondage a été réalisé en ligne par Ipsos entre le 7 et le 12 décembre auprès d’un échantillon de 2 154 personnes d’un océan à l’autre. Sa marge d’erreur est de ±2,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Peu de femmes parmi les riches canadiens

Seule une personne sur cinq parmi celles qui gagnent le mieux leur vie au pays est une femme, révèle une étude de Statistique Canada publiée lundi. Intitulée Qui sont les femmes actives de la tranche de revenu supérieure de 1 % au Canada?, celle-ci est basée sur les données disponibles du recensement de 2016. Concrètement, environ 35 000 femmes, contre 137 000 hommes, appartiennent à la tranche des revenus supérieure de 1 %. En moyenne, les femmes actives de cette tranche gagnaient ainsi un revenu médian de 362 300 dollars, par rapport à 393 200 dollars pour leurs homologues masculins.

Interrogée par Radio-Canada, Rachel Chagnon, directrice de l’Institut de recherches et d’études féministes et professeure au Département de sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal estime qu’il s’agit là « de chiffres récurrents depuis 20 ans »,.

Discrimination systémique

Directrice de l’Institut Femmes, Sociétés, Égalité et Équité (IFSEE) de l’Université Laval, Hélène Lee-Gosselin ajoute cependant qu’il est important de faire une distinction entre le revenu d’emploi et le revenu d’une manière générale. « Une femme peut être rentière, avoir de bons placements et donc, avoir un revenu global très élevé. Cela dit, il est évident que les femmes sont loin d’être celles qui touchent les revenus d’emploi les plus élevés », nuance-t-elle.

Selon la directrice de l’IFSEE, ces résultats s’expliquent par « une discrimination systémique [qui] perdure » et elle est le fruit d’habitudes très anciennes au pays. Caroline Codsi, présidente et fondatrice de l’organisme La gouvernance au féminin, estime pour sa part que seule une minorité (7 %) des femmes négocient leur salaire à un poste d’entrée, contre 50 % des de leurs homologues masculins. « Et ces chiffres évoluent peu lorsqu’il s’agit de renégocier le salaire tout au long d’une carrière, alors l’écart se creuse », explique-t-elle à Radio-Canada.

La rédaction