Fonds communs : les frais ne peuvent que diminuer

Par La rédaction | 14 août 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Morningstar Canada relance (encore) le débat sur les frais des fonds communs de placement, qui sont censés être plus élevés au Canada que partout ailleurs dans le monde.

Plutôt que de faire sa propre démonstration chiffrée, Morningstar Canada fonde ses arguments cette fois sur les données d’une étude de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) qui cherche à montrer que les fonds canadiens ne coûtent pas aussi cher qu’ils en ont l’air de prime abord.

« Ce qui est au cœur de l’argumentation de l’IFIC, c’est que les fonds canadiens combinent les frais de gestion (qui reviennent aux sociétés de fonds) avec les coûts de distribution (qui reviennent aux conseillers). Ignorant le fait que ces arrangements soient communs dans l’Europe toute entière (où les frais de gestion des fonds avoisinent en moyenne 80 points de base et les frais perçus par les conseillers, un autre 80, pour une moyenne d’environ 1,6 %) et se déploient dans les parts de série C aux États-Unis, l’IFIC avance que cela élimine la possibilité de comparer les fonds canadiens à ceux des autres pays», analyse Morningstar Canada.

L’IFIC prétend que les frais des fonds canadiens, qui surpassent les 200 points de base, sont grosso modo égaux à ceux des fonds américains si l’on part d’une hypothèse de 80 points de base en frais de gestion aux États-Unis, plus 100 à 150 points de base en frais de conseillers extérieurs aux fonds.

« Une fois de plus, si l’on ignore le fait que les fonds de série C aux États-Unis n’ont pas des frais aussi élevés et que les investisseurs américains peuvent choisir de ne pas payer de frais de conseillers plus facilement que les investisseurs canadiens, c’est assez juste », admet la firme d’information financière.

Là où ça devient intéressant, c’est dans la répartition des frais des fonds canadiens citée par l’IFIC lui-même. En effet, au Canada, un manufacturier type de fonds communs perçoit 120 points de base pour lui-même et paie au conseiller 80 points de base, pour un total de 2 % en frais.

Le marché canadien dominé par quelques gros joueurs

Cette pratique soulève deux questions :

1. Pourquoi les sociétés canadiennes de fonds prélèvent-elles des frais de 50 % supérieur à ceux de tous les gestionnaires de fonds partout au monde?

2. Pourquoi les conseillers canadiens sont-ils payés un tiers moins cher que leurs homologues américains?

« Au Canada, le marché est dominé par quelques grosses institutions de gestion d’actifs. Ayant le contrôle de la situation, il est prévisible qu’elles prennent une grosse part du gâteau pour elles-mêmes et n’en attribuent qu’une plus petite aux conseillers qui vendent les fonds », répond Morningstar Canada.

Aux États-Unis, on constate le contraire. Les gestionnaires d’actifs y sont légion et comptent sur des manufacturiers à bas prix, comme Vanguard. « Le pouvoir de fixation des prix est donc dispersé », note Morningstar Canada. Ce sont les courtiers et les conseillers qui ont le contrôle, et ils ont saisi l’occasion d’accroître leurs parts et de pousser à la baisse la part attribuée aux gestionnaires.

Des frais insoutenables

À l’époque actuelle caractérisée par des rendements faibles, des frais de 2 % sont un fardeau très lourd à porter. Une pression à la baisse est probable, et les protagonistes qui l’ont évitée jusqu’à présent, dont les sociétés canadiennes de fonds, ne pourront échapper à cette tendance, croit Morningstar Canada.

Pour les gestionnaires canadiens, c’est déjà en train de se produire. « Les ventes de FNB explosent sur ce marché et vont assurément s’accaparer des parts de marché. Tôt ou tard, une génération de clients qui a été séduite par des conseillers promouvant l’utilisation de produits à coûts modiques créera probablement des clients qui commenceront à appliquer la même logique à ce qu’ils versent à leur conseiller », anticipe la firme.

À mesure que les actifs des clients augmenteront et que la balance des pouvoirs passera aux clients, ils exigeront de payer leurs frais en dollars, pas en points de base.

« Les frais en vigueur ne fonctionnent pas dans la conjoncture actuelle, surtout pour les clients les plus fortunés et les plus désirables. En fin de compte, même les protagonistes qui ont à ce jour réussi à résister à la pression sur les frais pour leurs services en baissant le coût des services complémentaires devront s’adapter », souligne Morningstar Canada.

Dans 20 ans, prévoit-elle, il ne sera pas question que les gestionnaires de fonds canadiens puissent faire payer plus de 1 %.

À lire : Une campagne originale de Vanguard aux États-Unis

La rédaction