4 erreurs de placement à éviter

4 novembre 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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C’est connu, les investisseurs eux-mêmes sont bien souvent leur pire ennemi en matière de placements. Ils croient que les tendances d’hier vont se répéter demain, ils sont convaincus d’avoir toutes les aptitudes requises pour avoir du succès, ils réagissent trop vite ou trop lentement aux nouvelles informations, etc.

Un nouveau champ de la science analyse ces comportements qui vont souvent à l’encontre des propres intérêts des investisseurs, note Morningstar Canada. Il s’agit de la finance comportementale.

« Les théoriciens dans ce domaine mêlent finance et psychologie pour identifier des caractéristiques humaines profondément ancrées qui entravent la réussite dans les investissements », explique la firme d’information financière. En effet, la finance comportementale peut aider à identifier et à corriger certains comportements qui finissent par coûter cher aux investisseurs.

Notamment, elle a repéré quatre erreurs courantes à éviter.

1. S’appuyer sur le passé pour évaluer l’avenir. En termes scientifiques, on appelle cela la « distorsion de l’extrapolation ». Au lieu d’accomplir toutes les tâches de recherche rébarbatives, mais nécessaires, pour juger de la pertinence d’un éventuel placement, les investisseurs ancrent leurs attentes de l’avenir dans un passé récent. Le problème, bien sûr, est qu’hier ne peut prédire de quoi demain sera fait. Enivrés par les promesses de la « nouvelle économie », les boursicoteurs qui ont fait le plein d’actions point.com au début 2000 alors que la bulle était à la veille d’éclater peuvent témoigner que la distorsion de l’extrapolation peut coûter très cher. « Autant garder cela à l’esprit si les grands acteurs de ces dernières années vous attirent, que ce soient les marchés émergents ou les métaux précieux. La volatilité récente dans ces domaines nous rappelle que le passé ne garantit pas le rendement futur », prévient Morningstar Canada.

2. Surestimer ses connaissances. Plusieurs études démontrent que les investisseurs qui ont trop confiance en eux multiplient les transactions, car ils pensent en savoir davantage que la contrepartie avec laquelle ils négocient. Or, c’est un piège, car cette attitude fait fi de la loi de la moyenne. Des chercheurs de l’Université de Californie ont observé 66 000 ménages qui faisaient affaire avec des courtiers exécutants entre 1991 et 1996. Ils ont constaté que les personnes qui transigeaient à répétition (taux de rotation mensuel supérieur à 8,8 %) avaient dégagé des résultats nets annualisés de 11,4 % durant la période. En revanche, ceux qui ont été inactifs ont généré 18,5 %. L’écart défavorisant les investisseurs actifs provenait en grande partie de l’addition des commissions de suivi, qui ont eu un impact négatif significatif sur leurs gains.

Évidemment, si les investisseurs actifs avaient remplacé leurs titres vendus par d’autres meilleurs, ils auraient pu gagner gros. Mais, loi de la moyenne oblige, leurs nouvelles acquisitions avaient tendance à sous-performer les titres qu’ils avaient cédés. Et si l’on ajoute les frais de transaction dans la balance, le rendement global est encore moins reluisant. « Ne rien faire est souvent la meilleure stratégie », constate Morningstar Canada.

3. Vendre trop rapidement les titres gagnants. Et, par ricochet, conserver trop longtemps les titres perdants. La vaste majorité des conseillers connaissent ce travers séculaire de leurs clients, qui peut leur faire perdre des sommes considérables. « Voilà pourquoi il vaut la peine, d’entrée de jeu, d’avoir des raisons bien définies en tête pour l’achat de n’importe quel placement. Si vos attentes ne se réalisent pas, c’est le moment de vendre », recommande Morningstar Canada.

Les investisseurs qui veulent éviter de commettre ce type d’erreur mentale lorsqu’ils achètent et vendent des titres doivent suivre une politique de placement strictement élaborée. Celle-ci doit inclure un rééquilibrage périodique, mais pas trop fréquent, des actifs. Il s’agit alors de vendre une juste quantité de titres gagnants afin d’éliminer les traînards. Cette approche prudente permet de maintenir un portefeuille diversifié tout en réduisant le risque. Des rééquilibrages trop fréquents peuvent restreindre les gains potentiels. C’est pourquoi il faut rééquilibrer le portefeuille lorsqu’il ne correspond plus aux répartitions cibles. « Diverger un peu de vos objectifs n’est pas grave, mais quand vos affectations viennent à dépasser de plus de 5 à 10 points de pourcentage votre plan d’origine, il est temps de délester.»

4. Se concentrer sur des titres individuels. Un grand nombre d’investisseurs s’attardent à la performance de quelques-uns des titres qui composent leur portefeuille, au lieu de considérer le rendement des actifs considérés dans leur ensemble. Cela peut être dommageable. Si la diversification est globalement adéquate, le portefeuille n’affichera pas de grandes fluctuations d’un jour à l’autre. Toutefois, la valeur de chacun des titres individuels peut monter et descendre de manière spectaculaire. L’investisseur qui examine son portefeuille avec un microscope consacre alors un temps précieux à tenter de comprendre le comment du pourquoi d’un tel comportement. Il omet alors de prendre du recul, perd de vue l’ensemble ses avoirs et finit par prendre des décisions irréfléchies.

Morningstar Canada conclut son exposé en citant le légendaire Warren Buffett : « Il n’y a pas de corrélation entre la réussite dans les investissements et le quotient intellectuel, une fois que ce dernier est supérieur à 25. Si vous avez une intelligence ordinaire, ce dont vous avez besoin est d’un tempérament vous permettant de contrôler les impulsions qui causent du trouble aux autres dans les placements. »