Faites comme Warren Buffett : en cas d’inflation, optez pour les actions

9 septembre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les investisseurs s’inquiètent souvent de tout, constate John Reese, gestionnaire de portefeuille aux fonds Omega American & International et chroniqueur au quotidien torontois The Globe and Mail.

Il y a quelques mois, c’est la perspective d’une crise financière mondiale suivie d’une dépression économique qui les effrayait. Maintenant, avec l’injection massive de capital par les gouvernements, c’est le spectre de l’inflation qui les hante. Même si le Canada et les États-Unis ne semblent pas aux prises avec ce problème, il faut quand même le surveiller de près, dit John Reese.

Lorsque l’inflation prend du tonus, les investisseurs se posent normalement deux grandes questions. Peut-elle créer des difficultés majeures pour les placements en actions? Comment positionne-t-on un portefeuille pour le mettre à l’abri des tensions inflationnistes?

De nombreux observateurs affirment que le marché des actions souffre lorsque l’inflation bat son plein. En effet, la théorie veut que les gouvernements haussent alors les taux d’intérêt, rendant les obligations plus attrayantes que les actions.

Mais la réalité est plus complexe, note John Reese. En1975, lorsque l’inflation aux États-Unis s’établissait à 9,2%, le S&P500 s’est apprécié de 30% alors que les bons du Trésor de 10ans rapportaient 8% en moyenne. Et en1980, lorsque l’inflation a grimpé à 13,6%, le S&P 500 a bondi encore une fois de 30 %. Pendant ce temps, les bons du Trésor de 10ans produisaient 11,4%.

L’équation inflation = mauvais pour les actions doit donc être nuancée.

Le légendaire investisseur Warren Buffett s’est toujours accommodé des périodes inflationnistes, indique John Reese. En 1977, à l’aube de l’une des plus fortes poussées des prix aux États-Unis, l’oracle d’Omaha écrivait dans le magazine Fortune que les actions et les obligations pâtiraient de l’inflation, mais qu’à tout prendre les actions seraient le moins mauvais choix pour les investisseurs. Et il prône toujours cette approche.

C’est que lorsque l’inflation frappe, les actions peuvent bénéficier de la croissance des revenus des sociétés qui les ont émises. En effet, celles-ci doivent augmenter leur prix de leurs produits et améliorer leur rentabilité ne serait-ce que pour contrer l’inflation. La plupart des émetteurs d’obligations et de bons du Trésor ne peuvent pas faire cela, souligne John Reese. De plus, comme l’intérêt nominal des obligations est presque toujours inférieur à celui des actions, l’inflation a un effet corrosif plus important sur les premières que sur les secondes.

Imperial Oil, Colgate-Palmolive et d’autres titresPour appuyer ses dires, John Reese cite des études qui montrent que, lorsque les investisseurs conservent leurs actions pendant au moins cinq ans, le rendement qu’elles produisent est presque toujours supérieur à celui des obligations. Et ce, quel que soit le contexte économique.

«M. Buffett a dit que les meilleures protections contre l’inflation sont la capacité de générer des bénéfices, l’exploitation d’une excellente entreprise, peu importe son secteur d’activité, et le faible appétit pour du capital», dit John Reese.

Dans cette optique à la Warren Buffett, John Reese recommande la pétrolière Imperial Oil, le géant de la consommation Colgate-Palmolive et le numéro un chinois de la téléphonie cellulaire China Mobile. Ces entreprises ont augmenté leur bénéfice par action au moins 9 fois au cours des 10 dernières années, et elles produisent des fonds autogénérés année après années. Le rendement sur 10 ans de leurs actions est en moyenne de 15 %, fait remarquer John Reese.