Gérer ses finances : encore des défis pour les femmes

Par La rédaction | 14 septembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : 123rf

D’ici 2030, les femmes détiendront les deux tiers de la richesse aux États-Unis et 95 % d’entre elles seront la décideuse principale des questions financières à un moment de leur vie. Pourtant, bien des défis se dressent encore sur leur route. Des panélistes en ont discuté lors du Colloque Femmes en finances.

Selon une étude, les femmes ont plus de difficulté à atteindre le bien-être financier, rapporte Anne-Marie Monette, du Mouvement Desjardins. De plus, deux fois plus de femmes que d’hommes se décrivent comme débutantes en matière de connaissances financières.  À l’échelle mondiale, l’épargne pour la retraite des femmes est de 30 % à 40 % inférieure en moyenne à celle des hommes.

Ces données peuvent sembler décourageantes. D’entrée de jeu, la psychologue et conférencière Rose-Marie Charest rappelle toutefois le chemin parcouru. « Les femmes de ma génération ont vu leurs mères signer des chèques avec le nom de leur mari, note-t-elle. Nos grand-mères n’avaient ni compte bancaire ni chèque. Je pense qu’il faut être optimistes. »

À son avis, les rôles traditionnels de l’homme et de la femme, même s’ils sont de moins en moins d’actualité, demeurent de forts symboles qui influencent encore nos comportements. « On lit encore aux fillettes des histoires de prince charmant, illustre-t-elle. On a l’image que l’argent vient de quelqu’un d’autre, c’est associé à l’amour. L’histoire de notre survie a passé par l’amour, par le père et le mari qui subvenait à nos besoins. Ça ne fait pas assez longtemps que ça a changé pour ne pas laisser de traces. »

Plusieurs femmes ont aussi encore un malaise par rapport au pouvoir qui vient avec l’argent. « C’est à cause de la symbolique, estime Mme Charest. Les recherches disent qu’un homme qui a du pouvoir et de l’argent, c’est séduisant. Une femme, c’est le contraire. Les hommes sont attirés par les femmes à qui ils peuvent rendre service. J’aimerais vous dire que ça n’existe plus, mais c’est encore le cas. »

ET LES JEUNES?

Bien qu’elles travaillent davantage et qu’elles soient davantage éduquées que leurs aînées, les jeunes femmes tendent à entrer dans le même moule. « Une étude a montré que 61 % des femmes de la génération Y déléguaient les décisions de planification financières à leur conjoint, rapporte Sophie Paquet, de la Banque Nationale. C’est une proportion plus importante que chez les baby-boomers! » Elle conseille à ses clientes de s’intéresser à leurs finances, quitte à commencer par de petits pas comme faire son budget et payer sa carte de crédit. Et d’aller chercher de l’aide au besoin.

« On n’est pas obligé de tout faire, convient Mme Charest. Mais quand on délègue, la personne doit nous faire rapport. Il faut rester intéressée. »

COMMENT CONVAINCRE LES FEMMES?

Amener les femmes à s’occuper de leurs finances alors qu’elles en ont souvent déjà plein les bras avec le partage des tâches encore inégal n’est pas une mince affaire.

Rendre les finances personnelles plus accessibles pourrait aider les femmes à mieux les gérer, estime Jennifer McDonald, de Mylo. « C’est important quand on sait que les femmes manquent de confiance et sous-estime leurs connaissances », souligne-t-elle.

Certaines statistiques devraient également les interpeller. « Les femmes ont plusieurs défis en matière de planification de retraite, souligne Mme Paquet. Il y a d’abord la question de la longévité. On sait que les femmes ont une espérance de vie de 84 ans comparativement à 80 ans pour les hommes au Canada. Et en moyenne, les femmes vivent sept ans de plus que leur conjoint. Aujourd’hui, le salaire des femmes est toutefois encore 18 % moins élevé que celui des hommes. » La planification est donc encore plus importante pour elles.

Peut-être qu’il faudrait aussi leur parler davantage de leurs préoccupations. « Les trois enjeux les plus fréquemment cités par les femmes au sujet de leurs finances sont : manquer d’argent à la retraite, être un fardeau pour la nouvelle génération et prendre une mauvaise décision financière », affirme Mme Monette.

Mme Charest abonde dans le même sens. « Il y a des choses qui nous tiennent à cœur, comme de payer les études de nos enfants et ne pas être un fardeau pour eux. Si j’avais à vendre des produits financiers aux femmes, c’est de ça que je leur parlerais, indique-t-elle. Je pense qu’il faut tenir compte des émotions pour travailler avec elles et non malgré elles. » À bon entendeur!

La rédaction