Finance Montréal : l’an 1 de Mario Albert

Par Jean-François Parent | 8 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les annonces se suivent, mais ne se ressemblent pas depuis que l’ex-PDG de l’Autorité des marchés financiers Mario Albert a pris la barre de Finance Montréal. Nommé à la direction générale de la table de concertation de l’industrie financière québécoise il y a un an, il fait le point sur son bilan, en entrevue avec Conseiller.

Entré en poste au printemps 2015, Mario Albert arrivait juste à temps pour conclure la dotation d’un fonds de 200 M$ pour les gestionnaires émergents et le lancement d’un pôle de recherche sur la retraite, ainsi que participer à l’établissement d’une grande banque chinoise dans la métropole… entre autres projets.

Depuis sa fondation, il y a six ans, Finance Montréal a pour mission d’« amener la communauté financière à s’impliquer dans l’industrie », explique Mario Albert.

RASSEMBLER DES RIVAUX

Rassemblant à peine une dizaine d’institutions à ses débuts, l’organisme compte aujourd’hui « 22 membres gouverneurs et 13 membres associés », se félicite-t-il. La coopération entre concurrents a permis plusieurs initiatives, comme le défunt Institut de finance mathématique, le forum Fintech sur les technologies financières, et le Forum international sur la retraite.

Il n’a pas toujours été facile de faire travailler des institutions rivales ensemble, poursuit Mario Albert. « Mais de plus en plus de gros joueurs de l’industrie sont intéressés à se joindre à Finance Montréal. »

Il prévoit ainsi plusieurs ajouts importants à sa liste de membres dans les prochains mois, notamment des assureurs.

« Industrielle Alliance est membre depuis l’an dernier, nous comptons également beaucoup de promoteurs de RVER et d’assureurs de Québec qui se disent intéressés. Maintenant, on a une vraie communauté », relate Mario Albert.

RÉDUIRE L’ÉROSION

Les bons coups de Finance Montréal ne suffisent cependant pas à endiguer ce qui s’apparente à une lente érosion de l’industrie financière québécoise. Son importance diminue lentement mais sûrement, révélait l’Institut de la statistique du Québec dans son dernier bilan de l’industrie. Tant le nombre d’emplois que la progression du PIB affichent des baisses consécutives chaque année depuis cinq ans.

« Le secteur financier vit des pressions importantes, mais il faut les mettre en contexte », affirme Mario Albert. D’abord, les services financiers offrent moins d’emplois, l’utilisation d’Internet réduisant les besoins en professionnels dans les succursales, selon lui.

Il blâme aussi un excès de nostalgie. Il est vrai que les choses allaient très bien pour l’industrie après le marasme financier de 2008, alors que le Canada connaissait des hausses d’emplois et une croissance de son PIB, mais la donne a changé partout, pour tout le monde.

« On perd des emplois, mais ceux qui demeurent sont beaucoup plus spécialisés », assure-t-il, notamment avec l’avènement des mégadonnées et des conseillers-robots, par exemple.

« Notre vigueur va se mesurer davantage par notre capacité à demeurer concurrentiels comme place financière », soutient Mario Albert. Il cite l’exemple d’autres industries, comme le secteur manufacturier, pour lequel « s’accrocher aux emplois n’a pas été très payant ».

MISER SUR LE BON CHEVAL

D’où l’importance de mettre l’accent sur des secteurs porteurs. « On essaie d’être visionnaires, de se positionner en amont des tendances », indique le directeur général.

Ainsi, Finance Montréal se penche présentement sur l’investissement responsable, en plein essor. L’organisation prévoit le lancement d’un chantier sur la question dans les prochains mois.

L’établissement d’un pôle de recherche sur la retraite l’an dernier a également été réalisé dans la même optique. Une majorité des plus importants gestionnaires de caisses de retraite au pays sont à Montréal, et les quatre universités locales alimentent l’industrie avec des candidats qualifiés, pouvant attirer des joueurs importants, générant des retombées pour toute l’industrie, souligne M. Albert.

Finance Montréal réalise présentement une étude exhaustive des gestionnaires montréalais, des portefeuillistes aux styles de gestion, en passant par les modèles d’affaires, afin de cibler des interventions qui auront un impact certain pour le développement de l’industrie.

« Il y a plus sur la planche à dessin, prévient Mario Albert. Nous allons faire des annonces dans les prochains mois. »

D’ici là, il estime que le travail abattu rapporte. En 2015, 150 nouveaux emplois ont été créés à Montréal dans le gardiennage des valeurs, la gestion et l’analyse, par exemple. Et la conjoncture actuelle, notamment la faiblesse du huard, pourrait attirer dans la métropole de grandes institutions américaines, qui tentent de réduire leurs coûts.

« Si on pouvait arriver à convaincre un ou deux gros joueurs de venir à Montréal, ça ouvrirait les vannes. Ce serait un excellent signal, pour la scène internationale, que Montréal est une destination de choix », conclut le directeur général de Finance Montréal.

À propos de Mario Albert

  • Directeur général, Finance Montréal, depuis avril 2015;
  • Conseiller au sous-ministre, ministère des Finances du Québec, 2014 à 2015;
  • Président et chef de la direction, Investissement Québec, 2013 à 2014;
  • Président et chef de la direction, Autorité des marchés financiers (AMF), 2011 à 2013;
  • Surintendant, assistance à la clientèle et distribution, AMF, 2007 à 2011;
  • Sous-ministre adjoint, ministère des Finances du Québec, 1994 à 2007.

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Jean-François Parent