Gestionnaires en direct – Sommes-nous tous devenus des Japonais?

Par La rédaction | 10 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Close-up shot of wavy Japanese flag

L’expérience du Japon, pris au piège du ralentissement depuis deux décennies, est-elle en train de se répéter en Amérique du Nord ? C’est l’hypothèse qu’étudie Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de la CIBC.

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« La grande question de cette période d’après-récession n’est pas le nombre de pourcents de croissance qu’atteindra le PIB dans les prochains trimestres. La grande question est plutôt : à quel point l’économie mondiale a-t-elle changé ? », dit M. Tal.

Selon lui, l’économie actuelle se caractérise par sa « limite de vitesse réduite », pour de nombreuses raisons. Il cite en exemple le Japon, qui se bat depuis 20 ans avec un cycle déflationniste, et tente encore aujourd’hui de stimuler l’économie avec des politiques inflationnistes.

« Notre crainte collective est que lentement mais sûrement, sans même nous en rendre compte, nous sommes en train de devenir des Japonais. Je pense que oui, mais dans une version allégée », affirme Benjamin Tal.

Le Japon traverse une « crise profonde » dûe à une absence d’immigration et à un vieillissement irréversible de la population. Il est très difficile pour son économie de croître et de générer un momentum. Sa banque centrale a même établi des taux d’intérêt négatifs dans l’espoir de stimuler l’économie, « même si c’est très difficile à réaliser », explique l’expert.

« Mais l’Amérique du Nord traverse une crise plus douce. À mesure que les boomers vieillissent, la capacité de croissance de l’économie est réduite. Là où on parlait auparavant de 4% de croissance, il faut maintenant s’en tenir à 2,5%. C’est la limite de vitesse de l’économie. Bien sûr, l’immigration et d’autres forces démographiques vont amoindrir les effets négatifs, mais la tendance reste claire : plus les gens partent à la retraite, plus le potentiel de croissance s’affaiblit », poursuit Benjamin Tal.

Dans ce contexte, comment investir ?

« Nous devons nous ajuster à un environnement où les investissements décroissent et la productivité ralentit », conclut l’expert. « Les gens qui ont aujourd’hui entre 20 et 25 ans sont stoppés jusqu’à ce que les boomers partent à la retraite ; c’est une génération perdue, avec un chomage et un sous-emploi substantiels. Ce sont eux qui paient le prix pour la période de transition entre une économie en croissance de 4% et la nouvelle qui plafonne à 2,5%. »

La rédaction