5 mythes sur le REER déboulonnés

Par La rédaction | 29 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Deux chroniqueurs du Financial Post s’inquiétaient récemment du désintérêt de bien des Canadiens pour le REER comme outil d’épargne-retraite. D’où vient ce désamour? Probablement de la croyance en l’un de ces cinq mythes!

1- LE MYTHE DU SIMPLE REPORT D’IMPÔT

Un récent sondage réalisé début janvier par Angus Reid Forum pour CIBC auprès de 1 523 Canadiens indique que 39 % des répondants pensent qu’il ne sert à rien de cotiser à un REER, puisqu’ils devront de toute façon payer de l’impôt sur les sommes retirées lorsqu’il aura été converti en FERR. C’est oublier l’importance de la déduction de la cotisation.

En effet, si le taux d’imposition est le même pour l’année de la cotisation et l’année du retrait, le REER fournit alors un taux de rendement à l’abri de l’impôt sur la cotisation nette, selon le chroniqueur. Un rendement encore plus élevé si le taux d’imposition à la retraite est plus faible que lors de la cotisation.

Le chroniqueur donne un exemple simple. Imaginons qu’un investisseur dont le taux d’imposition marginal sera de 33,33 % l’année de la cotisation et l’année du retrait. Il investit 3 000 $, à 5 % de rendement. À la fin de l’année, son investissement vaut donc 3 150 dollars. S’il le retire immédiatement, il encaissera 2 100 $ net (3 150 $ – 33,33 % d’impôt).

S’il avait investi dans un compte non enregistré, il aurait d’abord payé 1 000 $ d’impôt. Il n’aurait donc investi que 2 000 $. Après un an, son investissement vaudrait 2 100 $. En l’encaissant à la fin de l’année, il devrait payer 17 $ de taxe (100 $ de gain en capital x 33,33 % x 50 $ de taxe sur le gain en capital). Il lui resterait donc 2 083 $. La différence ne semble peut-être pas énorme, mais sur des montants plus élevés et sur plusieurs années, elle peut être fort importante.

2- CROIRE EN D’AUTRES SOURCES DE REVENU

À peine plus de la moitié (51 %) affirment en outre que le REER figurera parmi leurs principales sources de revenu à la retraite. La question qui se pose alors est simple : mais quelle autre source de revenu pourrait bien leur procurer plus d’argent? Si de rares chanceux pourront compter sur un régime de pension à prestations déterminées et indexées à l’inflation de l’employeur, ces régimes deviennent de plus en plus rares à l’extérieur de la fonction publique.

Le CELI? demande Jonathan Chevreau. Plus des deux tiers des répondants (67 %) le croient plus utiles que les REER car les retraits n’en sont pas imposables. Fort bien. Mais le CELI ne permet pas de déduire la cotisation. De plus, cet outil n’a que dix ans d’âge, les cotisations annuelles sont limitées à 5 500 $ et la cotisation cumulée est limitée à 57 500 $. Difficile de croire que le CELI fournira la plus grosse partie des revenus de retraite des baby boomers.

La règle de base veut qu’un REER soit généralement un meilleur choix qu’un CELI si vous estimez que votre niveau d’imposition sera plus bas lors de votre retraite. Dans certains cas, il est vrai que le CELI peut être une meilleure option, notamment pour ceux dont le taux d’imposition sera plus élevé à la retraite (c’est le cas de nombreux jeunes travailleurs). Toutefois, il est douteux de penser que le CELI permettra d’accumuler suffisamment pour financer la retraite. Il s’agit plutôt d’un outil complémentaire.

L’épargne non enregistrée? Là, notre chroniqueur se retient pour ne pas pouffer de rire. Ces investissements ne donnent pas droit à une déduction d’impôt et les dividendes, revenus d’intérêt et gains en capital sont tous taxables. Il n’y a aucun intérêt à détenir des investissements dans des comptes non enregistrés à moins d’avoir maximisé ses cotisations au REER et au CELI.

3 – MIEUX VAUT REMBOURSER SES DETTES D’ABORD

C’est vrai pour ce qui est des dettes assorties de forts taux d’intérêt, comme les cartes de crédit. Difficile de trouver un investissement fournissant un taux de rendement garanti après impôt de 19,99 %!

Toutefois, pour des dettes à plus faible taux d’intérêt, comme une hypothèque à bas taux, un prêt étudiant ou autre, c’est une erreur de sacrifier l’épargne-retraite pendant des années pour accélérer le remboursement. L’impact sur la qualité de la retraite peut s’avérer très négatif.

4 – PAS ASSEZ D’ARGENT POUR COTISER À UN REER

Celui-là, le chroniqueur du Financial Post ne l’achète pas du tout! Il rappelle que même une cotisation modeste, mais régulière, à un REER peut permettre d’accumuler une jolie somme.

Il donne l’exemple d’un investisseur qui verse 100 dollars par mois dans un REER entre 30 ans et 65 ans, à un taux de rendement de 5 %. En 35 ans, il accumulerait plus de 114 000 $, soit l’équivalent de 9 100 $ de revenu brut supplémentaire par année pendant 20 ans.

5 – L’IMPÔT AU DÉCÈS

La règle veut que la valeur marchande des REER et FERR au moment du décès soit incluse dans le revenu déclaré lors de la dernière déclaration de revenu et imposée au taux marginal qui était celui du défunt lors de l’année de sa mort. Cela en fait rechigner plusieurs.

Certaines exceptions permettent de différer l’impôt en faveur d’un conjoint survivant ou même d’un enfant ou petit-enfant dépendant financièrement du défunt.

DES CONSEILLERS BOUDÉS…

Pour bien faire comprendre cela aux épargnants, les professionnels du conseil financier ont un rôle important à jouer. Mais difficile de le faire quand on sait que, toujours selon le sondage de CIBC, seulement 35 % des Canadiens vont chercher l’aide d’un conseiller.

Un Canadien sur cinq préfère s’en remettre aux conseils de la famille et des amis et trois sur dix s’arrangent tout seul. Pas étonnant alors de constater que quatre Canadiens sur dit ne feront pas de cotisation à un REER cette année et que deux autres Canadiens sur dix hésitent à le faire.

La rédaction