FNB ou fonds communs ? Un débat éclairant

14 juin 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Discussion intense lors de la Conférence Morningstar sur les placements, mercredi dernier, à Toronto. Des protagonistes ont débattu d’un sujet propice aux envolées oratoires : les fonds négociés en Bourse (FNB) sont-ils une solution de rechange valable aux fonds communs ?

La position des FNB fut défendue par Heather Pelant, directrice des fonds iShares chez BlackRock Asset Management, et par Som Seif, président de la firme Claymore Investments. Pour leur part, les fonds communs étaient « représentés » par Peter Intraligi, président et chef des opérations d’Invesco Trimark, et par Tom Bradley, président et co-fondateur de Steadyhand Investment Management.

Heather Pelant a lancé les hostilités en affirmant que les détenteurs de parts de fonds communs n’en n’ont pas pour leur argent : les ratios des frais de gestion sont trop élevés et plus de 80 % des gestionnaires actifs ne réussissent pas à battre les indices de référence. Réplique de Peter Intraligi : si les frais de gestion de gestion sont élevés, c’est parce qu’ils incluent des services fournis aux investisseurs par les conseillers. « Cela paie pour les services de planification successorale, de planification fiscale, de planification de la retraite et pour les besoins du client en matière d’assurance », a-t-il précisé.

Il a ajouté qu’au jeu des comparaisons, il fallait s’assurer de mettre côte à côte des produits similaires. En effet, quand on compare les frais, dit Peter Intraligi, les fonds communs que l’on examine sont ceux qui versent des commissions de suivi et des commissions au point de vente. Ce que l’on devrait comparer aux FNB sont les comptes à base d’honoraires (les séries F ou catégories F), car ils ont tendance à avoir des ratios de frais bien moins élevés, et ne versent pas de rémunération aux conseillers.

Pour ce qui est de la performance des deux types de produits, toutes les interprétations sont permises. Quand un FNB calque un indice, il faut vivre avec les hauts et les bas qui viennent avec. Lorsque les marchés s’effondrent, les FNB suivent. Il n’y a pas de parachute de secours qu’un gestionnaire actif pourrait déployer. Lors du krach brutal (flash crash) du 6 mai dernier, « de nombreux FNB se sont brièvement négociés au-dessous de leur valeur liquidative par part », a souligné Tom Bradley, ajoutant que les fonds communs « se prêtent mieux aux approches actives ».

Som Seif a fait remarquer que la transparence des FNB était l’un de leurs plus grands atouts. « Les FNB vous donnent une transparence absolue, au quotidien, et c’est ce que les gens veulent », a-t-il dit. De plus, ces instruments de placement conviennent davantage aux investisseurs qui veulent travailler en étroite collaboration avec leurs conseillers. C’est la raison pour laquelle la firme Claymore propose une catégorie Conseiller qui verse des commissions de suivi.

À la fin du débat, le consensus a été qu’il y avait encore assez de place sur le marché pour accommoder à la fois les fonds communs de placement et les FNB, ainsi que les deux styles de gestion, passive et active. « L’avenir, c’est la combinaison de FNB et de fonds communs dans votre portefeuille », a déclaré Heather Pelant. Elle n’a pas manqué de souligner que les FNB pourraient représenter 25 % des actifs de ceux des fonds communs au Canada d’ici la prochaine décennie.

Mais ils ont du chemin à faire : les FNB ne représentent que 6 % de ces actifs. Au 30 avril dernier, les actifs sous gestion des FNB au Canada étaient évalués à 39,5 milliards de dollars. Ceux des entreprises membres de l’Institut des fonds d’investissement du Canada se chiffrent à 620 milliards. Or, cet écart considérable pourrait se rétrécir plus vite que prévu si le Canada adopte des politiques comme celles du Royaume-Uni et de l’Australie, où les commissions seront abolies prochainement.

Tom Bradley, lui, voit d’un bon oeil la concurrence croissante des fonds communs et des FNB. « Cela va obliger les compagnies et les gestionnaires de fonds à se distinguer et à adopter une gestion différente pour devancer l’indice », prévoit-il.

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