Volatilité : pensez-y à deux fois avant de vendre

Par La rédaction | 16 mars 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : gopixa / 123RF

Si vous êtes sur le point de prendre votre retraite ou que vous venez d’arrêter de travailler, la dégringolade actuelle des Bourses pourrait vous donner le goût de vendre vos actifs… ce qui serait une fort mauvaise idée, selon Tara Siegel Bernard.

Dans un récent article publié par le New York Times (en anglais), cette ex-rédactrice en chef adjointe de FiLife, un site consacré aux finances personnelles, met en garde les investisseurs contre cette tentation. Si elle admet qu’il est difficile de faire abstraction des récents soubresauts du marché et des grands titres des médias, elle rappelle que plusieurs études démontrent que les Américains dans la soixantaine peuvent espérer vivre environ trois décennies. Et que, dans ces conditions, ils ont intérêt à conserver « un bon paquet d’actions » dans leur portefeuille.

En effet, insiste-t-elle, le fait de détenir des actions diversifiées demeure la meilleure façon de ne pas risquer de se retrouver un jour à court d’argent. Concrètement, un retraité dont l’épargne est répartie de manière égale entre actions et obligations, ce qui est souvent le cas, dispose ainsi d’un « coussin de sécurité ». La raison? Si le marché boursier a dévissé au cours des deux dernières semaines, de nombreux fonds destinés aux retraités ont enregistré des pertes inférieures à la moyennes. La volatilité constatée actuellement « ne devrait donc pas déclencher de sonnette d’alarme ni inciter à des actions précipitées », met en garde Tara Siegel Bernard.

LE DÉBUT DE LA RETRAITE EST UN MOMENT CLÉ

Mais attention, nuance-t-elle, garder la tête froide ne veut pas dire qu’il ne faut pas tenir compte de la situation présente et, le cas échéant, agir très vite, surtout dans le cas des personnes qui sont au début de leur retraite. « Pendant la crise financière de 2008-2009, le marché boursier a globalement perdu la moitié de sa valeur. Pour de nombreux retraités dont les investissements étaient répartis de manière équilibrée entre actions et obligations, cela s’est traduit par une perte de plus de 25 % en l’espace de quelques mois. Ce type de situation peut donc obliger certaines personnes, en particulier celles qui viennent juste de quitter la vie active, à procéder à des ajustements sans attendre », explique la spécialiste.

« Si le marché chute au moment où un jeune retraité commence à retirer de l’argent, ce dernier risque de devoir vendre une partie de ses placements alors que ceux-ci sont orientés à la baisse. Facteur aggravant, revendre ses investissements dans de telles conditions élimine aussi toute chance d’en tirer profit lorsque le marché se redressera. En outre, le vendeur devra écouler plus d’actions pour obtenir la même somme d’argent que celle qu’il avait retirée avant la chute, ce qui ne fait qu’accélérer l’épuisement de son portefeuille », détaille Tara Siegel Bernard.

La solution? Les deux premières années de la retraite étant la période où il faut absolument éviter de subir de trop grosses pertes, la meilleure solution consiste à acquérir un portefeuille assez prudent, estime Jamie Hopkins, directeur de la recherche sur la retraite chez Carson Group, une société de gestion de fortune basée à Omaha (Nebraska). Plusieurs investisseurs suivent d’ailleurs ces conseils, en particulier ceux qui ont placé une partie de leur argent dans des fonds à date cible, dont la combinaison d’investissements devient petit à petit plus prudente à mesure que l’on approche d’une certaine échéance.

ÊTRE PRUDENT, C’EST BIEN… MAIS PAS TROP

De nombreux fonds à date cible, spécialement conçus pour les personnes qui prendront leur retraite en 2020 par exemple, offrent de 50 % à 55 % environ de leurs investissements dans des fonds d’actions. Et généralement, ils s’éloignent ensuite de ce type de produit au fur et à mesure que leurs détenteurs vieillissent, relève Tara Siegel Bernard. Celle-ci note que certains experts en matière de retraite ont constaté qu’« un mélange encore plus prudent au moment de quitter la vie active pourrait être idéal ». Toutefois, remarque-t-elle, ce que ces experts suggèrent de faire ensuite est « contre-intuitif », même si cela met en lumière « le jeu à long terme qu’est le marché boursier ». En effet, plutôt que de maintenir une faible part aux actions à l’intérieur d’un portefeuille, ils conseillent au contraire de l’augmenter progressivement au fur et à mesure que l’on avance en âge.

À l’appui d’une telle stratégie, la spécialiste en finances personnelles cite une étude américaine publiée en 2013 (article en anglais). Selon cette enquête menée par deux chercheurs renommés aux États-Unis, les portefeuilles comportant environ 20 % à 40 % d’actions au moment de la retraite, puis augmentant progressivement cette proportion jusqu’à atteindre environ 50 % ou 60 %, dureraient plus longtemps que ceux qui ont une combinaison statique ou qui se « débarrassent » des actions au fil du temps.

Mais attention, avertit Tara Siegel Bernard, car une telle stratégie pourrait aussi se retourner contre l’investisseur, surtout s’il a de la difficulté à s’y tenir. Toutefois, poursuit-elle, le fait de devenir trop prudent comporte également des risques : peut-être que l’argent investi ne durera pas aussi longtemps qu’il vivra, ou encore qu’il ne croîtra pas assez pour compenser l’inflation…

La rédaction