Faut-il investir en Chine?

5 mars 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Un économiste américain reconnu, Burton Malkiel, suggère aux investisseurs d’augmenter de façon significative leurs placements en Chine. Il estime également que la plupart des indices d’actions étrangères ne contiennent pas suffisamment de titres de compagnies chinoises.

Au moment où de nombreux spécialistes prévoient un ralentissement de l’économie chinoise, Burton Malkiel a fait ces recommandations dans une entrevue récente au Globe and Mail. Ce professeur de l’Université Princeton, aujourd’hui âgé de 79 ans, s’est fait connaître en mettant en valeur les placements indiciels, avant que ceux-ci ne deviennent populaires. Il est l’auteur du livre A Random Walk Down Wall Street.

« Depuis toutes les années que j’étudie la Chine et le marché boursier chinois, il n’y a pas eu de période où les évaluations quantitatives ont été aussi favorables que maintenant » dit M. Malkiel. « Les ratios prix-bénéfices sont inférieurs à 10. Historiquement, nous avons vu les actions chinoises à des ratios de 30,40 ou 50 fois les bénéfices », ajoute-t-il.

Baisse de la croissance Les craintes d’un ralentissement économique ont entraîné vers le bas les actions chinoises au cours de la dernière année. De plus, diverses allégations de fraudes dans des entreprises basées en Chine ont contribué à freiner le marché boursier.

Selon M. Malkiel, la croissance chinoise devrait ralentir à un taux annuel inférieur à 8,5 %, par rapport au rythme récent de 10 % de croissance annuelle. Les investisseurs ont cependant de bonnes chances d’obtenir un rendement annuel à deux chiffres sur une période de cinq ans, croit le professeur. Cela à condition qu’un événement majeur ne vienne perturber l’économie mondiale, par exemple un affrontement entre Israël et l’Iran.

Un point de vue différent L’optimisme de Burton Malkiel contraste avec le point de vue de plusieurs économistes qui ont exprimé des craintes par rapport à l’économie chinoise. Parmi ceux-ci, on retrouve l’économiste américain Nouriel Roubini et le gestionnaire de fonds spéculatifs Jim Chanos, qui estiment tous deux que l’économie chinoise va ralentir brutalement. Selon M. Chanos, qui est l’un des rares spécialistes à avoir anticipé la chute de la compagnie Enron, la bulle immobilière chinoise est « mille fois pire » que celle observée à Dubaï.

Burton Malkiel s’est fait connaître par les investissements selon les indices, en soutenant que l’investissement actif visant à battre les indices est souvent un exercice inutile. Paradoxalement, il croit que les indices d’actions mondiales ne permettent pas actuellement d’investir suffisamment en Chine. Plusieurs grandes entreprises chinoises, détenues en partie par l’État, sont considérées comme des holdings contrôlés, et ne sont pas incluses dans les indices.

Quelle proportion de placement devrait-on détenir dans des titres chinois? « Cela doit être au moins 10 % », affirme M. Malkiel. « Cette proportion devrait sans doute augmenter avec le temps, car je crois que la Chine va devenir une économie plus grande que les États-Unis d’ici la fin de la décennie », dit l’économiste.