Hypothèques : que faire face à la hausse des taux ?

Par Sylvie Lemieux | 13 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La hausse des taux d’intérêt fait se questionner bien des propriétaires à l’approche du renouvellement de leur prêt hypothécaire. À combien s’élèvera la hausse de leurs mensualités ? Taux fixe ou taux variable : que choisir ? Et en tant que futur acheteur de maison, comment réagir ? Faut-il repousser son projet d’achat ou viser des propriétés moins chères ?

« Les propriétaires ne saisissent pas toujours bien l’impact que peut avoir la hausse des taux d’intérêt sur leurs versements hypothécaires, constate Carl Vignola, conseiller en gestion de patrimoine chez Gestion de patrimoine TD. C’est notre rôle de les aider à bien comprendre ce qui peut se passer. »

La première étape à entreprendre avant de trop s’en faire, c’est de réexaminer les conditions de son prêt hypothécaire pour s’assurer qu’il correspond toujours à ses objectifs financiers, conseille-t-il.

Ceux qui ont un taux variable doivent s’attendre à voir leur paiement augmenter. Toutefois, ce n’est pas forcément garanti.

« Il est important de savoir que le versement hypothécaire pourrait ne pas changer malgré la hausse des taux d’intérêt, affirme Carl Vignola. Par contre, la portion qui est versée pour payer les intérêts pourrait augmenter, ce qui fait que le capital diminuera moins vite. »

Pour mieux gérer les variations de taux d’intérêt, ces propriétaires pourraient envisager d’augmenter le montant ou la fréquence des paiements réguliers. Autre possibilité : effectuer des paiements forfaitaires. Des conditions s’appliquent, il faut donc s’en informer.

« Si on a une hypothèque à taux variable qui n’est pas à échéance, c’est important de prendre le temps de demander des conseils à son banquier, soutient Carl Vignola. Même si les versements n’augmentent pas, il faut se demander quel sera l’impact au moment du renouvellement. Comme le client aura remboursé moins de capital que prévu, le versement pourrait considérablement augmenter s’il veut conserver le même amortissement. »

S’INFORMER DE SES OPTIONS

Pour ceux qui ont un taux fixe, c’est au moment du renouvellement que l’impact se fera sentir.

« Les plus avantagés sont ceux qui ont renouvelé l’an dernier pour cinq ans. Ils se sont mis à l’abri des hausses de taux et pourront profiter de leur baisse éventuelle lors de leur prochain renouvellement », explique Carl Vignola.

Pour ceux dont le renouvellement est à plus courte échéance, quelques options s’offrent à eux.

« Ils doivent d’abord évaluer s’ils ont la capacité financière pour absorber une hausse de 2 % à 3 % du taux d’intérêt. Il est aussi possible de faire des paiements forfaitaires pour rembourser le prêt plus rapidement et ainsi réduire le montant de l’hypothèque au renouvellement », conseille M. Vignola. De cette façon, même si le taux d’intérêt augmente, les paiements seront plus faciles à gérer.

Rappelons que les paiements forfaitaires peuvent se faire sans pénalité selon certaines conditions. Encore là, il vaut mieux s’informer auprès de son prêteur.

Il reste à décider s’il vaut mieux renouveler pour un an ou plus. Les taux d’intérêt baisseront-ils ? Sur quel horizon ? Difficile de répondre à ces questions.

Plusieurs éléments sont à considérer, selon Carl Vignola. Le client vivra-t-il des changements importants dans les prochaines années comme la retraite ou un congé sans solde. A-t-il des projets qui nécessiteront un financement ? Pour faire le point, mieux vaut demander conseil.

FUTURS ACHETEURS : BIEN SE PRÉPARER

Face à l’évolution du marché, les futurs acquéreurs doivent d’abord s’assurer que leur budget tient toujours la route. Avec l’inflation, certains postes budgétaires comme l’alimentation et le transport ont pu augmenter.

Peut-être faut-il aussi réviser ses besoins en habitation — maison plus petite ? Quartier plus abordable ? — afin de réorienter ses recherches.

Attention aux préapprobations hypothécaires qui datent de plusieurs semaines, met en garde Carl Vignola.

« Même si le client s’est qualifié avec le test de résistance bancaire, la préapprobation pourrait être plus ou moins valide, dit-il. Il vaut mieux faire une nouvelle demande pour éviter les mauvaises surprises. »

La préapprobation permet de fixer un taux pendant 120 jours. Le futur acheteur se met ainsi à l’abri d’une prochaine hausse. Si toutefois les taux baissent, un ajustement est possible sans devoir remplir une nouvelle demande.

« Ce peut aussi être l’occasion de reconsidérer ses options, soutient Carl Vignola. Au lieu de déménager, il vaut peut-être mieux rénover son habitation. Certains produits de financement comme la ligne de crédit sur valeur domiciliaire peuvent représenter une option avantageuse. »

Bref, c’est en se posant les bonnes questions qu’on peut choisir la stratégie qui convient le mieux.