Qui sera à la tête de la Banque du Canada?

Par La rédaction | 21 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada.
Photo : G20 Argentina / Wikemedia creative commons

Un récent sondage de Bloomberg réalisé auprès de treize économistes canadiens présente la succession de Stephen Poloz [photo] à la tête de la Banque du Canada (BoC) comme une course à deux entre son actuelle gouverneure adjointe, Carolyn Wilkins, et Jean Boivin, le directeur de la recherche de BlackRock.

Carolyn Wilkins aurait 79 % de chance de l’emporter selon ces économistes, contre 69 % pour Jean Boivin. Elle serait la première femme à occuper ce poste.

Âgée de 55 ans, Mme Wilkins est responsable de la planification stratégique et de la recherche économique de la BoC. Elle collabore à des rencontres de haut niveau du G20 et du Conseil de la stabilité financière, en plus d’évaluer le mandat de contrôle de l’inflation de la BoC. 

Puisqu’elle agit déjà comme numéro deux, les bons et les mauvais coups de la BoC ces dernières années rejailliront sur elle. Les critiques de Bay Street quant à l’inconstance des communications de l’institution sur ses politiques pourraient jouer contre elle, tout comme le fait qu’elle n’a jamais travaillé dans le secteur privé et qu’elle ne détient pas de doctorat. 

UN PREMIER FRANCOPHONE?

Pour sa part, Jean Boivin a étudié à l’Université Princeton auprès de Ben Bernanke, qui a dirigé la Réserve fédérale américaine de 2006 à 2014. Sa nomination constituerait elle aussi une première, car aucun francophone n’a jamais occupé ce poste. 

Jean Boivin a été gouverneur adjoint de la BoC sous Mark Carney, avant de devenir conseiller du ministre des Finances du Canada. Il travaille à BlackRock depuis 2014, ce qui lui donne la réputation de bien connaître le secteur financier.

Toutefois, il manquerait d’expérience dans la direction de grandes entreprises complexes. Récemment, il a fait part de sa vision privilégiant une coordination plus explicite entre les banques centrales et les gouvernements lorsque l’économie entre en récession.

UN CANDIDAT EN EMBUSCADE

Tim Macklem, doyen de l’École d’administration Rotman, pourrait-il causer la surprise en coiffant les deux favoris? Il pointe à 28 % de chance dans le sondage de Bloomberg. Âgé de 58 ans, il a travaillé à la BoC par le passé. Il l’avait quittée après avoir perdu la course pour en prendre la tête contre Stephen Poloz. Avant cela, il avait agi en tant que ministre adjoint associé au département des Finances lors de la crise de 2008. Apprécié par le gouvernement Trudeau et dans les cercles de la BoC, il est perçu comme un candidat solide, mais il n’est pas clair si la fonction l’intéresse.

D’AUTRES POSSIBILITÉS

Qui sont les autres candidats?

Paul Rochon, adjoint au ministre des Finances du Canada, aurait 5 % de chance de décrocher le poste. Ce fonctionnaire de carrière possède une maîtrise en économie et n’a jamais travaillé à la BoC. Cependant, deux des trois plus récents gouverneurs de la BoC avaient, avant leur nomination, occupé des emplois importants au ministère des Finances. Le gouvernement aime bien connaître ceux qui contrôleront la politique monétaire du pays.

Paul Beaudry, un autre ancien de Princeton, aurait 3 % de chance d’être nommé. Il a rejoint la BoC l’an dernier à la suite d’une carrière universitaire consacrée à la recherche macroéconomique. Il a toutefois peu d’expérience comme gestionnaire.

Evan Siddall, un ancien banquier de Goldman Sachs, dirige depuis six ans la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Il s’est trouvé à l’avant-plan des efforts pour éviter une surchauffe du secteur immobilier et réduire le niveau d’endettement hypothécaire. Il a brièvement travaillé en tant que conseiller spécial de Mark Carney à la BoC en 2012. Il souffre d’un début de maladie de Parkinson depuis 2015. 

Le mandat de Stephen Poloz se termine le 2 juin.

La rédaction