Un bon marché pour les investisseurs aux nerfs solides

Par La rédaction | 3 Décembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme miniature résistant au pied d'un géant qui tente de l'écraser.
Photo : konstantynov / 123RF

Le retour de la volatilité et la remontée des taux d’intérêt après dix ans de marché haussier et de faibles taux causent bien des angoisses aux investisseurs. Dans une récente analyse, Mathieu D’Anjou, économiste en chef adjoint du Mouvement Desjardins prévoit que la volatilité est là pour durer, mais que le marché boursier pourrait tout de même rester intéressant.

En 2018, deux corrections boursières ont fait mal. Au quatrième trimestre, la Bourse américaine, qui était restée la plus solide jusque-là, a vu s’envoler tous ses gains des neufs premiers mois. Le S&P 500 a perdu plus de 10 % de sa valeur en octobre, après avoir connu une belle montée pendant des mois.

Rien d’anormal, croit M. D’Anjou. « C’est plutôt la montée en ligne droite du S&P 500 en 2017 qui fait figure d’exception d’un point de vue historique », précise-t-il. La normalisation des politiques monétaires ne pouvait que ramener la volatilité sur les marchés, puisque la valeur des actifs n’est plus soutenue contre vents et marées par une injection de liquidités des banques centrales.

LA BOURSE AMÉRICAINE À SA JUSTE VALEUR?

Dans le nouveau contexte, il faut s’assurer que la valeur des Bourses repose sur des facteurs fondamentaux solides. Or, les craintes de surévaluation du marché boursier américain se font entendre depuis un bon moment. Le S&P 500 a plus que quadruplé depuis mars 2009 et n’a connu aucun recul de plus de 20 %. La Bourse paraît aussi très chère par rapport à l’économie.

Cependant, cette surévaluation paraît moins évidente si l’on tient compte des profits des entreprises et des taux d’intérêt, ce que ne fait pas le ratio entre la capitalisation boursière et le PIB. Le ratio cour/bénéfice tendanciel (CAPE) de Robert Shiller montre quant à lui que le S&P 500 n’est pas surévalué par rapport au marché obligataire. Il le serait encore moins si l’on tenait compte des profits réels moyens des cinq dernières années, plutôt que de la dernière décennie, ce qui réduirait l’incidence de la période de la crise financière sur le calcul de la moyenne.

C’est justement en regardant les profits très élevés des entreprises que M. D’Anjou se rassure quant à l’évaluation de la Bourse américaine. Les entreprises composant le S&P 500 se dirigent vers une augmentation de leurs profits de plus de 25 % en 2018. Les entreprises canadiennes affichent aussi une belle croissance de leurs profits.

S’il faut s’attendre à ce que l’augmentation des salaires et des celle des taux d’intérêt commencent à freiner la croissance des bénéfices, il ne faut pas nécessairement y voir poindre le risque d’une chute des bénéfices qui justifierait un véritable marché baissier.

DE BELLES OCCASIONS D’ACHAT

M. D’Anjou ne voit pas venir de récession et juge exagérée la récente chute des indices boursiers et des ratios cours/bénéfice. Cela signifie que le marché recèle de belles occasions d’achat pour les investisseurs, à condition que ceux-ci démontrent des nerfs suffisamment solides pour affronter une certaine volatilité. L’économiste estime qu’un investisseur peut espérer un rendement de 7 % par année en achetant la Bourse américaine. Les gains pourraient être encore plus prononcés sur la Bourse canadienne, qui paraît sous-évaluée.

M. D’Anjou va même jusqu’à dire qu’il est difficile d’identifier une classe d’actif plus attrayante en ce moment, notamment en raison des taux d’intérêt qui restent bas, malgré leur remontée. Le marché monétaire n’offre pas de perspectives de forts rendements, alors que plusieurs indices internationaux obligent à s’exposer à des risques économique et politiques élevés, notamment en Europe et dans les pays émergents.

Tous courageux qu’ils soient, les investisseurs qui optent pour la Bourse doivent tout de même rester vigilants. Un véritable marché baissier risque de survenir lorsque le cycle de croissance prendra fin. « Dans un horizon de placement à long terme, ce type de fluctuation a toutefois peu d’effet alors que de telles corrections sont souvent suivies de rebonds tout aussi marqués lorsque la croissance recommence à s’accélérer », conclut M. D’Anjou.

La rédaction