Épargne-retraite : le RPAC est une piètre solution

19 janvier 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Alors que les trois quarts des PME au Québec se disent favorables aux régimes volontaires d’épargne-retraite pour leurs employés, Gail Bebee estime au contraire qu’il s’agit d’une « piètre solution ».

La chroniqueuse à Morningstar Canada affirme que le Canada n’a besoin « ni d’un autre programme d’épargne-retraite volontaire, ni de la bureaucratie qui y est attachée ». Les instruments existants comme les REER, dit-elle, peuvent être modifiés pour créer des moyens « moins confus et plus économiques » d’améliorer les habitudes d’épargne-retraite des Canadiens.

Que reproche Gail Bebee au Régime de pension agréé collectif (RPAC) que propose le fédéral et, par ricochet, au Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) du Québec? Quatre choses.

1. Un taux appréhendé de faible cotisation. En 2010, signale-t-elle, seulement 26 % des contribuables admissibles ont cotisé à leur REER, principalement parce qu’ils sont incapables d’économiser pour leur retraite. Elle ne voit pas en quoi l’avènement d’un programme de cotisation volontaire changerait « quoi que ce soit à leur comportement ».

2. Une réduction du taux de cotisation REER. Comme les cotisations au RPAC et au RVER sont prévues pour être déductibles d’impôt, elles auront pour effet d’abaisser la limite de cotisation aux REER des travailleurs qui y participeront. « De plus, si un employeur cotise au RPAC d’un employé, la marge de cotisation à un REER sera réduite du montant cotisé par l’employeur », note-t-elle.

3. Un manque de souplesse. Le RPAC suivra les règles propres aux régimes de pension, aussi l’épargne sera-t-elle transférable à un autre régime si le travailleur change d’emploi. « Mais, sauf dans les cas d’invalidité ou de décès, l’argent sera bloqué jusqu’à la retraite. Contrairement aux REER, les fonds ne peuvent pas être retirés (et les impôts payés) si le titulaire du régime a besoin de cet argent », explique Gail Bebee.

Par ailleurs, le RPAC ne permettra pas aux participants d’accéder au Régime d’accession à la propriété et au Régime d’encouragement à l’éducation permanente du gouvernement fédéral.

4. Une incertitude concernant les frais de gestion. Les projets du fédéral et de Québec s’appuient sur la prémisse que les frais de gestion seront très faibles. La chroniqueuse en doute : « Il reste à voir si ces frais seront aussi bas qu’on ne le dit, étant donné que ces régimes seront gérés par les mêmes compagnies de services financiers qui font payer aux Canadiens les frais de fonds communs de placement les plus élevés au monde. »

Si le fédéral veut aider les travailleurs à planifier leurs vieux jours, il devrait instaurer un régime d’épargne-retraite obligatoire ou offrant des mesures incitant à économiser. « Le Canada offre déjà d’excellents programmes d’épargne-retraite qui présentent ces caractéristiques-là. Moyennant quelques petites mises au point, ces programmes pourraient fournir les taux d’épargne-retraite recherchés par le gouvernement », conclut-elle.