Budget provincial 2019 : Québec courtise les parents

Par Christine Bouthillier | 21 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Helder Almeida / 123RF

Les familles québécoises sont au cœur du premier budget de la Coalition Avenir Québec déposé jeudi. Plusieurs mesures les touchent directement, notamment l’abolition de la contribution additionnelle pour la garde d’enfants.

Après avoir annoncé en décembre 2018 un gel temporaire de l’indexation de la fameuse « taxe famille », le gouvernement met la hache dans cette modulation des tarifs des services de garde en fonction des revenus.

À la contribution de base de 8,25 $ par jour s’ajoutait auparavant une contribution additionnelle variant de 0,70 $ à 13,90 $ selon le revenu familial pour un premier enfant. Elle était réduite de moitié pour le second et ne s’appliquait pas aux enfants suivants.

Cette mesure, établie par les libéraux, sera progressivement abolie sur une période de quatre ans. En 2022, plus personne ne paiera la contribution additionnelle, ce qui représente une réduction moyenne de la charge financière des parents de 1 200 $ par année. Notons que la contribution de base reste indexée.

« Les plus grands gagnants sont ceux qui ont un revenu familial de plus de 166 320 $. En 2022, leur contribution additionnelle de 13,90 $ par jour sera réduite à zéro, ce qui représente des économies de 3 614 $ par année pour 260 jours de garde », indique David Truong, conseiller, Centre d’expertise, Banque Nationale Gestion privée 1859, en entrevue avec Conseiller.

D’AUTRES MESURES

Parmi les autres mesures s’adressant aux familles, notons la bonification de l’exemption des pensions alimentaires pour les enfants à charge dans le calcul du revenu admissible aux programmes d’aide gouvernementaux. Les montants de pension alimentaire exemptés passeront :

  • de 100 à 350 $ par mois par enfant dans le cas des programmes d’assistance sociale
  • de 1 200 à 4 200 $ par année par enfant pour le programme d’aide financière aux études
  • de 0 à 4 200 $ par année par enfant dans le cadre du programme d’aide juridique et des programmes d’aide au logement.

Le gouvernement offrira également à tous les enfants de 17 ans et moins, dès septembre 2019, une aide de 250 $ par période de 24 mois pour l’achat de lunettes ou lentilles cornéennes.

LA TAXE SCOLAIRE UNIFORMISÉE

Le budget provincial prévoit aussi l’uniformisation de la taxe scolaire entre toutes les commissions scolaires, sous réserve de l’adoption d’un projet de loi en ce sens. Le gouvernement se donne trois ans de réduction graduelle pour arriver à un taux de taxation unique, basé sur le taux effectif le plus bas en 2018-2019. Une première baisse est prévue dès le 1er juillet 2019.

Si tous les propriétaires immobiliers doivent payer la taxe scolaire, tout changement qui y est apporté aura surtout des conséquences sur les élèves. Quelque 200 M$ seront donc versés aux commissions scolaires en 2019-2020 pour compenser cette perte de revenus.

À QUI CELA PROFITE-T-IL?

La classe moyenne, mais aussi les plus aisés, semblent directement visés par plusieurs mesures, notamment l’abolition de la contribution additionnelle pour la garde d’enfants et l’uniformisation de la taxe scolaire, qui profitera nécessairement davantage aux propriétaires dont la valeur du domicile est plus élevée.

À cela, le ministre des Finances Éric Girard a répondu en point de presse que son budget se voulait « équilibré », avec certaines mesures bénéficiant en effet aux plus aisés, mais d’autres visant directement les personnes à plus faible revenu, comme les changements à l’exemption des pensions alimentaires et la bonification de l’incitatif à la prolongation de carrière des travailleurs de 60 ans et plus.

Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.