Un enfant, ça n’a pas de prix… mais ça a un coût!

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 18 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Fillette déposant une pièce de monnaie dans une tirelire.
Photo : evgenyatamanenko / istockphoto

La journaliste et fondatrice du site Économies et cie, Nathalie Côté, publie un guide de survie financière à l’usage des futurs et nouveaux parents. Elle leur conseille notamment à plusieurs reprises de consulter… un conseiller!

Conseiller : Votre ouvrage s’adresse aux parents, mais peut-il aussi servir aux professionnels en services financiers?

Nathalie Côté : Lorsque je suis devenue maman, j’ai cherché de l’information pour comprendre quel effet avoir un enfant aurait sur mon budget. J’ai trouvé des choses en fouillant un peu partout sur Internet mais ce n’est pas toujours complet, ni facilement accessible.

Je me suis dit que lorsque mes enfants seraient un peu plus grands et que j’aurais un peu plus de temps, j’écrirai un guide dans lequel on trouverait toute l’information, aussi bien le budget que des trucs pour économiser. J’étais certaine que ça pourrait aider les jeunes parents et en ce sens, il leur est consacré. Mais il est certain qu’il peut également servir aux conseillers, tout comme aux associations de consommateurs et aux organismes qui œuvrent auprès des familles.

: Dès le titre, vous parlez de « survie financière ». Est-ce à dire qu’il est difficile de survivre financièrement à la naissance d’un enfant?

NC : Il y a une touche d’humour dans ce titre, mais il ne faut pas nier que faire grandir un enfant au sein de la famille représente une grosse dépense. On ne veut pas le voir quand on est enceinte. On veut juste avoir un bébé en santé et vivre les émotions que cela procure. Mais dans un budget, l’arrivée d’un enfant, ça fait une grosse différence.

Souvent, les gens ne sont pas préparés à ça, ils ne savent pas ce qui les attend. C’est une période où le revenu chute à cause des congés parentaux, et les dépenses augmentent. Ajoutons à cela que le couple est très vulnérable, fatigué par les courtes nuits. On n’a pas besoin de problèmes financiers en plus qui puissent venir créer des frictions, des disputes.

: Quels sont les risques financiers auxquels font face les jeunes parents?

NC : Le manque de préparation va mener à un manque de planification et finalement à l’endettement. Sans préparation, il est fort probable que le parent dépasse son budget, d’autant qu’il va avoir toutes sortes d’incitatifs pour acheter toujours plus et mettre ces dépenses sur la carte de crédit. Sauf que s’il le fait trop et ne peut pas rembourser le solde de sa carte régulièrement, on s’endette très rapidement.

: Est-il tabou de parler d’argent quand il s’agit de nos enfants?

NC : C’est un tabou de parler d’argent tout court et encore plus lorsqu’il s’agit de nos enfants. Personne ne va garder toutes ses factures et les présenter à son enfant lorsqu’il quittera la maison! On les aime nos enfants, on veut le meilleur pour eux. On est réticent à mettre un prix là-dessus.

: Mais avoir un enfant, ça vient aussi avec des revenus et des crédits d’impôt…

NC : C’est vrai, mais pour en bénéficier, encore faut-il les connaître. Et comprendre comment ça fonctionne pour ne pas avoir de trop grandes attentes, par exemple. C’est à cela que ce guide sert. Mais je conseille aussi aux jeunes parents de consulter un professionnel en services financiers. Devenir parent, c’est un sacré changement dans la vie. Le moment est opportun pour vérifier que sa sécurité financière est optimale et le cas échéant, faire des modifications.

: Vous avez d’ailleurs consacré un chapitre aux différents professionnels.

NC : Tout le monde parle des conseillers financiers, or, ce titre n’existe pas. Par méconnaissance, il y a des parents qui vont prendre rendez-vous avec un conseiller en placement alors qu’ils souhaitent contracter une assurance vie. Ce n’est pas grave en soi, il suffit de prendre ensuite rendez-vous avec le bon professionnel. Sauf que c’est du temps perdu et le temps, c’est ce qui manque le plus aux parents.

: Quel type de conseiller les jeunes parents devraient-ils consulter en premier?

NC : Cela dépend de leur situation. Le planificateur financier va regarder leur situation globale et faire des propositions. Ça peut être très intéressant d’en voir un à ce moment clé de leur vie. Mais d’autres voudront simplement souscrire des assurances auprès d’un conseiller en sécurité financière pour avoir quelque chose à laisser à leurs enfants en cas de décès. D’autres encore auront tout intérêt à faire faire leur déclaration de revenus par un comptable pour être certains de ne pas oublier quelques crédits d’impôts, par exemple.

: Consulter tous ces spécialistes peut devenir coûteux, diront certains…

NC : Ne pas le faire est encore plus cher! Imaginez un travailleur autonome qui n’a pas d’assurance invalidité et qui devient inapte au travail… Comment subvient-il à ses besoins et à ceux de son enfant? Un bon professionnel va pouvoir analyser la situation du jeune parent afin de déterminer les produits dont il a besoin. C’est un souci de moins à gérer pour la famille!

Nathalie Côté, Devenir parents – Guide de survie financière, Éditions Broquet, 2018, 128 pages.

Hélène Roulot-Ganzmann