Fonds chinois toxique

Par Ronald McKenzie | 28 janvier 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Depuis le début de l’année, un grand nombre d’investisseurs fuient les marchés boursiers, craignant notamment une déroute du système financier de la Chine.

À l’appui de cette thèse, cette nouvelle de l’Agence France-Presse (AFP) selon laquelle la société China Credit Trust serait incapable d’acquitter une échéance de 3 milliards de yuans (548 millions de dollars) sur son produit immensément populaire, le fonds Credit Equals Gold 1 Trust.

Distribué à grande échelle par ICBC, la plus grosse banque de Chine, ce fonds promettait un rendement de 10 % par an, soit bien plus que ce qu’offrent les dépôts bancaires chinois traditionnels.

« Cette situation d’une gravité inédite fait figure de test pour le système de ‘finance de l’ombre’ qui a prospéré au cœur de la deuxième économie mondiale », dit l’AFP. On parle ici de trusts, de plateformes de crédit en ligne et d’établissements de microcrédit qui se seraient multipliés hors du contrôle des régulateurs, alimentant une envolée des prêts mais aussi des dettes contractées par les gouvernements locaux.

Selon l’agence de notation financière Moody’s, la « finance de l’ombre » pesait en 2012 quelque 4 800 milliards de dollars américains, plus de la moitié du PIB de la Chine.

Pour ce qui est du fonds Credit Equals Gold 1 Trust, la China Credit Trust l’a vendu à partir de 2010 à travers les branches d’ICBC. Ce fonds apportait du financement à Zhengfu Energy, dans la province du Shanxi (nord). L’ennui, c’est que ce groupe minier spécialisé dans le charbon n’a jamais obtenu de permis pour exercer ses activités et son propriétaire a été interpellé par les autorités en 2012.

« ICBC et Credit China Trust ont creusé un trou, l’ont dissimulé avec une couche de paille et nous ont demandé de sauter dessus », ironise Gao Yigang, qui a investi dans ce fonds presque 500 000 dollars de ses économies familiales.

« Désormais, il apparaît que notre argent n’a pas été utilisé pour les véritables activités du groupe minier. C’était une fraude pure et simple élaborée pour combler un énorme déficit », a-t-il indiqué à l’AFP.

Selon l’AFP, plus d’une soixantaine de sociétés chinoises d’investissement vendent des produits financiers similaires au fonds Credit Equals Gold 1 Trust. On fait miroiter des rendements élevés tout en minimisant les risques associés à de tels placements, ce qui ravive le spectre des « obligations pourries » hautement spéculatives dans les pays occidentaux.

La banque ICBC a assuré n’avoir aucune responsabilité directe dans le produit incriminé. Elle invite les épargnants à « tirer des leçons de cet incident » et à être mieux conscients du risque « la prochaine fois qu’ils investiront ».

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Ronald McKenzie