Les marges de crédit hypothécaires pointées du doigt

Par La rédaction | 15 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Personne effectuant un achat par carte de crédit en ligne.
Photo : Pachai Leknettip / 123RF

Malgré le grand nombre de marges de crédit hypothécaires vendues, beaucoup de leurs détenteurs connaissent mal ce type de produit financier, ce qui peut leur jouer de mauvais tours, selon un rapport de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.

Intitulé Les marges de crédit hypothécaires : connaissances et comportements des consommateurs, ce document montre en effet que certaines personnes s’exposent ainsi « au surendettement, à un endettement persistant, à la prise de décisions non éclairées et à l’érosion de leur richesse ».

Basé sur un récent sondage en ligne national mené auprès de 4 800 Canadiens (voir l’encadré), il fait suite à une autre étude de l’ACFC publiée en 2017, Les marges de crédit hypothécaires : tendances du marché et questions touchant les consommateurs. L’agence fédérale y mettait notamment en garde contre certains facteurs de risque, comme la complexité des prêts hypothécaires sur valeur domiciliaire et des marges de crédit hypothécaires, le manque de connaissances et de compréhension des consommateurs par rapport à ce dispositif, ainsi que le manque d’information disponible pour les aider à en mesurer les implications pour leur avenir financier.

LES 25-34 ANS SONT LES PLUS VULNÉRABLES

Rappelant que les marges de crédit hypothécaires sont des produits de crédit renouvelables, généralement non amortis, garantis par un droit sur le bien immobilier résidentiel de l’emprunteur, l’agence fédérale souligne dans son rapport que, depuis 15 ans, la croissance de l’endettement des ménages au pays est « principalement attribuable aux marges de crédit hypothécaires, après les prêts hypothécaires ». À tel point que leur part est désormais « plus de deux fois supérieure à celle des cartes de crédit ou des prêts automobiles ».

Cette situation n’est guère surprenante, explique l’ACFC, puisque la plupart des répondants au sondage ont obtenu une note inférieure à 50 % au test de connaissances sur les modalités des marges de crédit hypothécaires. De même, les résultats révèlent que plus de 25 % des consommateurs ne paient souvent que les intérêts sur leur marge. Or, malgré cela, 62 % d’entre eux s’attendent à la rembourser complètement dans un délai de cinq ans. Une attente que l’agence juge « trop optimiste compte tenu du fait que les plus de trois millions de Canadiens qui ont une marge de crédit hypothécaire doivent en moyenne 65 000 dollars ».

Le rapport montre par ailleurs que les marges de crédit hypothécaires servent principalement à financer des rénovations, à consolider des dettes, à acheter un véhicule et à couvrir des dépenses courantes. Par ailleurs, 19 % des sondés reconnaissent avoir emprunté sur leur marge de crédit hypothécaire plus qu’ils ne l’avaient prévu. Enfin, on y découvre que les 25-34 ans sont les plus susceptibles d’être en difficulté si leurs versements mensuels augmentaient ne serait-ce que de 100 dollars.

« LES EMPRUNTEURS DEVRAIENT SE RENSEIGNER »

Soulignant que les marges de crédit hypothécaires « peuvent être risquées pour certains consommateurs », le rapport estime que « les institutions financières devraient tenir compte de la situation et des besoins financiers de leurs clients, leur communiquer tous les risques associés, et s’assurer qu’ils comprennent les caractéristiques du produit et ont des plans de remboursement réalistes ». De leur côté, ajoute-t-il, « les emprunteurs auraient avantage à être mieux informés dès le départ et à se renseigner par eux-mêmes ». L’ACFC précise en outre que l’information recueillie dans le cadre de son étude « lui sera utile pour exercer une surveillance proactive des institutions financières ».

« Les résultats de notre sondage soulignent un besoin urgent pour les institutions financières et l’Agence de sensibiliser les Canadiens aux sérieuses conséquences que peut avoir une utilisation irresponsable des marges de crédit hypothécaires sur leur bien-être financier. Sans plan de remboursement, les consommateurs risquent de rester endettés plus longtemps que prévu et de prendre des habitudes qui les plongeront dans la spirale de l’endettement », conclut Lucie Tedesco, commissaire de l’ACFC.

Un sondage national

Réalisé en ligne par l’ACFC auprès de 4 800 Canadiens, le sondage avait pour but d’« évaluer leurs connaissances et de connaître leur opinion concernant les principaux frais, les modalités et les risques associés aux marges de crédit hypothécaires ». Bien qu’il ne soit « pas représentatif de l’ensemble de la population », l’agence indique qu’« il est tout de même possible de tirer des conclusions significatives des réponses de l’échantillon » qu’elle a interrogé.

L’ACFC précise que le ménage de la majorité des répondants (52 %) disposait d’un revenu annuel de 60 000 dollars ou plus, tandis que le ménage d’un peu plus de 20 % des sondés en gagnait au moins 100 000 par an et que moins de 20 % rapportaient un revenu inférieur à 40 000 dollars. À noter que près des trois quarts des répondants (74 %) étaient propriétaires (maison, logement en copropriété ou en coopérative).

La rédaction