Épargne collective : le RRQ aurait laissé 26 G$ sur la table

Par La rédaction | 2 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le manque de courage des gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis cinquante ans a coûté 26 milliards de dollars aux épargnants québécois, estiment trois experts dans un rapport rendu public hier et se proposant de tirer les leçons du Régime des rentes du Québec (RRQ) et d’autres régimes de pension.

Dans cette étude, publiée en anglais sur le site de l’institut C.D. Howe, think tank économique et social canadien basé à Toronto, les fiscalistes Luc Godbout, Yves Trudel et Suzie St-Cerny, expliquent en effet que le taux de cotisation imposé au tout début du régime avait été trop bas, qu’il n’a pas depuis été suffisamment réévalué, et que cela est lourd de conséquences.

Les experts rappellent ainsi que pendant les vingt premières années, soit de 1966 à 1986, le taux de cotisation a été de 3,6 %, alors même qu’un comité interministériel recommandait un taux de 4 %. Or, affirment-ils, si cette recommandation avait été suivie, les actifs du RRQ auraient atteint 60 milliards de dollars en 2011 plutôt que 34 milliards. Une différence de 26 milliards, soit 80 %.

INIQUITÉ ENTRE LES COHORTES DE RETRAITÉS

Les auteurs du rapport rappellent que dès les premières années, plusieurs experts avaient alerté les pouvoirs publics sur la menace qui planerait à terme sur le régime si le taux n’était pas réévalué. Mais il aura fallu vingt pour qu’ils soient écoutés. Un immobilisme que Godbout, Trudel et St-Cerny attribuent à une frilosité toute électoraliste de la part des différents partis politiques qui ont gouverné le Québec à cette époque.

Alors que pour la première fois de son histoire le Canada compte plus d’ainés que de jeunes de moins de quatorze ans, les experts fustigent ce manque de courage politique, qui engendre une hausse importante des contributions actuelles et futures et une iniquité entre les cohortes de retraités.

Depuis trente ans, le taux de cotisation n’a en effet pas cessé d’augmenter, passant à 5 % en 1993, à 9,90 % en 2003 et 10,05 % en 2011.

PLUS DE FLEXIBILITÉ ET D’INDÉPENDANCE

Ce rapport est publié alors que le Québec évalue la possibilité d’améliorer son régime de pension en y intégrant une rente longévité et que l’Ontario est sur le point de créer son propre régime universel, visant à procurer une rente de retraite aux 3,5 millions de travailleurs qui n’y ont pas accès.

Dans ce contexte, les trois fiscalistes invitent les protagonistes à tirer les leçons du RRQ et s’essaient à quelques recommandations qu’ils espèrent sans doute être mieux suivies que celles de leurs prédécesseurs.

Afin de bénéficier d’un régime efficient, les provinces devraient notamment, selon eux, se doter de mécanismes de correction automatique qui réagiraient en cas de sous-financement du régime, les paramètres de ce mécanisme devant être déterminés par des experts indépendants de toute influence politique. Les auteurs prônent également plus de flexibilité dans le retrait des fonds. Enfin, la performance du régime devrait quant à elle être évaluée de manière obligatoire par des professionnels indépendants.
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