Guerre hypothécaire : les coops de crédit défient les banques

Par Yves Rivard | 11 juin 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Selon les dernières nouvelles du front de la guerre des taux hypothécaires, les coopératives de crédit auraient joint les rangs. Bénéficiant de l’absence de régulation fédérale dans leur créneau, celles-ci ont décidé de défier les banques en offrant des taux aussi bas que 2,69 %. Chronique d’une conquête annoncée ?

Un article du Financial Post du 9 juin rapporte que la coop étatsunienne DUCA Credit Union a lancé un service de courtage en la matière, il y a six semaines, service qui financerait des taux à 2,79 %, et que certains courtiers offriraient même à 2, 69 % en sacrifiant une partie de leur commission.

À un tel taux quinquennal, rapporte le journaliste Garry Marr, les banques seraient incapables de suivre, citant BMO qui a lancé une offensive plus tôt cette année à 2,99 %, et Banque de Nouvelle-Écosse qui a visé juste sous ce seuil à 2,97 % pour les mêmes conditions.

DUCA, qui garantit son taux contre les fluctuations moyennes du marché, base ses opérations sur le plan quinquennal d’obligations du gouvernement du Canada, duquel émergent les taux hypothécaires. À ce jour, DUCA bénéficierait d’une couverture de 115 points de base, et emploierait des actuaires pour les vérifications comptables et des spécialistes pour contrer la fraude.

Comme le souligne Rob McLister, éditeur de Canadian Mortgage Trends, ce nouveau joueur aurait déjà un impact senti et ressenti : « Les courtiers publient ces offres sur les sites de comparaison, ce qui n’échappe pas aux consommateurs, qui demandent alors aux banques de concurrencer cette offre, sous peine d’avoir recours aux services en ligne. »

Et si pour l’heure ce marché Internet ne représenterait qu’une infime partie du marché global, celui-ci pourrait connaître une hausse significative à l’avenir en répondant spécifiquement aux attentes des consommateurs et des détenteurs d’actions. Garry Marr souligne que si les coopératives de crédit ne détiennent que 7 % du marché du prêt résidentiel (dixit la Centrale de coopératives de crédit canadienne), le fait que celles-ci ne soient pas soumises aux règles du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) pourrait changer la donne, citant à preuve l’exemption à la règle des prêts hypothécaires aux acomptes de moins de 20 %, qui inclut des méthodes et pratiques précises au sujet de l’information relative aux prêts, aux revenus et au calcul d’endettement.

En contrepoint, l’article cite aussi Peter Routledge, analyste rattaché à la Banque nationale, qui souligne que les coopératives de crédit offrant des prêts hypothécaires nécessitant une assurance-prêt se retrouveraient toujours sous la réglementation fédérale, les compagnies telles que Canada Mortgage and Housing Corp étant réglementées par le BSIF.

Autres avantages des coops sur les banques mentionnés : des contrats permettant des amortissements plus longs, des remises en argent autorisés en guise de paiement et le partage de dividendes pouvant influer à la baisse sur le taux hypothécaire en vertu des remises en argent.

À lire : • Groupe Investors offre un taux hypothécaire inférieur à 2 %La BMO réduit son taux hypothécaire sur 5 ans à moins de 3 %

Yves Rivard