Un billet très populaire

Par La rédaction | 21 août 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Billet de un dollar américain.
Photo : Kira Garmashova / 123RF

Depuis la crise financière mondiale de 2008, la coupure de 100 dollars américains est devenue particulièrement populaire, voyant son utilisation plus que doubler. Récemment, elle a même dépassé celle du célèbre billet de 1 dollar.

Le billet à l’effigie de Benjamin Franklin est, pour la première fois de l’histoire monétaire américaine, la coupure qui circule le plus dans le monde, révèle Melinda Wair, une blogueuse du Fonds monétaire internationale en s’appuyant sur les statistiques de la Réserve fédérale (Fed).

Depuis la crise des subprimes en 2008, le billet de 100 $ a connu une expansion extraordinaire. En 2018, près de 14 milliards de coupure de ce montant circulaient, contre un peu plus de 12 milliards de 1 $.

À l’ère des monnaies numériques, comment expliquer ce regain d’enthousiasme pour les grosses coupures? se demande Melinda Wair. Les Américains seraient-ils nostalgiques?

Non, affirme la blogueuse. Même si la demande globale de monnaie américaine est en hausse, la grande majorité des billets de 100 $ seraient détenus à l’étranger. Selon la Réserve fédérale de Chicago, près de 80 % des billets de 100 $, et plus de 60 % de tous les billets américains, seraient à l’extérieur de la frontière américaine. Une sacrée évolution par rapport à 1980, où « seulement » 30 % de ces billets n’étaient pas aux États-Unis.

UN ACTIF SÛR

L’instabilité géopolitique expliquerait la raison de la popularité de ces billets, affirme Ruth Judson, économiste à la Fed.

« La demande de dollars américains à l’étranger est probablement motivée par son statut d’actif sûr », a-t-il déclaré en 2018.

Un document datant de 2017 signé Ruth Judson montre que la demande internationale de dollars américains a augmenté au cours des années 1990, puis au début des années 2000 avant de se stabiliser et même de diminuer avec le lancement de l’euro en 2002. La crise financière de 2008 a relancé la demande de billets verts américains.

LA COUPURE DU CRIME

Kenneth Rogoff, professeur d’économie à l’Université Harvard, voit une autre explication à cette popularité. Selon lui, les billets de 100 $ sont étroitement liés aux activités illicites.

« Dans le monde entier, les billets de banque de grande valeur sont principalement utilisés pour éviter les impôts et la réglementation, ainsi que pour des activités illégales, observe-t-il. Les appartements et les maisons dans les grandes villes du monde entier sont payés avec des valises de liquide tous les jours, et ce n’est pas parce que les acheteurs ont peur des faillites bancaires. »

L’économie criminelle pourrait aussi être en cause, car les billets sont moins facilement traçables que les transactions en ligne, explique Nadim Kyriakos-Saad, membre de la division anti-blanchiment au Fonds monétaire international (FMI).

L’ancien secrétaire au Trésor américain Lawrence Summers et Kenneth Rogoff suggèrent donc d’arrêter d’imprimer de grosses coupures, conseil que certaines banques centrales ont déjà suivi. En 2016, La banque centrale indienne a annoncé la démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies et, la même année, la Banque centrale européenne a déclaré qu’elle ne produirait plus de billets de 500 euros. Mais, pour le moment, la Fed ne semble pas prête à les imiter et la demande de 100 dollars continue de grimper.

La rédaction